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Rentrée 2020 : «Le tout numérique ne sert pas à apprendre à lire et écrire»


Le syndicat d’enseignants SEW/OGBL est venu fustiger ce vendredi les priorités du ministre Claude Meisch pour la rentrée scolaire. Au lieu de se focaliser sur le virage numérique, l’école devrait davantage prévenir le décrochage scolaire, un risque qui s’est «dramatiquement aggravée» en raison du confinement.

Le dialogue de sourds se poursuit. Le SEW/OGBL n’épargne pas le ministre de l’Education nationale, dont le seul objectif serait de «se mettre en scène», de «faire de la propagande» et de «soigner sa propre image». «On n’a pas de compréhension qu’il consacre une majorité de son temps et use de l’énergie de ses services pour se profiler. On se croirait en campagne électorale. Mais cela n’intéresse en rien les enseignants», résume Patrick Arendt, président du syndicat d’enseignants, en «perte de motivation».

L’optimisme affiché par le ministre Claude Meisch ne correspondrait pas à la réalité du terrain. «Il vend toutes ses initiatives comme de grands succès. Mais le fossé entre sa communication publique et l’apport réel des mesures est de important», fait encore remarquer Patrick Arendt. Un exemple : le confinement et les longues semaines d’enseignement à distance n’auraient fait qu’aggraver les inégalités dans l’école. «Le risque du décrochage scolaire s’est dramatiquement aggravé. Les retards accumulés par les élèves les plus faibles n’a en rien pu être comblé», estime le président du SEW/OGBL. Claude Meisch ferait mieux «d’analyser avec les acteurs du terrain les problèmes qui existent, de trouver ensemble des solutions et de les transposer sur le terrain».

Pénurie d’enseignants diplômés

Le syndicat dit constater que les lacunes au niveau des fondamentaux sont importants. Le phénomène aurait déjà été bien présent avant le déclenchement de la crise sanitaire. Au lieu de se focaliser sur cette problématique, le ministre vanterait désormais le «fameux coding». «La digitalisation n’est pas une solution miracle. Le tout numérique ne sert pas à apprendre à lire et à écrire», fustige Patrick Arendt. L’offensive pour réussir le virage numérique «n’est pas vraiment nécessaire» dans cette situation précaire.

Alors qu’un appui plus appuyé serait nécessaire, de plus en plus d’enseignants diplômes disparaissent du circuit. Les problèmes de recrutement restent, eux aussi, importants, que ce soit dans le fondamental ou dans le secondaire. «Nous revendiquons que tous les enseignants ayant intégré les équipes de spécialistes reviennent sur le terrain. Ils sont censés soutenir les enseignants, mais en réalité ils ne cessent d’enchaîner des réunions et se perdent dans des procédures administratives», déplore le président du SEW/OGBL.

«Il est essentiel de revenir à un plus de normalité»

Les échos émanant de l’enseignement secondaire sont un brin plus conciliant. «En ce moment, nous sommes majoritairement d’accord avec les mesures proposées par le ministre. Il est essentiel de revenir à un plus de normalité», avance ainsi Jules Barthel, vice-président du SEW/OGBL. Mais comme dans le fondamental, l’offensive numérique est remise en question. «Nous ne nions pas le besoin de préparer les jeunes à l’ère numérique. Or le meilleur équipement en matériel informatique n’apporte aucune plus-value pédagogique. Il faut enfin développer un concept global», insiste Jules Barthel.

David Marques

 

 

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