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Réfugiés : «Grand H» donne la parole à ceux qui s’engagent


Pour réaliser Grand H, Frédérique Buck a fait appel à 15citoyens et professionnels engagés auprèsdes demandeurs de protection internationale au Luxembourg. (Photo : sven becker»)

Réalisé par Frédérique Buck et projeté en salles à partir de cette semaine, le film Grand H met en avant l’engagement de citoyens et de professionnels auprès des demandeurs de protection internationale.

«En décembre, je ne dormais plus la nuit. J’étais éprouvée, mal et inquiète.» Fondatrice de la campagne «I’m not a refugee», membre du comité de coordination Ronnen Dësch ou encore cofondatrice de l’initiative citoyenne Oppent Haus – Open Home, Frédérique Buck s’interroge : «La manifestation des Irakiens déboutés devant la direction de l’Immigration (NDLR : le 22 décembre), les discours de certains politiques européens… J’étais tiraillée entre la raison et le cœur. Intitulée « Quid du droit moral à l’asile? », la lettre ouverte dans le Wort, au même moment, du psychiatre Paul Hentgen a été un déclencheur. Je l’ai appelé. Il a su mettre des mots sur mes interrogations.»

Elle se lance dans son projet de film, dont l’objectif est «de donner la parole à celles et ceux qui accompagnent les demandeurs d’asile de manière personnelle ou professionnelle». Elle contacte une quinzaine de personnes. Tous acceptent. Il y a des citoyens comme Dolfie Fischbach, qui a accueilli des demandeurs de protection internationale chez elle, des professionnels comme le psychiatre Paul Hentgen, l’anthropologue Abdu Gnaba ou Cassie Adélaïde, coordinatrice de projets au sein de l’ASBL Passerell, qui crée, entre autres, du lien social entre les résidents et les demandeurs de protection internationale.

Le ministre de l'intérieur Jean Asselborn intervient aussi dans le film.

Le ministre de l’intérieur Jean Asselborn intervient aussi dans le film.

«Ils bougent des montagnes»

«Ce sont toutes et tous des personnes qui bougent des petites et grandes montagnes tous les jours, affirme la réalisatrice de 45 ans. Je les interroge sur le pourquoi, le pour quoi et les limites de leur engagement auprès des demandeurs d’asile. Tous livrent dans le film des discours mesurés et sensés et empreints d’une certaine émotion.» Le ministre des Affaires étrangères et européennes, de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, intervient également dans Grand H. «Il a tout de suite dit oui et sans aucune condition, indique Frédérique Buck. Il est humaniste et peut dire « merde alors » à Matteo Salvini (NDLR : le ministre italien de l’Intérieur) et en même temps il incarne le système de l’asile. Il est aussi déchiré entre sa fonction, ses responsabilités et son humanité.»

Au final, Grand H «est un message d’humanité» selon sa réalisatrice. Ce film choral aborde, outre l’engagement de citoyens et de professionnels, différents thèmes comme l’attente et l’incertitude liée à la procédure de demande de protection internationale, le refus de la protection internationale et ses conséquences, l’échec de la politique migratoire européenne, le conflit entre le système administratif de gestion des flux et l’humanité…

«Tous les témoignages m’ont touchée, avance Karolina Markiewicz, enseignante en classe d’accueil et qui intervient dans Grand H. Ce film fait un état des lieux de la situation des demandeurs de protection internationale. Il est juste et important.» Et le film amène les spectateurs à réfléchir et à discuter de la question.

Grand H sera projeté à partir de jeudi à l’Utopia (18, avenue de la Faïencerie à Luxembourg) : une séance par jour.

Guillaume Chassaing

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