Le patronat a officiellement pris position, jeudi, par rapport à la réforme fiscale annoncée par le gouvernement. Dans son avis, l’UEL estime que le gouvernement est resté trop «timide» dans les mesures annoncées. L’attrait fiscal du pays risque d’en pâtir, redoute le camp patronal.
L’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) a rejoint, jeudi, le camp de ceux qui estiment que la réforme fiscale préparée par le gouvernement va dans la bonne direction tout en indiquant qu’il reste encore de la marge pour faire mieux. «Malgré de bonnes initiatives, les entreprises restent en attente» : c’est ainsi qu’est intitulé le premier avis officiel du patronat sur les mesures dévoilées lundi.
L’UEL ouvre son avis en saluant la «réforme généreuse pour les ménages». Ce serait avec l’aval des entreprises que les mesures en faveur d’une augmentation du pouvoir d’achat auraient été prises. «Pour l’instant, l’UEL ne peut qu’espérer que les mesures généreuses pour les ménages auront effectivement un impact positif sur l’économie locale», indique le camp patronal dans son avis.
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Autre bonne nouvelle aux yeux de l’UEL : l’effort consenti en faveur des PME. Des mesures comme la fiscalité allégée pour les petits bénéfices est «salué expressément» par le camp patronal. La facilitation prévue de la transmission d’entreprise à une nouvelle génération est également saluée par l’UEL. L’allègement fiscal temporaire sur les plus-values immobilières devrait finalement aider à «dynamiser le marché immobilier et à contrebalancer partiellement le récent relèvement de la TVA sur l’immobilier», avance l’UEL.
Malgré ces efforts positifs, le camp patronal reste cependant sur sa faim en ce qui concerne la fiscalité des entreprises. La réforme serait «insuffisante pour maintenir l’attractivité pour les investisseurs étrangers». L’action du gouvernement dans ce domaine resterait «homéopathique» et trop «timide».
Un «poison pour l’investissement»
«Par manque de prévisibilité à propos des initiatives de l’OCDE et de la Commission européenne sur l’harmonisation de la base fiscale, le gouvernement s’est retenu d’abaisser le taux d’imposition de l’IRC (NDLR : impôt sur le revenu des collectivités) au niveau des pays en concurrence directe avec le Luxembourg. La réduction annoncée du taux de l’IRC est insuffisante pour sortir le Luxembourg de la seconde moitié des tableaux comparatifs de l’OCDE», souligne l’UEL. Le résultat serait une «insécurité fiscale» faisant figure de «poison pour l’investissement».
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«Dans une économie ouverte comme celle du Luxembourg, seule une politique fiscale compétitive et capable d’attirer des investisseurs étrangers permettra au gouvernement de disposer à l’avenir des moyens nécessaires pour proposer aux ménages un environnement fiscal généreux», insiste le camp patronal.
L’UEL affirme rester en attente «d’une vraie réforme fiscale pour les entreprises qui redonnera au pays un attrait fiscal compétitif, le tout en accord avec l’exigence accrue de transparence et de justice fiscale». Un pas dans cette direction serait aussi la fusion de l’IRC, de l’ICC (impôt commercial communal) et de l’ISF (impôt sur la fortune). Le but serait d’«offrir aux personnes morales un taux global unifié, dans un souci de simplification administrative et d’attrait fiscal».
David Marques