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Rail et route en Lorraine : Bausch négocie gros à Paris


La ministre française a posté cette photo sur Twitter : «[...]Mobilisés pour améliorer la mobilité au quotidien des travailleurs frontaliers.»

Gouvernements luxembourgeois et français négocient en vue du séminaire de Paris. Visiblement, il y a du lourd sur la table pour cofinancer le transport.

Elle est intrigante, cette photo de François Bausch publiée jeudi soir sur le fil Twitter d’Élisabeth Borne… la ministre des Transports française! «Une préparation» du
séminaire franco-luxembourgeois des 19 et 20 mars, apprend-on. Une rude négociation plutôt! Les tractations vont bon train pour faire bouger les lignes de la coopération transfrontalière. Visiblement, il y a du lourd sur la table… Tour d’horizon des scénarios.

Encore un petit sommet?
Les Conférences intergouvernementales («CIG») sont légion. On se sert la main devant le drapeau européen et on prend une photo. Si ça se trouve, la CIG de Paris accouchera d’une souris. D’ailleurs, elle a été requalifiée en «SIG» : séminaire intergouvernemental. Un rendez-vous plus mineur. Pourtant, deux sources du plus haut niveau de l’État, l’une française l’autre luxembourgeoise, nous laissent entendre que les «choses vont bouger…»

Les raisons de croire que ça va bouger…
Les blocages politiques deviennent dangereux entre le Luxembourg et la Lorraine, notamment sur le transport. Les frontaliers lorrains représentent environ un quart des actifs du Luxembourg! Inversement, toute une partie de la Lorraine vit sous perfusion du Grand-Duché. Pourtant, les retours d’argent public (on ne parle pas des salaires) n’existent pas : la Lorraine peine donc à financer les infrastructures nécessaires et le Luxembourg se montre réticent au financement de projets en dehors du territoire.
Mais François Bausch est du voyage à Paris. Que peut concéder le ministre en charge des Transports? Quelques millions pour des parkings relais à Longwy et Hettange-Grande? Ça ne serait pas à la hauteur.
Plusieurs centaines de millions d’euros? C’est l’échelle que nous donne une source luxembourgeoise, mais que le ministère ne souhaite ni confirmer ni infirmer. Du côté français, un haut responsable finit par lâcher : «Plusieurs dossiers sont en négociation. Et le chiffre diffère selon qu’il y a un delta… Les négociations vont bon train au vu des montants colossaux.»

Cofinancement sur le rail… et la route?
Selon nos informations, on s’oriente vers des projets de cofinancement État luxembourgeois/État français. Le rail serait principalement visé (ligne Metz-Luxembourg?), mais la route aussi. On ne parle pas de la RD16… mais plus volontiers de l’A31 et de cette fameuse troisième voie à construire entre Thionville et Luxembourg. Qui va signer quel chèque? Impossible de lancer des pronostics au doigt mouillé. L’État luxembourgeois assurait, il y a deux semaines encore, qu’il ne financerait pas l’A31 bis côté français. Argument de négociation bien calculé? Wait and see…
Du côté des élus lorrains, on reste très attentiste. Après avoir poussé Paris à des négociations fermes au vu du déséquilibre économique croissant avec le Luxembourg, les responsables hésitent : «Plusieurs centaines de millions d’euros? Ça serait le début d’un vrai codéveloppement, glisse l’un d’eux. Reste que ça ne pourra pas prendre la forme d’un chèque. On le voit bien, même sans parler de compensation fiscale (NDLR : qui serait de l’ordre de 140 millions d’euros par an sur le modèle frontalier de Genève), il faut la création d’un fond commun.»

Un autre élu doute. «Une cagnotte sur un seul projet? Je suis dubitatif. Il faut un cadre commun entre nos deux pays. Les Luxembourgeois n’ont pas à décider avec leur argent les investissements qui sont bons pour eux chez nous.» Bons pour eux? «Si c’est uniquement l’histoire de doubler les voies de train, ce n’est pas que pour les frontaliers… il y a aussi un enjeu vital au niveau du fret pour le Luxembourg.»
Et de conclure : «Il ne s’agit pas de contester le leadership du Luxembourg. Il s’agit de construire une vraie logique de codéveloppement pour amplifier ensemble cette dynamique formidable. Pas de dire : « Je vous donne cet argent pour faire ça ici ».»

Hubert Gamelon.

Un commentaire

  1. Yves CLÉMENT

    La seule solution qui vaille à moyen terme est le PRT (Personal Rapid Transit) représenté par le projet Supraways http://www.supraways.com
    La troisième voie de l’A31 bis est une pure utopie, la preuve est la réponse du ministère des transports français qui a admis, suite à la question du sénateur MASSON, qu’il y aura lieu de détruire et reconstruire les 14 ouvrages d’art entre Florange et la frontière, ce que la DREAL a toujours refusé d’admettre.
    Quant à la voie ferroviaire, c’est du très long terme, 20 / 30 ans et à cette époque que sera devenue l’économie luxembourgeoise en 2050 ? Sauf, boule de cristal, bien malin sera celui qui ferai le pronostic.
    En attendant, des solutions comme le covoiturage, le télétravail peuvent être des solutions palliatives, mais que ne feront que limiter l’évolution du nombre de travailleurs pendulaires.