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Prostitution : la lutte contre la traite priorisée


Un client qui abuse d'un(e) prostitué(e) mineur(e), vulnérable ou victime d'exploitation risque de lourdes poursuites. (illustration archives Hervé Montaigu)

Les partis de la majorité ont voté mardi en faveur d’une réforme du cadre légal sur la prostitution. Fustigée par le CSV, cette nouvelle loi constitue néanmoins une nouvelle avancée dans la politique sociétale.

S’il y a bien un domaine où le gouvernement sortant tire son épingle du jeu politique c’est bien la politique sociétale. Mardi, le ministre de la Justice écolo a obtenu la majorité nécessaire pour mettre en place un nouveau « modèle luxembourgeois » dans le domaine de la prostitution. La priorité est de lutter contre la traite des êtres humains

C’est un « débat émotionnel » que la Chambre des députés a mené mardi après-midi. Ce terme a été employé par la jeune députée socialiste Taina Bofferding, très engagée pour la cause des femmes. L’élue eschoise a aussi parlé d’un débat « subjectif ».

Le terme « objectif » n’est cependant pas tombé et pour cause. À l’instar d’autres sorties souvent trop tendancieuses, le CSV a une nouvelle fois provoqué la colère de la majorité gouvernementale, mardi. Cette fois, il est revenu à Gilles Roth, député-maire de Mamer, de mettre le feu aux poudres.

En cause : une disposition du nouveau cadre légal qui permettre à l’avenir à la police de perquisitionner des habitations privées mais aussi des cafés et autres localités s’il existe un soupçon que la prostitution y est pratiquée.

Le compromis trouvé après un très long bras de fer législatif dans cet épineux dossier est que la police doit obtenir le feu vert du parquet avant d’intervenir. Au départ, cette disposition n’était pas prévue, mais le ministre de la Justice, Félix Braz (déi gréng), a finalement cédé aux critiques pour rééquilibrer son texte.

Roth (CSV) met le feu aux poudres

Mais cela n’est pas suffisant aux yeux des conservateurs du CSV. « La sphère privée doit être protégée à tout prix. La porte d’entrée des gens doit rester sûre. Ce qui se passe derrière ne regarde pas l’État », a ainsi clamé Gilles Roth.

Cette critique a fait sortir de sa boîte le ministre de la Justice, pourtant toujours très calme et serein. « Vous devez choisir : soit vous voulez lutter contre la traite des êtres humains ou pas. La voie que nous avons choisi nous permettra de mieux lutter contre l’exploitation des femmes les plus vulnérables », a-t-il souligné, soutenu par la ministre de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch (LSAP).

Une autre ministre à l’Égalité des chances, en l’occurrence Françoise Hetto-Gaasch (CSV), avait entamé lors du dernier gouvernement CSV-LSAP les travaux pour déboucher sur une réforme de la loi sur la prostitution.

Sans pourtant finaliser un texte de loi, qui a été relancé et finalisé par le gouvernement formé depuis décembre 2013 par le trio DP, LSAP et déi gréng. Le « modèle luxembourgeois » qui régira désormais la prostitution au Grand-Duché est un compromis.

Le fait que le nouveau texte ne légalise ni la prostitution et ne charge pas non plus lourdement les prostitués et/ou leurs clients a également suscité des critiques au Parlement. Déi Lénk s’est finalement décidé à ne pas voter la réforme.

ADR et déi Lénk disent non

L’ADR aurait souhaité une « décriminalisation » de la prostitution. Les priorités du gouvernement sont cependant autres : il souhaite lutter plus efficacement contre le proxénétisme et offrir aussi des passerelles aux prostitués souhaitant quitter le milieu et lancer une nouvelle vie.

L’Adem et plusieurs services sociaux sont prêts à soutenir les femmes concernées sur ce terrain. « Car il ne faut pas croire qu’une seule prostituée fasse ce boulot de gaieté de cœur », a conclu la députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer (DP).

David Marques