Déi Lénk tire à boulets rouges sur le gouvernement. Le parti politique a dressé jeudi son bilan de l’année parlementaire écoulée de manière très critique.
Le constat de déi Lénk est sans appel : le gouvernement vivrait de politique électoraliste et de faux compromis pour satisfaire les trois partis politiques qui le composent, ce qui donnerait lieu à des mesures trop ou pas assez fortes, voire inadaptées à la situation. Quant aux députés de la majorité, ils oublieraient leur rôle de contrôle du gouvernement et d’orientation du débat politique.
Il y aurait donc quelque chose de pourri au royaume de Xavier Bettel. «Comme l’a dit Alex Bodry dans une interview de 2018, la coalition n’a plus de projet commun. Les douze derniers mois en ont été la preuve, a noté Marc Baum. Le gouvernement et le Parlement ont passé l’année à faire des faux compromis.» Déi Lénk, elle, prône le dialogue entre partenaires. «Tous les gouvernements doivent faire des compromis, mais on a rarement eu autant l’impression comme avec ce gouvernement que la politique se fait au bazar. Si un des partenaires obtient quelque chose, alors l’autre demande une contrepartie.» Impossible alors d’avancer sur les dossiers importants. L’immobilité serait reine.
Selon les représentants du parti présents au Sang a Klang à Luxembourg-Pfaffenthal, les trois partenaires de coalition auraient manqué d’ambition à la rédaction du programme gouvernemental et ne parviendraient pas à s’entendre autour d’un but commun ou d’une direction à suivre en raison des valeurs différentes que chacun d’eux portent. Se réunir autour d’un but commun autoriserait les bons compromis. «Ils ne résoudront pas les crises avec des instruments issus de l’économie de marché, mais avec des instruments de planification, estime Marc Baum. Ces instruments de l’économie de marché ne sont pas la solution. Ils sont une partie du problème.»
Myriam Cecchetti qui, avec Nathalie Oberweis, ont repris le flambeau de David Wagner et Marc Baum à la Chambre des députés en mai dernier, va plus loin. Pour elle, «il ne faut pas que les trois partis coalisés se brouillent, s’ils veulent obtenir un troisième mandat dans deux ans. Il ne s’agit plus que de pouvoir et d’avoir une place au prochain gouvernement» au détriment des citoyens.
«Le faux compromis, une méthode de travail»
Le résultat de cette politique des consensus mous aurait été particulièrement visible dans la gestion de la pandémie de Covid-19, notamment dans la gestion de la crise dans les maisons de soins et de repos pour personnes âgées. Marc Baum fustige l’inactivité de la ministre de la Famille, Corinne Cahen, et critique «cette manière de rejeter la responsabilité de la crise sur le ministère de la Santé ou les opérateurs de ces établissements». «La politique des faux compromis est devenue une méthode de travail pour le gouvernement», indique-t-il.
Elle laisserait libre cours à une crise sociale et à la croissance des inégalités, selon Nathalie Oberweis qui illustre ses propos avec la crise du logement. «Le nouveau Pacte logement n’est pas une réponse adéquate à cette crise. Les uns n’auront pas plus accès à un logement décent qu’avant et les autres continuent à investir et à s’enrichir, estime la députée fraîchement en poste. «Où est le changement de paradigme promis ?» Autres exemples de faux compromis : l’absence de taxation de logements vides et de terrains à bâtir inoccupés, de plafonnement des loyers ainsi que de gel des loyers et des déguerpissements demandés par déi Lénk.
En matière d’écologie et de protection du climat aussi, déi Lénk a relevé des cafouillages et un certain immobilisme. «On veut sauvegarder la nature et on va construire des contournements qui traversent des zones Natura 2000 comme à Hesperange ou à Bascharage, s’anime Myriam Cecchetti qui remet en question leur utilité. Il ne suffit pas, comme le fait ce gouvernement, de mettre une veste verte pour être écologiste.»
Le gouvernement serait également à côté de la plaque en matière de politique d’imposition. Le système actuel provoquerait davantage de problèmes qu’il n’en réglerait et renforcerait la crise sociale, explique David Wagner qui préconise une taxation plus importante des revenus des personnes à revenus importants pour une meilleure répartition des richesses.
Déi Lénk, habituée au banc de l’opposition, est critique et préoccupée par la direction que prend le Luxembourg dans un certain nombre de domaines. Elle espère qu’en continuant de mettre le doigt là où cela fait mal et à jouer le rôle de poil à gratter du gouvernement, les électeurs s’enticheront et leur permettront de prendre davantage de place.
Sophie Kieffer