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Politique : les jihadistes privés de papiers


Le gouvernement prévoit de retirer les passeports et cartes d’identité aux individus désireux d’aller combattre en Syrie ou en Irak aux côtés du groupe État islamique.

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Le Luxembourg s’engage sur la voie choisie notamment par l’Allemagne pour prévenir le recrutement de jeunes jihadistes. Le retrait jusqu’à un an de la carte d’identité fait partie des mesures. (Photo : archives Le Quotidien)

Il y a ceux qui craignent un « Patriot Act » mondial, à l’image de la loi votée en réaction aux attaques du 11-Septembre, limitant les droits civiques aux États-Unis (principalement au niveau des passeports pour ceux qui voudraient s’y rendre). Et puis, il y a ceux, majoritaires, qui pensent qu’il est temps d’opposer au terrorisme une réponse globale.

Hier, à la Chambre, la Commission juridique, présidée par Viviane Loschetter (déi gréng), s’est penchée sur le premier de trois projets de loi en tout, déposés par le ministre de la Justice, Félix Braz, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Dépôt qui, comme tient à le souligner la présidente de la Commission, a eu lieu « avant » l’attentat contre Charlie Hebdo.

Quoi qu’il en soit, le resserrement des politiques autour de la lutte contre le terrorisme auquel a donné lieu cet évènement, signifie pour le Luxembourg qu’il devra s’interroger à son tour sur la façon dont il va répondre aux exigences du Conseil de sécurité de l’ONU, dont il a approuvé la résolution 2178.

Car le terrorisme, du moins celui qui touche l’Europe, ne ressemble plus, depuis un moment déjà, à celui du début des années 2000. Il ne s’agit plus (ou plus seulement) d’un terrorisme islamiste qui, du dehors, vient frapper au cœur les démocraties européennes. Le fascisme ambulant de l’État islamique actif sur les territoires syriens et irakiens est un terrorisme de plus en plus ouvertement nihiliste, qui appelle « islamisme » son désir brut d’extermination.

D’où son succès formidable auprès de certains jeunes Européens entre 15 et 35 ans, hypnotisés par la mise en scène spectaculaire, hollywoodienne de l’abjection, telle qu’elle est librement accessible sur le net et qui sert à recruter des combattants qui, de retour de leur tourisme funeste au Moyen-Orient rêvent de revenir en « terre infidèle », pour mourir sous les balles de l’État qui les a vus naître.

Le projet de loi discuté hier porte sur la mise en œuvre de « certaines dispositions de la résolution 2178 » dont il sera d’ailleurs question à l’occasion du Conseil européen des ministres de la Justice à Riga.

Comme l’a expliqué Viviane Loschetter au Quotidien, ces dispositions visent à pénaliser « l’incitation au terrorisme, sur la place publique mais aussi au sein d’un groupe par exemple ». Tout dépendant du champ plus ou moins « suspect » dans lequel se meut une personne, combiné à d’autres « indices » ou activités suspectes.

> Un effort de prévention

Cette résolution, sous peine de sanctions, enjoint les pays membres à empêcher les individus soupçonnés de faire partie des combattants terroristes étrangers de passer la frontière, d’empêcher et d’interdire leur financement, de les poursuivre en justice, mais aussi, et cela mérite d’être noté, d’essayer de réhabiliter et de réintégrer ceux parmi eux qui souhaiteraient retourner à une vie normale. La résolution vise à empêcher quiconque de recruter, organiser, transporter ou équiper ceux qui vont à l’étranger pour s’entraîner ou se battre.

Les mesures proposées par le ministre de la Justice prévoient aussi de rendre possible le retrait jusqu’à un an du passeport ou de la carte d’identité pour empêcher certains individus de se rendre en Syrie ou en Irak – pourvu qu’elles ne détiennent pas la double nationalité… Selon le ministre, cette mesure empêcherait aussi leur retour, ce dont il est permis de douter.

De notre journaliste Frédéric Braun


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