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Politique anti-austérité au Luxembourg : l’OGBL veut aller plus loin


L'OGBL, emboitant le pas à certains partis de l'opposition, n'est pas satisfaite du plan de redressement sur toute la ligne. Mais reste dans une approche constructive (Photo d'archives : Didier Sylvestre).

Le syndicat numéro 1 du Grand-Duché salue la volonté du gouvernement de ne pas « soumettre le pays » à une politique d’austérité pour remonter la pente de la crise, contrairement à l’après 2018. Mais souhaiterait que les mesures de protections sociales aillent plus loin.

Le syndicat salue le projet de budget 2021 déposé par le ministre des Finances Pierre Gramegna, où l’on ne retrouve aucune augmentation d’impôt qui « minerait le pouvoir d’achat des tranches de la population à faible et moyen revenus », à « l’exception notable » du maintien d’une taxe carbone. L’OGBL salue également le discours sur l’état de la nation prononcé par Xavier Bettel mardi. On sent une certaine concorde nationale, puisque le premier ministre libéral a concédé la nécessite d’un « Etat-providence fort ».

L’OGBL souligne toutefois les limites des mesures proposées, « insuffisantes au regard de la gravité de la situation sociale « . Nous tentons de lister les reproches suivants :

• Chômage partiel : en prolonger la possibilité n’est pas suffisant. Il faut qu’il soit conditionné à certaines garanties sociales : les indemnités ne doivent par exemple pas être inférieures au salaire social minimum.

• Compensations sociales de l’introduction d’une taxe carbone : des crédits d’impôts dégressifs vont être mis en place. Mais l’OGBL déplore qu’à partir d’un revenu annuel imposable de 80 000 euros, les administrés ne puissent plus bénéficier d’aucune compensation. Le syndicat rappelle que le salaire moyen est autour de 65 000 euros annuels au Luxembourg. Par ailleurs, faire subir la taxe à des administrés qui n’ont pas la main sur leur mode de chauffage, comme les locataires, est injuste. L’OGBL demande, soit d’exclure le mazout et le gaz naturel de la taxe carbone, soit d’introduire un dispositif de remboursement à l’attention des ménages en location.

Sur le même registre, les primes que le gouvernement va attribuer pour moins de pollution (mobilité électrique ou efficacité énergétique) devraient être soumises à un principe de progressivité.

• Augmentation de 10% de l’allocation de vie chère : elle n’avait plus été adaptée depuis 2009. C’est au final un « ajustement modeste », estime l’OGBL. Il n’y a par ailleurs aucune raison de la présenter comme une « compensation sociale en lien avec l’introduction de la taxe carbone », pointe l’OGBL en mettant en lumière un tour de passe-passe de communication.

• Abolition du régime des stock-options : le gouvernement veut le supprimer et l’OGBL applaudit, estimant ce privilège injuste. Mais le syndicat déplore la probable introduction d’un « autre régime fiscal préférentiel » pour les très hauts-revenus, « sous forme cette fois-ci de primes participatives, qui semble malgré tout très similaire ».

• Logements : le gouvernement reconnaît qu’il existe bien une « spéculation tangible dans le secteur foncier et immobilier au Luxembourg » : un point d’accord avec le syndicat. Le gouvernement a annoncé une taxation beaucoup plus forte des fonds d’investissements spécialisés qui jouent sur ce terrain. Il faudra « en analyser la portée », explique l’OGBL avec prudence. Quoiqu’il en soit, le gouvernement n’entend pas mettre plus de logements sociaux sur le marché selon le syndicat, car « les objectifs sont largement insuffisants ». Des contraintes pour exiger plus de logements abordables sur les communes ne sont pas à l’ordre du jour non plus. Le phénomène Not in my back yard n’en sera que consolidé, semble suggérer le syndicat.

Le syndicat énumère encore quelques points d’accroches. Mais rien sur le transfrontalier à proprement parler, notons-le, alors que les sujets de crise sont nombreux (quid de la formation du personnel hospitalier, ressources amoindries des communes où résident les frontaliers avec la crise alors qu’ils nourrissent ce budget 2021 comme les résidents etc.) De façon assez habituelle, la relation qu’il faudrait avoir avec les pays voisins, pourvoyeurs de presque 50% de la main d’œuvre luxembourgeoise, n’est pas vraiment un sujet, ni dans un camp, ni dans un autre.

Hubert Gamelon

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