Accueil | Politique-Société | Plan «Neistart Lëtzebuerg» : l’État met le paquet

Plan «Neistart Lëtzebuerg» : l’État met le paquet


Éviter les faillites et les licenciements reste la priorité du gouvernement. (illustration Fabrizio Pizzolante)

C’est un programme d’aides ambitieux et « solidaire » qu’ont détaillé vendredi matin le ministre de l’Économie, Franz Fayot, et le ministre des Classes moyennes et du Tourisme, Lex Delles.

Comme annoncé mercredi par le Premier ministre, le gouvernement a lancé le paquet «Neistart Lëtzebuerg» visant à soutenir financièrement les secteurs économiques les plus touchés par la crise. Ce plan de 700 à 800 millions d’euros doit également accélérer la transition vers une économie plus durable. C’est ce qu’ont rappelé les ministre Fayot et Delles lors de leur conférence de presse, en présentant les aides aux investissements dont vont bénéficier les entreprises du pays.

D’une manière générale, Franz Fayot s’est « réjoui » du maintien du mécanisme de chômage partiel appelé à devenir structurel, « pour poser les jalons de la relance » du tissu économique luxembourgeois. Pour cela, plusieurs instruments compléteront le pacte de stabilisation mis en place au début de la crise sanitaire. Si le ministre sait que le pays subit « une récession considérable qui entraînera moins de croissance l’année prochaine », il se refuse à « reculer » sur les investissements qui doivent permettre aux entreprises de « se moderniser et mieux se structurer ».

« Digitalisation et durabilité »

Ces instruments mis en œuvre par le gouvernement serviront à tous les secteurs impactés par la crise. A la recherche, par exemple. « Quatre demandes sérieuses ont été faites et soutenues », indique Franz Fayot, « et six pourront être financées ». Au commerce et à l’industrie, forcément. « Deux priorités » ont été fixées pour une économie circulaire basée sur « la digitalisation et la durabilité ».

Concrètement, des aides à l’innovation sur les processus de production seront octroyées aux PME et grandes entreprises, à hauteur de 50%. Celles qui afficheront une politique énergétique plus respectueuse de l’environnement seront également soutenues à 50% (10 à 20% pour l’industrie). L’acquisition de nouveaux équipements fera aussi l’objet d’un financement de 20 à 30% de l’investissement (25% pour les petites structures, 20% pour les grandes), avec des tranches supplémentaires de 20% prévues. Autant d’aides directes non soumises à remboursement, insiste le ministre, estimées à 800 000 euros sur une enveloppe totale de 30 millions d’euros selon les plafonds établis par l’Union européenne sur la base d’un apport de 15%. Les projets pourront d’ailleurs être déposés jusqu’au 1er décembre. En ce sens, le gouvernement lancera dès la semaine prochaine un programme stratégique d’accompagnement avec Luxinnovation, porté à 50% par le ministère de l’Économie.

Fort de ce travail effectué « de manière ciblée et solidaire », Franz Fayot se dit confiant à l’heure de ce nouveau départ du Luxembourg qui s’appuie en outre sur « un socle économique solide, des investissements sains ».

« Sept fois plus d’aides pour les classes moyennes »

Un plan de relance ambitieux porté également par le ministre des Classes moyennes et du Tourisme, Lex Delles. A ce jour, 100 millions d’euros ont déjà été payés, soit « sept fois plus d’aides pour les classes moyennes qu’habituellement », souligne-t-il. Les entreprises seront encore soutenues durant six mois pour se doter de davantage de liquidités et de marge de manœuvre. Les indépendants ont eux-aussi bénéficié de deux aides de l’ordre de 5 millions d’euros. « Il ne s’agit pas seulement d’éteindre l’incendie, mais d’aider à moyen et long terme », répète Lex Delles. Il entend ainsi « ne pas tuer dans l’œuf les nouvelles idées » et les initiatives jusqu’alors contraintes.

Concernant les secteurs à l’arrêt, entre autres restauration, hôtellerie, campings, voyagistes, événementiel, un fonds de relance de solidarité a été créé pour un montant de 200 millions d’euros pendant six mois. Là encore, il s’agit d’une aide directe non remboursable par plafonds en fonction de la taille des sociétés, de 1 250 euros par mois par salarié en activité, 250 par salarié au chômage partiel. Le but étant de faciliter au plus vite les réouvertures. Par ce mécanisme, les entreprises ne pourront licencier plus d’un quart de leurs salariés pour raisons économiques.

Pour les commerces de détail, jusqu’à 250 salariés (salons de coiffure et d’esthétique, artisanat…), qui ont dû fermer du 15 mars au 15 mai ou qui ont vu leur chiffre d’affaires amputé de 50%, ils seront soutenus à hauteur de 50 000 euros maximum sur trois mois.

Enfin, la reprise n’est possible que si la consommation repart. Lex Delles espère « retrouver la confiance des clients » qui passe notamment par des conditions sanitaires optimales. Signe encourageant et indicateur de la mobilisation nationale : la plateforme letzshop.lu a quasiment doublé sa fréquentation (de 250 à 400 clients) et des milliers de commandes ont été passées dans les boutiques du pays. Le ministre a conclu en évoquant brièvement le bon de 50 euros pour une nuitée dans un établissement luxembourgeois, à destination des résidents et frontaliers, destiné à encourager le tourisme local.

Un bon paquet de nouvelles mesures donc, qui devrait limiter la casse et renforcer l’édifice économique ébranlé. En tous cas, le chemin est balisé pour retrouver la voie de la prospérité.

Alexandra Parachini