Le LCGB a, comme l’OGBL, aussi dû renoncer à la fête du 1er Mai. C’est seul, face à une caméra, que son président a prononcé un discours consacré aux répercussions sociales attendues du coronavirus.
Chômage, faillites, récession et autres conséquences socioéconomiques… Le tableau dépeint par le LCGB de ce qui nous attend après la crise du coronavirus est sombre. «Le coronavirus a causé la plus grave crise globale depuis la Seconde Guerre mondiale», a estimé Patrick Dury, le président du syndicat, dans son discours du 1er mai. Discours prononcé face caméra et diffusé en ligne.
Les temps sont durs, mais le syndicat a la culture de la lutte et des lendemains qui chantent chevillée à son ADN. Ainsi la crise est un défi, mais elle est également «créatrice d’opportunités par l’introduction de nouveaux outils et mesures dans l’intérêt des salariés, qui remédient aux conséquences de la crise et améliorent de façon active le fonctionnement futur de notre société et de notre monde du travail».
Pas question de délaisser les salariés. Déjà, le syndicat veut protéger leur santé et celle de leur famille ainsi que sauvegarder leurs existences. Pour éviter que la société ne soit laminée par les conséquences d’une éventuelle crise économique et sociale qui succéderait à la crise sanitaire, le LCGB a mis au point «une série de revendications pour assouplir les répercussions de cette crise économique globale».
À commencer par faire du chômage partiel un instrument anticrise. «Le chômage partiel doit, dans la mesure du possible, éviter tout licenciement et par conséquent être maintenu pour une période prolongée après la fin de la crise sanitaire», estime le président du LCGB. Pour maîtriser ses répercussions sociales, le LCGB propose «un ajustement de l’indemnité à 90 % du salaire plafonnée à cinq fois le salaire social minimum».
Le syndicat redoute que le patronat ne profite de cette crise
Les droits des salariés devront également être renforcés en cas de plan social ou de faillite. Ils devront notamment pouvoir bénéficier dès le premier jour de l’indemnité de chômage. Cette mesure devra s’accompagner de la création d’une cellule de reclassement nationale afin que les salariés qui ont perdu leur emploi lors de cette crise puissent rapidement être transférés dans d’autres entreprises.
«Ainsi, les salariés pourraient être protégés des répercussions sociales du chômage, surtout celui de longue durée», indique Patrick Dury, «Et la main-d’œuvre pourrait être déviée des secteurs en décroissance vers des secteurs qui relèvent à court terme des besoins accrus. Il faudra également réfléchir à lancer des travaux d’utilité publique pour gérer tout éventuel sureffectif de personnel dû à la crise.»
Le syndicat ne s’arrête pas là et revendique également l’abandon de la limite de 78 semaines de maladie. Un vieux cheval de bataille du LCGB qui en remet une couche en assurant que «le comportement des responsables dans ce dossier est simplement cynique et nullement justifiable».
Autres revendications : un ajustement du salaire social minimum pour «garantir à tous les salariés un revenu supérieur au seuil de risque de pauvreté», la création d’un cadre légal nécessaire au développement des outils digitaux afin «de garantir l’implémentation durable du télétravail comme méthode de travail alternative» et un renforcement du dialogue social de la part du patronat «par une politique contractuelle adaptée et progressive pour consolider les emplois, renforcer le pouvoir d’achat et fortifier la protection de la santé».
Le LCGB redoute que le patronat tente «de profiter de cette crise en imposant la semaine de 60 heures ou en remettant en question des acquis bien établis».
La lutte contre le virus continue
En attendant que le gouvernement et le patronat répondent à ses attentes, le syndicat encourage les salariés et leurs familles à la prudence face au virus et au respect des mesures de distanciation sociale en vigueur. Le déconfinement progressif ayant débuté, le LCGB a soumis des revendications au gouvernement et au patronat en ce sens, dont «des règles compréhensibles pour des conditions de travail sûres pendant la pandémie, la mise à disposition du matériel de protection comme les masques, les gants et les gels désinfectants, ainsi que le strict contrôle des nouvelles règles de comportement».
L’accueil a été favorable et un règlement grand-ducal confirme notamment le droit de retrait pour le salarié en cas de non-respect des mesures de protection, une des revendications principales du syndicat qui considère «qu’on ne peut en aucun cas jouer avec la santé des salariés pendant cette phase actuelle très importante de déconfinement». C’est la raison pour laquelle le syndicat souhaite que les salariés puissent subir un dépistage du virus avant de retourner travailler après une absence prolongée.
Dans l’immédiat et pour clore ce traditionnel discours de la fête du Travail, Patrick Dury appelle «à un effort solidaire de toute notre société. Il nous faut plus d’équité sociale afin de pouvoir nous retrouver renforcés à l’issue cette crise».
Sophie Kieffer