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Pas de profs pour le bac !


Pas moins de 1500 enseignants ont démissionné des commissions d’examen, hier, en réaction aux mesures d’économies dont ils sont la cible. Un coup dur pour le gouvernement.

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Les enseignants dénoncent en particulier le futur coefficient réducteur, à cause duquel les heures de cours non prestées durant les examens des classes terminales ne seront désormais plus rémunérées. (Photos : archives LQ)

Si rien ne change, il n’y aura pas d’enseignants lors des épreuves du bac cet été, avertit la quasi-totalité des fonctionnaires concernés qui craignent une dégradation de leurs conditions de travail et de leurs salaires.

Les enseignants du secondaire ont transformé leurs menaces en actes : ils boycotteront les examens du diplôme de fin d’études secondaires. Hier, la quasi-totalité des enseignants, membres effectifs ou suppléants des commissions d’examen, ont en effet présenté leur lettre de démission au ministre Claude Meisch.

Soit 1 500 lettres signées par les enseignants de 28 lycées, rapporte le bureau de coordination des comités des enseignants de l’enseignement secondaire et de l’enseignement secondaire technique.

Ils sont par ailleurs soutenus « par la grande majorité de leurs collègues susceptibles d’être appelés à assurer le remplacement des enseignants démissionnaires », écrit le bureau.

Une désertion qui remet purement et simplement en cause la tenue de l’examen de fin de cycle. Les enseignants démissionnaires font ainsi monter la pression dans le bras de fer qui les oppose au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse.

Si, de son côté, l’intersyndicale (Apess, Feduse et SEW/OGBL) n’appelle pas à la démission collective, elle s’associe aux comités d’enseignants pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une triple peine. Car aux mesures d’économies annoncées en octobre dans le cadre du paquet d’avenir, et qui touchent les enseignants à la fois comme contribuables et comme fonctionnaires, s’ajoutent «des mesures d’austérité à leur seul égard», en particulier l’introduction d’un coefficient réducteur dans le calcul de la tâche des titulaires des classes terminales.

> Pas de travail, pas de rémunération

Ce coefficient réducteur prévoit en effet qu’à partir de la rentrée 2015, les leçons non prestées ne seront plus rémunérées. Cela concerne les huit semaines d’examens des classes terminales (1ère et 13e), de mi-mai à mi-juillet, durant lesquelles les cours ne sont pas dispensés.

Une mesure « forcément discriminatoire et tout à fait inadmissible » écrit le bureau des comités des enseignants, qui prédit « une dégradation des conditions de travail des titulaires des classes terminales, (qui) entraînera inévitablement une baisse de la qualité d’enseignement et d’encadrement ». Par ailleurs, l’introduction du coefficient réducteur irait de pair avec « le non-pourvoi de 74 postes d’enseignant à temps plein, ce qui signifie en clair la perte de 74 postes de travail pour les futurs jeunes enseignants ».

Sans oublier, évidemment, l’impact financier, or le ministère a annoncé des mesures compensatoires. Il propose par exemple de revoir à la hausse les forfaits de correction par copie d’examen, « afin de mieux refléter la durée du travail investi par les enseignants ».

> La perte d’un mois de salaire brut

Des compensations balayées en bloc par le bureau de coordination des comités des enseignants. Le 1er décembre dernier, il avait ainsi déclaré que la « hausse des indemnités pour certains types de prestations effectuées par les commissions d’examen ne pouvait en aucun cas contrebalancer les pertes de rémunération bien supérieures qu’entraînerait l’application du coefficient réducteur », qui est une « attaque frontale » contre la rémunération des enseignants, et dont le manque à gagner pourrait « même dépasser la perte d’un salaire mensuel brut ».

« Cela est d’autant plus révoltant, renchérit l’intersyndicale, que les enseignants ont été les seuls à avoir déjà contribué à alléger la situation financière de l’État en 2007, en acceptant des détériorations de leur carrière sans contreparties ». Et de faire remarquer que le ministère « continue de créer de nouveaux postes au niveau de sa propre administration tout en demandant aux enseignants engagés devant leurs classes de faire des sacrifices ».

Les comités d’enseignants prient donc le gouvernement de « rétablir la paix scolaire et sociale en faisant cesser les attaques récurrentes contre le personnel enseignant », et en renonçant au coefficient réducteur. L’intersyndicale fait de même et « invite tous les enseignants à se montrer solidaires, après l’action des comités des professeurs, avec les actions futures menées par l’intersyndicale contre les mesures d’économie ». Bref, ce n’est que le début…

De notre journaliste Romain Van Dyck

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