Les services et associations qui viennent en aide aux personnes sans domicile poursuivent leur travail jour et nuit pendant les fêtes. Si la Wanteraktioun offre un refuge à des centaines de bénéficiaires, certains sans-abri préfèrent encore la rue.
En plein cœur de l’hiver, les services et structures d’accueil d’urgence sont tous mobilisés pour venir en aide aux personnes sans abri, de jour comme de nuit. En 2020, ce sont 4 278 personnes qui ont pu bénéficier d’une mesure d’accueil soutenue par le ministère de la Famille. Un chiffre qui a quadruplé ces neuf dernières années, selon la ministre Corinne Cahen, interrogée récemment sur le sujet par le député pirate Marc Goergen.
Sur le terrain, les sept collaborateurs du service Premier appel qui interviennent de nuit en urgence auprès des personnes sans domicile, constatent tout au long de l’année le besoin accru en place d’hébergement : «Nous n’avons pas de foyer propre donc nous sommes forcés de composer avec seulement trois lits mis à disposition pour nous dans des foyers gérés par des associations partenaires», explique Nelson Dos Reis, responsable du service au sein de l’ASBL Inter-Actions.
Si, durant l’hiver, la Wanteraktioun facilite le travail de l’équipe, en réduisant considérablement le nombre de personnes à la rue, dès la fermeture au printemps, tout se complique : «On ouvre notre standard à 17 h, et parfois, à peine trente minutes après, on a déjà une liste de sept ou huit personnes qui n’ont aucun refuge pour la nuit», déplore-t-il.
Malgré tout, certaines personnes refusent de dormir en foyer. Pour elles, l’équipe de Nelson Dos Reis met tout en œuvre : «C’est difficile à croire, mais c’est bien la réalité. Des sans-abri que nous rencontrons n’adhèrent pas à la Wanteraktioun et ne veulent pas y mettre les pieds. Certains ne supportent pas de devoir se plier à des règles, d’autres trouvent ça trop grand. On leur fournit sacs de couchage, nourriture, couvertures.»
Mis en place en 2017, le service Premier appel a apporté une aide d’urgence à plus de 2 500 personnes jusqu’ici. Et il n’y a aucun profil type : «Ce sont des gens qui perdent tout et se retrouvent à la rue, des étrangers qui sont seuls sans savoir à qui s’adresser, des marginaux de longue date, mais aussi des toxicomanes, des personnes alcooliques ou des femmes et des hommes qui ont été mis à la porte de chez eux», détaille le responsable.
1 461 bénéficiaires de la Wanteraktioun
En accueillant toute personne à la rue sans condition, la Wanteraktioun, gérée par la Croix-Rouge, Caritas et Inter-Actions, assure une mission cruciale pendant les mois de grands froids, voire un peu plus désormais puisque en raison de la pandémie de covid, la campagne a été prolongée jusqu’en juin ces deux dernières années.
Une décision indispensable, comme le montrent les chiffres : si en 2018/2019, l’action d’hiver a pris en charge 773 bénéficiaires, ils étaient 784 la saison suivante sur la même période, puis 452 entre avril et juin, et en 2020/2021, ils étaient 818 de décembre à mars, puis encore 643 au printemps, soit 1 461 lors de la dernière campagne.
Pour le moment, la prolongation pour cette saison n’est pas à l’ordre du jour, indique Roberta Dragonu, la coordinatrice de terrain pour Inter-Actions, ajoutant que les équipes constatent une augmentation de la fréquentation du foyer de jour, alors que l’hébergement de nuit, lui, reste stable, avec une nette diminution de la présence de femmes. «Des services spécifiquement dédiés au public féminin ont ouvert récemment, cela peut être une explication», indique la coordinatrice.
Le foyer de nuit de la Wanteraktioun compte 250 lits dans un bâtiment inauguré il y a deux ans au Findel. «Jusqu’ici, nous n’avons encore jamais atteint la capacité maximale», précise Roberta Dragonu, qui ajoute que le plus grand défi pour les équipes reste de trouver des solutions pérennes pour chacun, avant la fermeture du foyer chaque saison. «C’est un important travail de suivi social qui est mené, mais malgré nos efforts, on n’y arrive pas avec tous les bénéficiaires», regrette-t-elle.
En complément de ces services, le ministère de la Famille indique qu’un projet est en cours pour créer une structure d’hébergement dédiée aux personnes âgées sans domicile à Berbourg en collaboration avec le CIPA Haaptmann’s Schlass, tandis qu’un nouveau projet de housing first pour femmes doit voir le jour en 2022, et que le Liser a été chargé d’effectuer un recensement des personnes sans abri afin de lutter de manière plus ciblée contre cette problématique.
Christelle Brucker