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Mariage gay : ils se disent oui et entrent dans l’histoire


Jean-Paul Olinger et Henri Lorenzo Huber ont été unis hier par les liens du mariage par le bourgmestre de Differdange, Roberto Traversini. Il s’agit de la première union entre homosexuels dans l’histoire du pays.

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Jean-Paul Olinger (à g.) et Henri Lorenzo-Huber, au terme pour eux d’un combat de 15 ans, sont désormais mariés. (Photos : Jean-Claude Ernst)

Le Grand-Duché a finalement passé le cap et célébré le premier mariage d’un couple de même sexe, après le vote le 18 juin dernier de la loi autorisant une telle union. Cet honneur est revenu au bourgmestre de Differdange, Roberto Traversini, qui avait d’ailleurs lui-même voté en faveur de la loi en question au Parlement dans le cadre de ses fonctions de député. Jean-Paul Olinger et Henri Lorenzo Huber sont donc les heureux premiers élus. « La fin d’un combat de 15-16 ans », selon le couple fraîchement marié qui s’est rencontré en 1997 avant de se pacser le 24 novembre 2004.

Les deux amoureux sont arrivés hier matin sur le parking de l’hôtel de ville de Differdange, à 10h47 précises, à bord d’une Renault Laguna de couleur grise. Costume et chemise sombres, Jean-Paul, qui arborait une fine moustache, a opté pour un nœud papillon blanc et une boutonnière crème. Son partenaire Henri, vêtu d’un blazer noir qu’agrémentaient un nœud papillon noir et une rose rouge à la boutonnière, se démarquait avec sa longue crinière argentée coiffée en queue de cheval et son piercing à l’oreille.

> Au son de l’Hymne à l’amour

Les deux futurs mariés ont tous deux 60 ans, Henri n’étant l’aîné de Jean-Paul que de quelques mois. Ce dernier tenait dans sa main un petit sac doré laissant deviner qu’il contenait les fameuses alliances, tandis qu’Henri tenait une magnifique gerbe de fleurs.

À leur entrée dans l’hôtel de ville, ils ont été accueillis par l’officier de l’état civil de la commune, Roland Flenghi, puis par le bourgmestre Roberto Traversini qui n’a pas manqué de présenter ses meilleurs vœux pour la nouvelle année au couple. Les poignées de mains se sont enchaînées, alors que la petite vingtaine d’invités arrivait au compte-gouttes, de même que les journalistes et photographes venus immortaliser l’instant historique qui s’est tenu dans une bonne humeur et Henri a concédé avoir « un peu le trac ».

L’échéance approchant, tout ce petit monde a été invité à rejoindre la salle des mariages située au premier étage. Les flashs des photographes ont crépité et la cérémonie a pu dès lors débuter. La voix de la chanteuse Édith Piaf et son Hymne à l’amour ont retenti et fait vibrer la salle. Un choix musical loin d’être anodin, le couple reconnaissant que la chanteuse française est leur « grande idole ». Les futurs mariés ont alors été invités à s’installer face au bourgmestre et à l’officier de l’état civil pour le début des formalités administratives : le paraphe de l’acte de mariage. Enjoué, ému et quelque peu « stressé » selon ses dires, le bourgmestre, Roberto Traversini, a alors lu deux textes d’Albert Camus et Goethe faisant référence à l’institution du mariage. Le message délivré était largement axé sur la tolérance et l’acceptation de l’autre.

> Des références à Camus, Goethe et Virginia Satir

Avant de rappeler aux deux partenaires les droits et devoirs qu’impose le mariage, notamment les promesses de fidélité et d’assistance réciproques, le bourgmestre a cité un poème de la psychothérapeute américaine Virginia Satir, célèbre pour son approche de la thérapie familiale. « Le plus beau poème relatif au mariage », dira le bourgmestre. Puis l’acte de mariage a été lu par Roland Flenghi, en luxembourgeois s’il vous plaît, « une nouveauté supplémentaire », a-t-il souligné. Le protocole s’est poursuivi par la lecture de quatre articles du code civil par le bourgmestre : les articles 212 à 215.

Le moment fatidique était tout proche et Jean-Paul et Henri ont été invités par les édiles à se lever. Lorsque le bourgmestre a demandé à l’un et l’autre s’ils souhaitaient effectivement s’unir, Henri a lancé deux « oui ! » fermes et retentissants. Très ému, Jean-Paul a, lui, brisé tous les codes et s’est époumoné en ces termes : « Oui, bien sûr ! », provoquant une joyeuse hilarité dans la salle.

Puis il est revenu à Roberto Traversini de prononcer une phrase qui est entrée dans l’histoire. Le traditionnel « je vous déclare mari et femme » a laissé place à un « je vous déclare mariés ». Impatients, Jean-Paul et Henri se sont rapprochés pour un baiser de circonstance, mais le bourgmestre les a rappelés sympathiquement à l’ordre, dans un fou rire général, la procédure voulant que l’acte de mariage soit d’abord signé. Passé toutes ces formalités, les deux époux se sont échangé les alliances et ont finalement pu unir leurs lèvres dans un baiser d’anthologie, plein d’amour et de tendresse.

De notre journaliste Claude Damiani

 

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