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Luxembourg : planter du sorgho pour nourrir les bêtes malgré la sécheresse ?


Une culture de sorgho en Afrique australe (Photo d'archives : AFP).

Le ministre de l’agriculture luxembourgeois, Romain Schneider, fait ce mardi un point sur la sécheresse qui frappe le pays et la Grande-Région d’une façon générale. Le constat est sans appel : il faudra trouver des alternatives pour continuer à produire de quoi nourrir les bêtes. Même si rien ne permettra « d’atteindre les niveaux de récolte que l’on obtiendrait s’il n’y avait pas de déficit d’eau ».

Le sorgho est cette grande plante qui vire au rouge vers la fin de l’été. À l’origine, on la trouve principalement dans les champs d’Afrique subsaharienne, ou dans les zones sèches du globe. L’Ethiopie, le Nigeria ou encore le Mexique en sont les principaux producteurs mondiaux. Cela donne la dimension du changement climatique à l’oeuvre, quand on entend le ministre luxembourgeois de l’agriculture suggérer d’en planter en remplacement du fourrage traditionnel. Mais que faire face à la baisse des rendements du fourrage traditionnel  ?

2020, année catastrophe

Face aux interrogations de deux députés du DP, André Bauler et Gusty Graas, le ministre ne tergiverse pas : « la sécheresse 2020 est exceptionnelle dans une grande partie du pays ». Chiffre à l’appui, Romain Schneider compare avec les années précédentes : « le printemps et l’été ont présenté un déficit par rapport à la période de référence pour les quatre dernières années dans tout le pays. Dans le sud du pays et dans la vallée de la Moselle, ce déficit a été nettement plus prononcé en 2020 (plus que le double) que les trois années précédentes. Seulement dans le nord du pays, le déficit pluviométrique a été du même ordre de grandeur en 2018 qu’en 2020 et plus prononcé en 2017 ».

Comment combler le manque de fourrage dans l’immédiat ?

Sur les champs « tests » de l’Administration des services techniques de l’agriculture,  les rendements ont diminué de 10% par rapport aux années précédentes pour les trois premières coupes, « sachant que les rendements des années antérieures en 2019 n’étaient déjà pas très élevés », précise le ministre. Cela donne une idée de ce qui attend (au mieux) les agriculteurs luxembourgeois. Sans compter que la quatrième et dernière coupe annuelle sera « insignifiante ». La conséquence est inévitable : « plusieurs exploitations agricoles doivent dès maintenant affourager leurs animaux avec les stocks prévus pour l’hiver ». Par ailleurs, la demande sur l’achat de fourrage va être d’autant plus forte que la sécheresse touche la grande-région d’une façon globale.

Quelle solution alternative dans l’immédiat ? « Au lieu d’acheter du fourrage, les exploitations agricoles peuvent changer la ration alimentaire en utilisant plus de paille au lieu de foin ou d’ensilages d’herbes et de maïs : il faut cependant savoir que la paille est rare et chère cette année. Les exploitants peuvent aussi semer des mélanges fourragers après la récolte des céréales. Cette mesure dépendra cependant fortement des précipitations en septembre et octobre.  »

Comment s’attaquer au problème sur le moyen-terme ? 

C’est là qu’on en revient à notre fameuse plantation de sorgho. Ou de luzerne, de dactyle, de tournesol… bref, des plantes soit peu gourmandes en eau, soit capables d’encaisser des gros coups de chaud.  Le gouvernement teste « depuis plusieurs années sur ses champs d’essais des mélanges fourragers pour trouver des variétés mieux adaptées au changement climatique et à la sécheresse », explique Romain Schneider. Il en est de même du Lycée technique agricole et de l’Institut fir Biologësch Landwirtschaft an Agrarkultur Letzebuerg (IBLA).

Les Français plaisantent à peine en expliquant que leur Bordeaux sera fabriqué en Bretagne à l’avenir. Le sorgho africain ou les tournesols provençaux de Van Gogh pourraient bien se généraliser dans nos paysages luxembourgeois. Et derrière un exotisme de façade, une réalité qui laisse songeur.

Hubert Gamelon

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