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Luxembourg : les tests au Covid-19 prolongés jusqu’en mars 2021


La première phase des tests à grande échelle, présentée fin avril par la ministre de la Santé, Paulette Lenert, et Claude Meisch, le ministre en charge de la Recherche, prévoyait une capacité de 100 000 tests par semaine. La phase 2 table sur une capacité de 53 000 tests par semaine. (photo : Sip/Jean-Christophe Verhaegen)

Le Luxembourg prolonge jusqu’en mars prochain l’ambitieuse stratégie de tests pour briser au plus tôt les chaînes d’infections. Une enveloppe de 60,7 millions d’euros a été votée mardi par la Chambre des députés.

Malgré son placement sur des listes rouges, le Luxembourg va maintenir son ambitieux programme de dépistage du Covid-19. «L’objectif est de mieux cerner la propagation de la pandémie au Luxembourg. Cela vaut plus particulièrement pour les personnes asymptomatiques ou pas encore symptomatiques. La détection précoce du virus nous livre les données nécessaires pour briser les chaînes d’infections», résume Mars Di Bartolomeo (LSAP), le rapporteur du projet de loi qui prolonge la stratégie des tests à grande échelle jusqu’au 28 mars 2021.

Le principe même du projet et l’enveloppe budgétaire de 60,7 millions d’euros ont été validés à l’unanimité, mardi en fin d’après-midi à la Chambre des députés. Cela n’a cependant pas empêché les partis de l’opposition, le CSV et l’ADR en tête, d’émettre toute une série de bémols. «Les tests à grande échelle sont une bonne chose, mais la gestion du projet par le gouvernement est pour le moins hasardeuse», avance ainsi l’élu chrétien-social Georges Mischo. Il dresse alors toute une série de «couacs», y compris des suspicions de blocages au sein du ministère de la Santé.

«Je conteste formellement ces reproches», rétorquera plus tard la ministre de la Santé. Le député-maire d’Esch-sur-Alzette en remet encore une couche en fustigeant le vote tardif du texte et en réitérant le besoin d’une application numérique pour renforcer le traçage des personnes infectées. Le CSV reste toutefois isolé sur ce point.

Contradiction ensuite dans le discours de l’ADR. Jeff Engelen commence son intervention par le constat suivant : «En principe, rien ne parle contre une prolongation de la phase de tests.» Quelques secondes plus tard, l’élu nordiste martèlera toutefois que «le seul apport des tests à grande échelle est une explosion des chiffres d’infections qui a valu au pays de figurer sur des listes rouges. Si le Luxembourg reste le seul pays à tester si massivement, il serait peut-être mieux de stopper le tout.»

Marc Baum (déi Lénk) ne tarde pas à recadrer l’ADR. «Les informations qui découlent des tests à grande échelle sont très importantes pour éviter le déclenchement d’une panique ou même d’une hystérie. La prévalence du virus reste stable et la situation donc gérable. Des mesures ciblées permettront de contrer la hausse des cas», note le député eschois. Il serait toutefois regrettable que seules 20 % des personnes invitées à se faire tester aient jusqu’à présent participé au dépistage.

Quatre axes pour encadrer la phase 2

À quoi ressemble donc la deuxième phase des tests à grande échelle ? «Le dépistage deviendra plus ciblé», avance Mars Di Bartolomeo. Le principe des échantillons reste de mise, mais dès le 31 août quatre catégories de personnes seront régulièrement invitées à se soumettre à un test.

Le premier contingent concerne les personnes qui en raison de leur profession sont particulièrement exposées au virus (soins de santé, pharmaciens, secouristes, policiers, serveurs, etc.).

Un accent plus particulier sera mis sur les points d’entrée du pays. Aussi bien à l’aéroport du Findel qu’à la gare centrale de Luxembourg, les voyageurs rentrant de l’étranger seront invités à se faire tester. Sur proposition des pirates, le gouvernement va élargir cette offre. «Chacun doit avoir la possibilité de se faire tester jusqu’à cinq jours après son retour», insiste Sven Clement. La motion du député a été adoptée à l’unanimité.

La population globale sera toujours classée en différents échantillons représentatifs et invitée à se faire tester au fil des sept mois de la phase 2. Finalement, le ministère de la Santé se donne les moyens de tester plus largement les personnes ayant fréquenté des foyers d’infections. Une équipe d’intervention mobile sera déployée.

Du 31 août au 28 mars, soit pour une durée de 30 semaines, un stock de 1,6 million de tests sera disponible pour traquer le virus. Le dépistage sera renforcé au retour des vacances scolaires mais aussi en prévision de l’arrivée de la grippe saisonnière. «Cela nous permettra de prévenir une double vague à l’automne et en hiver», souligne Josée Lorsché (déi gréng).

La première phase de la campagne de tests viendra à échéance lundi. «Au vu de la hausse récente des cas d’infections, nous allons toutefois prolonger de quelques semaines le contrat avec les prestataires actuels. Il n’y aura pas de vide dans la stratégie», annonce la ministre Paulette Lenert. Des pays étrangers se seraient entretemps renseignés pour imiter la stratégie de tests du Luxembourg.

David Marques