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Luxembourg : l’enseignement vous ouvre les bras


Claude Meisch, venu à la Chambre pour répondre aux critiques de l’opposition qui estime que l’attractivité du métier d’enseignant est sur le déclin. (Photo : Julien Garroy)

Selon le CSV, auteur d’une interpellation mardi, le métier d’enseignant n’est plus attractif, il décline. L’heure de revoir tout le système, mais en attendant, le ministère pratique toujours l’ouverture.

Ils ont un salaire confortable, le plus élevé d’Europe, la sécurité de l’emploi et les vacances scolaires que tout le monde leur envie. Malgré tout, il y a une pénurie d’enseignants aussi bien au primaire qu’au secondaire et pour le CSV, c’est parce que le métier n’est plus attractif.

Une affirmation que ne partagent pas les députés qui se sont orientés en politique après avoir fait partie du corps enseignant, comme les ex-instituteurs Josée Lorsché (déi gréng) ou Gilles Baum (DP). Un changement de carrière en somme, comme il est possible aujourd’hui d’intégrer l’Éducation nationale avec un bachelor en lien avec l’une des matières enseignées. C’est une ouverture qu’il était nécessaire d’opérer pour combler le manque de personnel et rendre le métier plus attractif encore.

Pour Martine Hansen, elle-même professeure dans une autre vie, cette ouverture sur des diplômes alternatifs n’est pas une solution à long terme. Au contraire, il y aurait du souci à se faire alors que la moitié des enseignants ne disposent d’aucune formation pédagogique aujourd’hui, selon la cheffe de la fraction parlementaire chrétienne-sociale.

La formation pédagogique, c’est ce qui s’ajoute à un bagage déjà bien lourd exigé pour enseigner dans le fondamental. Il faut être bon partout, en langues comme en maths, en sciences naturelles et en expression artistique. Jusqu’ici, c’était la voie royale, le bachelor en sciences de l’éducation que propose l’uni.lu. Le problème est qu’elle ne forme que 130 candidats quand il en faudrait le double chaque année.

Ils étaient plusieurs mardi, à regretter le peu de places disponibles dans le cursus proposé par l’université. Pendant ce temps, selon les chiffres avancés par Claude Meisch, quelque 400 détenteurs d’un bachelor alternatif se sont présentés pour s’engager dans l’enseignement fondamental. Seul un quart a réussi la reconversion.

Le ministre a profité aussi de l’occasion pour rappeler que des voies alternatives ont toujours existé pour entrer dans l’enseignement fondamental. Pendant des décennies, des bacheliers ont pu l’intégrer après quatre semaines de stage. «C’était le modèle ici au Luxembourg et nous l’avons amélioré en demandant un niveau bachelor complété par une formation intensive sur un an», souligne le ministre.

Pas simple d’entrer dans l’Éducation nationale alors que «de nombreux étudiants n’ont plus le niveau exigé dans toutes les matières, certains sont très bons en physique et s’orientent dans cette branche mais s’ils veulent devenir enseignants, ils devront quand même être bons en langues», remarque Martine Hansen. Il faut réformer le système, elle ne voit pas d’autre issue.

Pas de bradage

Le problème du recrutement est bien connu du ministre Claude Meisch qui cherche des ouvertures sans pour autant brader ou dévaloriser un métier «crucial», comme le désigne Francine Closener. La députée socialiste plaide en faveur d’une vaste campagne de recrutement pour le métier d’enseignant. Et, comme il y a également pénurie de maîtres d’enseignement technique, elle suggère à l’Éducation nationale de s’inspirer des campagnes de sensibilisation de l’artisanat pour déclencher des vocations.

Ce n’est pas dans l’artisanat, justement, que l’employeur demande la connaissance des trois langues comme c’est exigé pour l’enseignant du primaire. «Les 2/3 des élèves n’ont pas le luxembourgeois comme langue maternelle», rappelle le ministre. Oui, il faut réformer le système pour rendre encore plus attractif le métier d’enseignant, pense-t-il comme de nombreux autres à la Chambre.

Claude Meisch dit travailler intensément sur la question. Le concours d’admission a déjà été adapté à des profils plus variés, le nombre de professeurs a augmenté de 30 % ces dernières années, les chargés de cours ont vu leur traitement s’améliorer, le stage du fondamental a été diminué… En résumé, le ministre n’a fait, selon lui, que rendre toujours plus attractif le métier d’enseignant.

Geneviève Montaigu

2 plusieurs commentaires

  1. Et pourquoi ne pas apprendre le luxembourgeois un minimum? Ça pourrait être favorble.

  2. Cécile Tournay

    Effectivement… je suis belge, habitant au Luxembourg depuis 2006…j ai plusieurs fois posé ma candidature au ministère de l éducation… en vain… je ne connais pas le luxembourgeois. Mes 30 années d enseignement en Belgique, avec un public difficile ne suffisent sans doute pas au ministère de l éducation luxembourgeois… et ils continuent à se plaindre du manque d enseignants…