Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La règle du «restez chez vous» s’assouplit considérablement à partir de lundi avec la réouverture des commerces, des coiffeurs et des lieux culturels. Mais la discipline reste de rigueur.
Le plan de déconfinement se poursuit avec la deuxième phase qui sera lancée dès lundi. Hier, le Premier ministre, Xavier Bettel, a annoncé l’ouverture le 11 mai prochain des commerces, des coiffeurs et esthéticiennes mais pas des cafés et restaurants qui peuvent espérer une réouverture le 1er juin au plus tôt. Les visites auprès de la famille ou des amis sont à nouveau autorisées mais en cercle restreint, pas plus de 6 personnes. Les manifestations extérieures sont possibles jusqu’à 20 personnes. Et le tout reste régi par les mesures de distanciation ou le port du masque.
«Ce n’est pas le retour à la vie normale», prévient Xavier Bettel, même si «le principe du confinement général est levé». Le Premier ministre explique qu’il s’agit là d’une deuxième phase de déconfinement après une première expérience plutôt positive menée depuis le 20 avril dernier avec la reprise des chantiers. «Nous n’avons pas constaté d’augmentation inquiétante du nombre d’infections», souligne Xavier Bettel, attribuant ce succès à l’ensemble de la population qui s’est montrée disciplinée.
Les petits commerces vont donc rouvrir et les institutions culturelles également, comme les bibliothèques et les musées. Les cinémas restent fermés, mais les drive-in sont autorisés. Les sports en extérieur pourront être pratiqués à partir de lundi, comme le golf ou l’équitation, mais les sports d’équipe restent interdits et les salles de sport doivent rester closes.
Les détails seront livrés demain en ce qui concerne les conditions qui seront imposées aux commerces pour accueillir le public. Idem en ce qui concerne la liste des pratiques sportives autorisées.
«Nous maîtrisons la situation et elle est plus reposante qu’il y a quelques semaines», assure le Premier ministre. Tout ce que le gouvernement compte comme task forces et autres groupes de travail et de recherche sont unanimes pour autoriser le déclenchement d’une nouvelle phase le 11 mai. Et c’est seulement si les résultats obtenus sont satisfaisants après ce déconfinement que le secteur de l’Horeca pourra se remettre à travailler.
«La situation est positive»
Le succès incombe à tous les citoyens qui ont appris maintenant à vivre avec le virus depuis quelques semaines. «Il ne faut pas refaire les gestes d’avant, sinon les infections repartiront à la hausse et nous devrons tirer le frein à main une nouvelle fois», prévient Xavier Bettel.
«Nous sommes en plein milieu de la pandémie», rappelle la ministre de la Santé, Paulette Lenert, en soulignant que la maladie, très dure, a déjà tué une centaine de fois. «Nous avons aujourd’hui des données sur lesquelles nous reposer et, statistiquement, nous nous trouvons dans la normalité», indique la ministre.
Les lits sont disponibles en nombre suffisant et le matériel continue d’être livré. Mais le gouvernement se fixe des limites. Il ne veut pas que plus de 90 lits de réanimation soient occupés en même temps. «Même si nous disposons du double de lits, nous n’avons pas le personnel pour prendre soin des patients. Un malade du Covid-19 nécessite la présence de 5 à 6 soignants», rappelle Paulette Lenert. Des simulations ont été faites selon différents scénarios qui seront rendus publics jeudi.
Pour la ministre de la Santé, «la situation est donc positive» et la deuxième phase peut être enclenchée sans grande crainte. «Dans le monde du travail, on peut éviter une propagation du virus en respectant les gestes barrières mais c’est plus difficile en cercle privé», reconnaît Paulette Lenert qui sait le risque plus élevé. Elle compte sur la discipline de chacun. Mais pas seulement. La campagne de dépistage massif se poursuit dans le but d’isoler un maximum de personnes infectées.
«Notre quotidien sera un nouveau quotidien pendant longtemps», prévient encore la ministre. Celui des entreprises est toujours incertain. La reprise le 11 mai ne signifie pas pour autant l’arrêt des aides de l’État. Les discussions sont encore en cours, affirme Xavier Bettel estimant qu’il n’y a pas que la poursuite du chômage partiel pour soutenir les entreprises en difficulté. Pour le secteur de l’Horeca, les aides s’organisent pour sauver la profession.
La prudence reste de rigueur après le 11 mai. «J’espère que la police ne va pas verbaliser à tout va et que les gens vont respecter les règles», souhaite encore le Premier ministre, avouant tout le mal qu’il pense de la délation.
Geneviève Montaigu
