Le gouvernement n’a pas décidé, vendredi, d’instaurer de nouvelles restrictions dans la lutte contre le coronavirus. Une «timide accalmie» sur le front sanitaire offrirait un «répit» au Luxembourg.
L’option d’un reconfinement mise en perspective par le Premier ministre est (momentanément) écartée. Vendredi, le Conseil de gouvernement s’est contenté de faire «un point de situation concernant le coronavirus». Aucune nouvelle restriction n’a été annoncée. Les seules décisions concrètes concernent l’officialisation de la prolongation du chômage partiel élargi jusqu’au 30 juin 2021 ainsi que la prolongation jusqu’à fin juin d’une série de dérogations au code du travail (période d’essai, congé de maladie…) pour le personnel du secteur de la santé. Il a fallu attendre les échos de la commission de la Santé, qui a échangé dans l’après-midi avec la ministre Paulette Lenert, pour obtenir plus de détails quant aux motivations du gouvernement pour garder le statu quo. «Une timide accalmie sur le front sanitaire nous offre un répit», indique Mars Di Bartolomeo (LSAP). Le président de la commission de la Santé renvoie vers la stabilisation ou même la baisse de certains indicateurs clés : la croissance du nombre de nouvelles infections n’est plus exponentielle (2 928 cas positifs entre le 26 et 30 octobre et 3 005 contaminations depuis lundi), le taux de positivité a diminué de moitié (de 10,25 % le 25 octobre à 5,33 % vendredi), le taux de reproduction est également reparti à la baisse (de 1,50 le 25 octobre à 1,05 vendredi), la présence de résidus du virus dans les eaux usées a diminué et les dernières modélisations de la taskforce Covid-19 sont aussi un brin moins pessimistes (lire notre édition de mercredi).
Laisser le temps de voir les effets
L’autre argument est que «le dernier paquet de mesures n’est en vigueur que depuis une semaine. Il faut lui donner le temps de produire ses effets.» Le couvre-feu nocturne (23 h-6 h), la réduction de la bulle sociale, l’extension de l’obligation du port du masque et l’interdiction de rassemblements de plus de 100 personnes sont d’application depuis le 30 octobre. «L’épreuve de vérité nous attend. Tout un chacun doit faire preuve de responsabilité afin d’éviter des mesures plus drastiques», met en garde Mars Di Bartolomeo. Les vacancescomme frein?Les partis de l’opposition parlementaire sont plus mitigés par rapport à la stratégie expliquée vendredi par la ministre de la Santé, Paulette Lenert. «On a l’impression que le gouvernement se retrouve dos au mur. D’un, il est renvoyé vers la légère accalmie des chiffres. De deux, on évoque la situation très tendue dans les hôpitaux qui, avec le rythme actuel, vont s’effondrer dans deux ou trois semaines», s’étonne Marc Baum (déi Lénk).
«Le gouvernement n’est plus dans l’anticipation mais dans la réaction», déplore Sven Clement (Parti pirate), qui réclame toujours que le gouvernement consulte les députés en amont du dépôt de nouveaux textes de loi visant à renforcer l’arsenal anti-Covid. Aucun parti ne revendique toutefois un reconfinement généralisé. Seule déi Lénk avance la solution d’un reconfinement partiel, limité dans le temps. «Il aurait été plus sensé d’intervenir là où le plus grand nombre d’interactions se font. Mais je garde espoir que je me trompe et que le couvre-feu, complètement inadapté à nos yeux, finisse par produire un effet», admet Marc Baum. Claude Wiseler (CSV) pose, lui, un autre bémol majeur. «Notre plus grande appréhension est que l’accalmie au niveau des chiffres soit due aux vacances de la Toussaint. Les contacts sociaux sont fortement réduits, notamment à cause de la fermeture des écoles. On espère qu’on n’assistera pas à une nouvelle hausse exponentielle des cas dès la reprise des cours, lundi», raisonne le député du principal parti d’opposition. L’objectif premier de la réunion de vendredi avec la ministre Lenert aurait été de «factualiser le débat» et de «mieux comprendre le fond de la pensée du gouvernement».
«Nous partageons l’objectif du gouvernement, mais on persiste à dire que d’autres mesures proactives sont nécessaires, notamment au niveau du traçage, des écoles et de la gestion des tests pour les personnes symptomatiques», note Claude Wiseler. Aucune échéance pour décider de nouvelles restrictions n’est fixée. «La situation est évaluée au jour le jour», avance Mars Di Bartolomeo. Seule certitude : le recours à l’état de crise, un moment évoqué par le Premier ministre, est rejeté par le Parlement, y compris par le LSAP faisant partie de la majorité. «La Chambre a démontré qu’elle est en mesure de légiférer rapidement. L’urgence doit toutefois être accompagnée de la minutie nécessaire. Il faut compter quelques jours pour faire du bon travail législatif», termine l’expérimenté député.
David Marques