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Luxembourg : la crise a renforcé les inégalités


Caritas a donné 267.348 euros en aide financière ponctuelle, ce qui a été rendu possible grâce au soutien de nos nombreux donateurs», a précisé la présidente de Caritas, Marie-Josée Jacobs (Photo : Fabrizio Pizzolante).

Caritas a présenté jeudi le bilan de sa helpline mise en place pendant la période du confinement. La fondation alerte sur un accroissement des inégalités sociales et une plus grande pauvreté dans le pays.

Quatre cent quarante-cinq. C’est le nombre de demandes qu’a traitées la Caritas corona-helpline durant sa mise en service, du 7 avril au 31 août, afin de répondre aux appels d’aide de la population pendant la période de confinement.
Information, orientation ou aide financière ponctuelle : au total, 860 personnes, dont 308 enfants, ont pu être accompagnées. «En tout, Caritas a donné 267 348 euros en aide financière ponctuelle, ce qui a été rendu possible grâce au soutien de nos nombreux donateurs», a précisé la présidente de Caritas, Marie-Josée Jacobs, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue jeudi à Luxembourg.

Plusieurs constats, qui doivent alerter le gouvernement, se dressent à partir des chiffres recueillis par la corona-helpline : les jeunes étaient particulièrement nombreux parmi les personnes qui ont contacté la fondation. Ainsi, plus de 26 % des appelants avaient moins de 30 ans et 32 % avaient entre 31 et 40 ans. Cette catégorie de la population a d’ailleurs été particulièrement touchée par le chômage directement lié à la crise sanitaire – le Luxembourg, avec un taux de chômage des jeunes de 25 %, atteint même désormais la troisième place en Europe.

«Avant la crise, elles réussissaient encore à joindre les deux bouts»

Surtout, «les personnes qui ont eu besoin d’une aide financière n’avaient jamais eu besoin d’une aide sociale auparavant. Avant la crise, elles réussissaient encore à joindre les deux bouts. Ces personnes ont vu leur salaire se réduire, car, du fait de la crise, il n’y avait plus de primes, plus d’heures supplémentaires, pas de pourboires, elles se sont retrouvées au chômage partiel ou complet, voire sans ressources pour celles qui travaillaient au noir», signale Marie-Josée Jacobs, qui «ne s’attendait pas du tout à une telle situation». En effet, 67 % des demandeurs n’ont jamais eu recours aux aides sociales ou n’y ont pas eu recours durant les douze derniers mois.
«La crise n’est pas socialement neutre», estime Caritas, et les ménages les plus pauvres sont les plus affectés. «Le risque est grand que nous sortions de cette crise non seulement avec plus de pauvres et de nouveaux pauvres, mais aussi avec une pauvreté plus accrue pour ceux qui la subissaient déjà auparavant, et par conséquent une aggravation des inégalités existantes», met en garde la présidente.

Autre problématique mise en exergue par l’analyse de la helpline : avec la crise sanitaire, les démarches exclusivement en ligne se sont multipliées, ce qui peut conduire à l’exclusion de nombreuses personnes n’ayant pas l’habitude d’utiliser le support informatique, ayant des problèmes de langue et d’alphabétisation, voire ne disposant pas de matériel.

Éliminer les inégalités fiscales

La fondation demande donc des «efforts accrus» de la part du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté et les inégalités, arguant que l’État a pu débloquer «des milliards d’euros» pour aider les entreprises pendant la crise alors que, d’après Serge Allegrezza du Statec, 700 millions d’euros par an permettraient d’éradiquer la pauvreté au Grand-Duché.

Pour Caritas, il faut notamment éliminer les inégalités fiscales existantes et réintroduire l’impôt sur la fortune, mais aussi réduire l’impôt sur le revenu dans les tranches inférieures du barème et l’augmenter dans les tranches supérieures. Offrir plus de logements abordables et endiguer la montée des prix dans ce secteur demeurent encore et toujours une priorité absolue, la quasi- totalité des appels reçus par Caritas faisant montre d’une vive inquiétude quant au fait de ne pas pouvoir subvenir aux besoins vitaux, du fait du coût de la vie et du logement.

En conclusion, Caritas a par ailleurs plaidé pour que «cette crise ne serve de prétexte ni pour diminuer le montant de l’aide publique au développement, ni pour retarder la mise en œuvre de mesures contre le changement climatique».

Tatiana Salvan

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