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Luxembourg : des idées pour penser l’après-crise


Quelle résilience du modèle luxembourgeois avec la crise ? Qui avons-nous protégé, qui avons-nous fragilisé avec le confinement ? Autant de questions traitées par les contributeurs au nouveau dossier de chez Idéa (Photo d'illustration : Julien Garroy).

« Éviter la facilité qui consisterait à simplement décréter que tout va changer. » Le laboratoire d’idées luxembourgeois de la Fondation Idea propose un dossier pertinent sur la crise du Covid-19 au Luxembourg.

Treize contributeurs pour treize thèmes sur la crise sanitaire au Grand-Duché, avec un angle économique et sociétal à chaque fois, évidemment, puisque c’est l’essence même de la Fondation Idea : l’idée était ambitieuse, mais le défi est relevé !

Quelle faille dans le discours de « relocalisation à tout prix » bien dans l’air du temps en ce moment ? Quel risque de voir s’agrandir les inégalités dans le pays ? Quelle résilience pour les entreprises et le modèle économique ? Quelle organisation du territoire pour la suite ? Voici quelques-unes des grandes questions soulevées par la Fondation Idea à l’occasion de ce recueil spécial.

Sur la relocalisation industrielle à tout prix, Sarah Guilou (Sciences Po OFCE) explique par exemple : « La proximité de la production ne serait-elle pas un moyen d’éviter les pénuries ? Rien ne l’assure, car tout repose sur les capacités de production. Ainsi les producteurs de ventilateurs (NDLR : pour respirateurs médicaux) sont européens, et pas asiatiques, et la pénurie est pourtant bien là. Pour faire face à une crise telle que celle nous connaissons, il faut d’énormes excédents de capacités de production en attente, qui seraient jugés déraisonnables en temps normal. »

Sur les risques de voir grandir les inégalités, Robert Urbé (European Social Policy Network) estime : « Le confinement, qui avait comme but de protéger les groupes les plus vulnérables (surtout les seniors et les personnes déjà atteintes de diverses maladies), n’a pas eu les mêmes égards vis-à-vis d’autres groupes vulnérables qui ont plutôt vu leur sort s’aggraver pendant cette période. » Et de citer les femmes ou les enfants en difficultés scolaires.

Sur l’organisation territoriale qu’il faudrait repenser, Antoine Decoville (Liser) rappelle : « Souvent, les communes ou villes dortoirs situées de l’autre côté des frontières du pays sont dépeintes comme totalement dépendantes du pôle luxembourgeois, mais la crise actuelle du Covid-19 tend à montrer que le Grand-Duché est lui aussi dépendant de ces dernières, qui fournissent une bonne partie de la main-d’œuvre, notamment hospitalière. » Et de poser ouvertement la question de l’équilibre des territoires et les fragilités induites, avec cette « spatialisation » de l’activité entre l’emploi et le résidentiel, et une interdépendance qui ne supporte pas les frontières.

Sur la résilience économique du modèle luxembourgeois, Jean-Jacques Rommes, avec une plume assez remarquable, rappelle que c’est un bon système social qui a permis d’encaisser le mieux possible les premiers effets de la crise : « La réponse à cette question impose de rendre tout d’abord hommage aux systèmes de protection sociale. En évitant à des milliers de personnes de tomber dans un chômage sans rémunération ni assurance maladie, ils ne préservent pas seulement les concernés de la misère, mais ils jouent aussi comme stabilisateur économique. » Alors que des pays dans la toute-puissance libérale, tels que les États-Unis, se sont retrouvés avec des milliers de sans-emplois et bientôt sans couverture sociale sur les bras…

Nous n’allons pas vous « spoiler » toute la lecture de ce recueil passionnant : le lien est ici, et ça vaut le coup d’y revenir !

Hubert Gamelon

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