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L’OGBL dénonce des éducateurs moins formés


Manifestation des éducateurs devant la Chambre des députés en 2015 pour une revalorisation salariale. Cette fois, le ministère touche à leur formation. (archives Editpress)

Le projet pilote de créer une passerelle pour les élèves en sciences sociales qui leur permet d’accéder à la dernière année des éducateurs, est très critiqué par le syndicat.

Le projet du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, fait déjà grincer des dents.  Il permet d’apporter une réponse rapide à la pénurie de professionnels socio-éducatifs hautement qualifiés mais déplaît fortement à l’OGBL et ses satellites spécialisés dans le secteur.

L’opération consiste à rendre accessible la dernière année de formation de l’éducateur aux personnes ayant obtenu le diplôme de fin d’études secondaires générales de la section sciences sociales (GSO). Un projet pilote va offrir cette passerelle dès la rentrée 2021 à ceux qui désirent obtenir le diplôme d’État d’éducateur.

Jusqu’à présent, cette classe de terminale n’était accessible qu’aux élèves ayant réussi la classe de 1re de la section «formation de l’éducateur» (GED) ou de la formation de l’éducateur en alternance (GEA). Trois années de formation ramenées à une seule, ce n’est pas acceptable, juge le syndicat. Le ministère de l’Éducation nationale n’est pas de cet avis.

Il estime au contraire que la proximité des programmes scolaires des deux sections et leur orientation commune vers la pratique socio-éducative «autorisent cet accès parallèle».

Le ministère justifie sa décision par la croissance constante du marché du travail pour les professionnels socio-éducatifs hautement qualifiés. Les besoins sont nombreux et divers : enfance, jeunesse, personnes à besoins spécifiques, seniors. «Selon les estimations, le secteur de l’éducation non formelle de l’enfance, par exemple, a connu à lui seul une croissance de 250 postes d’éducateurs par an sur la période 2014-2020 et les offres d’emploi pour le personnel socio-éducatif ont doublé de 2014 à 2018. En 2019, plus de 800 annonces d’emploi d’éducateur diplômé ont été publiées», informe le ministère.

Un quart des élèves

Parallèlement, le nombre d’élèves inscrits dans les classes GSO continue d’augmenter chaque année, si bien qu’un quart des élèves de l’enseignement secondaire général (28%) y sont inscrits en 2020/2021.

La formation de l’éducateur ne se limite pas à un enseignement théorique, prévient l’OGBL mais elle est également très orientée vers la pratique. «26 semaines de stages font partie intégrante du cursus et exigent une mise en pratique des connaissances théoriques», rappelle-t-il. Le syndicat craint que la future génération d’éducateurs empruntant cette nouvelle voie pour accéder à la profession «ne pourra pas acquérir l’ensemble de ces connaissances théoriques et surtout pratiques».

Le syndicat a raison de rappeler que la crise, avec ses nombreux défis, a montré «à quel point le métier d’éducateur est essentiel pour faire tourner l’économie du pays». Il cite la prise en charge des enfants du personnel soignant, l’accueil des enfants et familles en détresse, la participation à l‘éducation et l‘enseignement des enfants et des jeunes dans le contexte scolaire des écoles, lycées et centres de compétences, l’encadrement de personnes présentant des besoins spécifiques, etc.

C’est précisément parce qu’ils sont précieux et rares que le ministère veut offrir cette passerelle qui permettrait d’offrir une belle opportunité aux jeunes des sections GSO. Il y a un manque d’éducateurs, dans les maisons relais aussi où ils devraient davantage encadrer les enfants pour les aides aux devoirs.

Le ministère veut d’abord faire un test. Il décidera à l’issue des résultats du projet pilote, de l’étendre ou non au-delà de 2021/2022 ou d’y apporter des adaptations, si nécessaire. L’OGBL, l’Association du personnel des centres de compétences et de l’agence (APCCA) et l’Association des professeurs de I’enseignement secondaire et supérieur (APESS), de leur côté, ne veulent rien entendre d’une réforme qui «dévaloriserait le métier», qui «crée non seulement un accès à deux vitesses à ladite profession, mais génère en même temps un nivellement vers le bas de la qualité et des compétences», dénoncent-ils.

Ils regrettent l’absence de dialogue social, une fois de plus, et exigent «le retrait immédiat de ce projet».

Geneviève Montaigu

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