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Les victimes de Landsbanki Luxembourg peuvent attendre les huissiers


La faillite de la banque islandaise en 2008 a entraîné dans sa chute des emprunteurs qui doivent aujourd’hui vendre leurs biens hypothéqués. Pas d’escroquerie, juste une prise de risque. Ils ont joué, ils ont perdu. (archives LQ)

C’est fini. La Cour de cassation française a mis fin à l’épisode judiciaire Landsbanki en rejetant le pourvoi formé par les emprunteurs français qui criaient à l’escroquerie.

Les derniers espoirs des victimes de Landsbanki Luxembourg viennent d’être douchés par la Cour de cassation française, mais elles ne s’attendaient pas à des miracles. Leur pourvoi a été rejeté, comme le rapporte Paperjam. C’est la fin d’une affaire qui a débuté en 2008 à la suite de la faillite de la banque islandaise, entraînant dans sa chute des centaines d’emprunteurs dont le plus connu, le chanteur Enrico Macias.

Il doit aujourd’hui rembourser 30 millions d’euros, soit la valeur estimée de sa villa tropézienne. Le collectif qui avait dénoncé une escroquerie de la banque se retrouve désarmé alors qu’il pensait gagner la bataille dont avait fait sienne également le juge Renaud van Ruymbeke, du parquet financier de Paris.

C’est lui qui en 2009 avait mis un arrêt à la procédure de recouvrement lancée par la liquidatrice Yvette Hamilius. Des emprunteurs s’estimant lésés et trompés par des promesses de rendement irréalisables des prêts «equity release», avaient déposé plainte, gelant ainsi les recouvrements de créance. Les victimes avaient hypothéqué leurs biens pour bénéficier d’emprunts qui leur permettaient de spéculer sur les marchés financiers. Du moins, c’est la banque qui s’en chargeait pour eux, qui leur garantissait un rendement de l’ordre de 13%, de quoi rembourser les intérêts d’emprunt.

Les emprunteurs ont pris le risque d’y croire avant de crier à l’escroquerie. Neuf anciens dirigeants et commerciaux ainsi que Landsbanki Luxembourg ont été renvoyés en 2015 devant un tribunal correctionnel des chefs d’escroquerie et de complicité d’escroquerie. Ils ont tous été acquittés une première fois en 2017 et la Cour d’appel a confirmé le jugement en 2020. La Cour de cassation vient de balayer les derniers espoirs des victimes qui ne voulaient pas admettre avoir tout perdu.

Elles se réunissaient à Luxembourg au début de l’affaire pour exposer leur malheur. Il s’agissait pour la plupart de retraités qui coulaient des jours paisibles dans le sud de la France ou en Espagne et qui ont été rappelés à la dure réalité par Me Yvette Hamilius, la curatrice, elle-même poursuivie pour blanchiment dans cette affaire avant d’être relaxée.

«Nous sommes tous loin de correspondre à l’image de gens très riches dont nous avons été affublés. Il y a derrière l’affaire de la Landsbanki des drames humains et des gens qui finissent sous les ponts. Certains se sont suicidés», expliquait encore l’été dernier un ancien client de la banque, interrogé par Reporter.lu.

Les magistrats français n’ont pas été émus par les témoignages de ces parties civiles qui en spéculant ainsi sur les marchés financiers ne s’interrogent pas sur leur éventuelle responsabilité pour d’autres drames humains. Ils ont joué, ils ont perdu.

Résidences hypothéquées

Les procédures de saisie vont pouvoir reprendre et les victimes vont guetter les huissiers. Pas toutes, seulement celles qui ont fait de la résistance, car les autres, essentiellement espagnoles ont accepté en 2012 de négocier un compromis avec la liquidatrice de la banque, celles qui ont tout bonnement refusé se retrouvent aujourd’hui anéanties.

La curatrice a désormais les mains libres pour clôturer la liquidation et transférer à la maison mère islandaise les 320 millions d’euros de prêts qu’elle est en droit de récupérer, selon le chiffre livré par Paperjam, soit 180 millions de France et 140 millions d’Espagne. Les victimes pour la plupart, vont devoir vendre leur maison qui est aussi leur résidence principale vu qu’elles les ont hypothéquées.

La fin de l’affaire Landsbanki réjouit en tout cas la liquidatrice qui a ouvert ce dossier il y a 13 ans et qui confie à Paperjam que «cette liquidation n’a pas coûté un seul euro à l’État luxembourgeois, la Banque centrale du Luxembourg a récupéré l’intégralité des prêts qu’elle avait accordés à Landsbanki Luxembourg, aucun déposant au Luxembourg n’a perdu une quelconque partie de son dépôt et tous les salariés ont été indemnisés sans que l’administration pour l’emploi ait à intervenir».

Geneviève Montaigu

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