Étudier à l’étranger quand on est luxembourgeois, c’est une tradition. Pressés de s’émanciper, les étudiants peuvent compter sur les cercles pour les guider à travers la vie étudiante.
« Notre rôle est d’informer, de défendre et de regrouper les étudiants luxembourgeois », résume Pol Lutgen, le président de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL) qui regroupe 45 cercles, soit à peu près 10 000 étudiants. «Nous sommes ouverts à ceux, membres ou pas, qui ont besoin d’aide.» Cet esprit d’entraide se répercute dans tous les cercles d’étudiants luxembourgeois disséminés dans les villes universitaires européennes. La plupart d’entre eux étudient en Allemagne, mais le foyer le plus important d’étudiants grand-ducaux se trouve à Bruxelles.
Une majorité continue de choisir l’étranger malgré l’excellente réputation de l’université du Luxembourg. «Faire des études à l’étranger est une vieille tradition qui se poursuit. En ce qui me concerne, je ne me suis pas posé de questions, c’était clair, je voulais partir, voir si j’étais capable de me débrouiller seul», se souvient cet étudiant en management à Fribourg en Suisse. «Je pense que les étudiants luxembourgeois ont envie de vivre cette expérience.»
Une soif de liberté et de découverte pousse les étudiants à franchir des frontières. Cette curiosité a, petit à petit, modifié les activités proposées par les cercles d’étudiants. Alors que les bals d’étudiants (si ce n’est le quatuor emblématique Munich, Zurich, Bruxelles et ACEL), trop chers à organiser et finalement peu rentables, n’ont plus la cote, «les cercles organisent des séjours intercercles», explique le président de l’ACEL.
Le problème des prix du logement
Les cercles s’invitent entre eux pour se faire découvrir la ville ou la région dans laquelle ils étudient. «Les étudiants logent chez d’autres étudiants, ils font du covoiturage ou profitent d’offres de transport réduites pour s’y rendre, poursuit Pol Lutgen. Des activités culturelles ou sportives sont organisées. Les étudiants sont devenus plus exigeants. de la vie estudiantine.»
La vie des étudiants restés au Luxembourg ou les venus de l’étranger est-elle aussi riche ? «D’après ce qu’on m’en dit, même si Belval commence à prendre vie, notamment grâce à la Maison des arts et des étudiants, ce ne serait pas comparable. Il faut des années à une ville pour avoir l’âme d’une ville étudiante», estime le jeune homme de 25 ans.
Habiter à Luxembourg est, pour certains étudiants étrangers, une alternative en matière d’activités extrascolaires. Mais apparaît le problème du prix du logement. «C’est beaucoup plus cher que de profiter des logements étudiants proposés par l’État au centre et au sud du Luxembourg. Ils ne sont pas trop chers», note Pol Lutgen. Il s’agit de trois types de chambres de 15, 19 et 24 mètres carrés entre 365 et 695 euros. La commune d’Esch-sur-Alzette étant en pleine réflexion pour redevenir accueillante, les étudiants y trouveront peut-être bientôt leur bonheur. L’an passé, ils étaient 6 416 étudiants de 122 nationalités différentes inscrits à l’université du Luxembourg.
Le logement est un point déterminant dans le choix d’étudier à l’étranger ou loin de chez soi. En cause son prix. Selon une étude réalisée en 2015, les étudiants luxembourgeois à l’étranger disposeraient en moyenne de 963 euros par mois et 41% de ce budget serait consacré au logement. Au loyer viennent s’ajouter des taxes et des redevances. Un sujet que connaît bien l’ACEL puisqu’il est un de ses chevaux de bataille avec la loi sur les stages étudiants. La preuve que les étudiants ne pensent pas qu’à faire la fête.
Sophie Kieffer