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Les cours de religion au Grand-Duché, c’est fini


La création d'un nouveau cours unique «Vie et société» sonne la fin de la religion à l'école. (illustration Editpress)

La Chambre des députés a adopté, jeudi après-midi, à 32 voix contre 28 le projet de loi 6976 sur l’introduction du cours «Vie et société» dans l’enseignement secondaire et secondaire technique. Sonnant la fin des cours de religion.

Au lycée, pendant 48 ans, les Luxembourgeois ont eu à choisir entre cours de religion et cours de morale laïque. Ils avaient même, jusqu’en 2002 (date de son abolition), une troisième option sous la forme d’une dispense, victime de son succès…

Jeudi enfin, dans l’après-midi, le Parlement a voté la création d’un nouveau cours unique «Vie et société», qui signe la fin de la religion à l’école. Comme l’ont détaillé les auteurs du cours, lors d’une conférence de presse, le matin même, au ministère de l’Éducation nationale, la nouvelle matière n’existe pour le moment que sous la forme de fiches indicatives censées proposer un cadre de discussion éventuel. L’idée étant d’éviter le moins possible de «définir de trop près» le nouveau cours, qui sera centré sur la notion du vivre ensemble.

Son but, comme l’a expliqué une enseignante devant la presse, consiste avant tout à éveiller la conscience des élèves vis-à-vis de certaines problématiques d’ordre social et de les aider à développer une opinion propre, argumentée, en se documentant, mais aussi en apprenant à se remettre en question dans un contexte d’échange et de discussion avec l’autre. «La production de savoirs», comme l’a précisé l’enseignante, n’étant d’ailleurs pas un but en soi du cours. Par conséquent, tout enseignant est libre de compléter le cadre donné comme il l’entend.

«Ne pas surestimer l’influence d’un cours»

Jusqu’à la rentrée en septembre, les futurs enseignants recevront environ 70 de ces fiches indicatives (de quatre pages chacune). Un site en ligne vieso.lu, s’adressant aussi bien au personnel enseignant qu’aux parents d’élèves, livrera des informations complémentaires. Chaque enseignant devra se spécialiser dans l’un des six champs d’enseignement prévus par le cours. Aux futurs candidats (jusque-là enseignants de morale laïque ou catéchètes) il sera d’ailleurs demandé d’accomplir une formation de 16 heures avant le début des cours en automne.

À la Chambre des députés, Laurent Zeimet a une nouvelle fois fustigé un projet de loi dans lequel l’État ôterait aux citoyens le droit de choisir l’éducation de leurs enfants. En effet, pour le député chrétien-social, l’État n’a pas à se mêler de la définition des valeurs, mais devrait au contraire respecter les convictions religieuses des parents, au risque de provoquer un conflit intérieur chez ce dernier. Or, note Laurent Zeimet, le cours «Vie et société» exclut «largement le fait religieux» en le reléguant à l’arrière-plan.

Or, toujours selon le député, la religion continue d’occuper un rôle important dans la vie de beaucoup de gens, même si elle est souvent détournée. Il a noté surtout l’existence d’un creuset dans la compréhension entre croyants et non-croyants. Selon Laurent Zeimet, le gouvernement aurait d’ailleurs raté l’occasion d’introduire un cours innovant, en écartant la proposition de huit représentants des cultes de développer ensemble un cours unique. «Le zèle qu’emploie le gouvernement à effacer le religieux n’est pas un signe de modernité, mais un anachronisme», a estimé le chrétien-social.

Même son de cloche du côté de l’ADR, qui par la voix de Fernand Kartheiser a dénoncé un «cours de rien», de même que «la déconstruction de tout ce qui a de la valeur aux yeux de l’homme : la nation, l’identité et la foi». Dans la vision du député conservateur, il n’est pas du rôle de l’État de se mettre en situation de «concurrence par rapport aux religions», mais de garantir un lieu public de tolérance. En violant cette idée, la décision du gouvernement ferait apparaître un «noyau totalitaire». Et de remarquer que pour une personne croyante, la foi renferme «une éthique en contradiction avec nombre des visées de ce gouvernement». En d’autres mots, la foi est un acte politique. Ne pas en tenir compte, c’est violer les «droits de l’homme».

David Wagner, dont le parti déi Lénk a également voté contre le projet de loi, a appelé à «ne pas surestimer» l’influence d’une matière sur la vie de quelqu’un, estimant qu’un bon cours d’histoire et de philo ferait aussi l’affaire. Pour le député de la Gauche, «Vie et société» n’étant ni un cours de religion, ni un cours de morale il ne satisfait personne. Il a donc échoué sur le plan politique.

Frédéric Braun

4 plusieurs commentaires

  1. Et donner aux enfants une vision unique et étroite de ce que peut être la morale et la foi religieuses, c’est bon à votre avis ? Le christianisme n’est pas seul propriétaire des notions d’éthique, de moralité, de religiosité. Le monothéisme n’est pas l’unique façon d’appréhender le divin, et le bouddhisme n’est pas la seule religion non monothéiste existante. Quid de l’hellénisme, du confucianisme, de l’Asatru, de la Wicca ? Et le Monstre en spaghetti volant, n’a-t-il pas sa place aussi dans les cours de religion ?

    On les enseigne toutes, sur une base historique (pas biblique), ou on n’en enseigne aucune. Il n’y en a pas une qui soit de plus grande valeur que les autres.

    Foi de Pirate !

  2. Je ne sais pas si c’est un progrès, l’avenir nous l’apprendra !

  3. demain est un autre jour

    Bravo, maintenant les cours clandestins de religion vont pulluler au Luxembourg!
    Voir ce qu’en pensait Gandhi une religion donne des principes à une vie…

    • Misselàlapoubelle

      Pas besoin de croire en des légendes absurdes et débilitantes pour avoir des principes. Sortez un peu de votre asservissement intellectuel à l’église, bon sang! Faites fonctionner votre cerveau!

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