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Les artisans déplorent une formation professionnelle inadaptée


Les entreprises du secteur de l'artisanat ont du mal à recruter des jeunes compétents. (photo archives LQ)

La Fédération des artisans voudrait que la formation professionnelle initiale soit mieux adaptée au marché du travail du Grand-Duché.

Le sujet est bien connu au Luxembourg. Les entreprises peinent à embaucher des résidents, qu’ils estiment peu ou mal qualifiés pour le marché du travail luxembourgeois. Un mal qui vient de la formation initiale selon la Fédération des artisans.

Le constat est clair pour la Fédération des artisans  : «Le régime de la formation professionnelle initiale au Luxembourg n’est pas en mesure de fournir ni en nombre ni en termes de qualité et de niveau suffisamment de jeunes gens pour satisfaire à la demande des entreprises artisanales». En effet, c’est d’habitude à travers l’apprentissage que les entreprises artisanales trouvent leurs futures recrues, qu’elles peuvent ainsi former afin qu’elles deviennent totalement opérationnelles.

Pour la Fédération des artisans, c’est la formation initiale qui est en cause dans le déficit qu’elle constate. Il faut agir vite selon elle, mais en concertation. Elle appelle à une action concertée entre les responsables politiques et les chambres professionnelles pour «formuler une réponse plus satisfaisante et mieux adaptée aux défis posés dans le cadre de la formation professionnelle initiale au sein du secteur artisanal». En clair, la Fédération des artisans voudrait avoir son mot à dire afin que les formations soient mieux adaptées à ses besoins.

Elle prend exemple sur le secteur de la logistique qui a poussé pour que le ministère de l’Éducation crée une formation adaptée à ses besoins. En réponse, les entreprises du secteur logistique accueillent des apprentis bien formés qu’elles embaucheront par la suite. Une formation qui a été longuement réfléchie en concertation avec les différents acteurs.

Plusieurs problèmes se posent selon la Fédération des artisans. Tout d’abord, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. C’est, selon elle, pour 73  % des chefs d’entreprise le principal frein au développement de leur entreprise. Vouloir embaucher, c’est bien, encore faut-il que ces patrons trouvent la bonne personne, et c’est a priori compliqué au Grand-Duché. Même avec la présence massive des travailleurs frontaliers qui représentent aujourd’hui 46  % de la masse salariale de ce secteur. Car chez les voisins, le phénomène est similaire. Il faut donc aller de plus en plus loin pour chercher les candidats qualifiés, quand il y en a.

Des défis techniques et technologiques

La Fédération des artisans estime en outre que les métiers de l’artisanat sont eux aussi confrontés à des défis techniques et technologiques. Dans un environnement qui bouge et évolue rapidement, les formations doivent suivre et s’adapter sans cesse, ce qui n’est pas toujours le cas. Ici, c’est le système scolaire luxembourgeois qui est pointé du doigt, avec une préférence accordée au cursus classique, selon la Fédération des artisans, qui invite à faire des études universitaires. Ceux qui échouent à atteindre ce graal sont dirigés par défaut vers des sections moins prestigieuses et atterrissent en apprentissage ou dans des sections qui les préparent à des métiers de l’artisanat sans que cela soit leur premier choix.

Le constat étant fait, la Fédération des artisans a tenu à proposer quelques pistes de réflexion et des propositions concrètes comme l’instauration de deux centres de compétence dans les domaines du génie technique du bâtiment et du parachèvement, pour ce qui est de la formation continue.

Mais pour cette fédération, la clé est d’orienter davantage d’élèves vers ces filières et pas seulement par défaut. «L’objectif de la présente proposition consiste à esquisser des voies possibles afin d’augmenter le nombre et le niveau de préqualification des élèves qui souhaitent intégrer le régime professionnel», a indiqué la Fédération.

Audrey Somnard