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Les 125 000 déçus du non


Selon les statistiques, le non touche directement la moitié des résidents étrangers. (Photo Archives)

Les Luxembourgeois ont dit non. Mais les résidents étrangers, eux, voulaient-ils du droit de vote? En théorie, oui. Mais dans les faits, leur engagement laisse à désirer.

Les Luxembourgeois ont été interrogés sur le droit de vote des étrangers aux élections nationales, et leur réponse a été catégorique : non. Mais on a un peu oublié les principaux intéressés : est-ce que les étrangers auraient voulu de ce droit de vote?

À voir leur participation aux élections communales et européennes, il semblerait que non. C’est en effet un premier constat d’une vaste étude du Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales (Cefis). Dans son enquête «Migralux 2014» sur la participation politique, le Cefis établit un premier constat, amer : lorsqu’ils peuvent voter au Luxembourg, les résidents étrangers le font très peu.

En 1994, lors des élections européennes (les premières élections où les ressortissants de l’UE ont pu voter au Luxembourg), seuls 7,4 % se sont inscrits. Vingt ans plus tard, aux mêmes élections, ils étaient 12,2 %. Pas de quoi sauter au plafond. Aux élections communales de 1999, le taux d’inscription des étrangers était de 12 %. Il est passé à 15 % en 2005 et enfin à 17 % en 2011. Bref, même s’il existe d’autres façons de participer à la vie politique, les étrangers boudent les passages aux urnes.

61 % disent vouloir voter aux législatives

Pourtant, lorsqu’ils sont interrogés, les étrangers semblent bien plus motivés : 50 % des sondés veulent s’inscrire sur les listes pour les communales de 2017 et – nous y voilà – 61% aimeraient participer aux élections législatives de 2018. 61% des 204 769 étrangers résidents au Grand-Duché en âge de voter au 1er janvier 2015, cela fait théoriquement 125 000 déçus. Cela commence à peser.

Mais la faible participation politique des résidents étrangers prouve qu’il existe un décalage entre leurs intentions de vote et la réalité. Les raisons sont multiples et ne relèvent pas que de leur responsabilité. Par exemple, à la différence d’un Luxembourgeois qui a d’office l’obligation de participer aux élections, l’étranger doit faire la démarche de s’inscrire sur les listes électorales pour acquérir le droit et l’obligation de vote. Cela peut expliquer déjà beaucoup de défections. Ensuite, comme le constate le Cefis, les étrangers «ne font pas toujours le lien entre leur intérêt et la participation politique».

Pour 25 % des sondés, l’absence d’intérêt pour la chose politique au Luxembourg vient en tête des raisons de la non-inscription. 10 % des personnes n’étaient pas au courant ou manquaient d’informations sur le système électoral. Environ 8 % des personnes interrogées regrettent que l’ensemble de la vie politique se fasse en luxembourgeois. Et autant déplorent le caractère obligatoire du vote, une fois l’électeur inscrit sur les listes.

Besoin de «plus d’ouverture»

Des sondés qui souhaitent d’ailleurs «plus d’ouverture» de la part des partis politiques vis-à-vis des étrangers, des «explications dans diverses langues», ou encore «des démarches moins lourdes» pour s’inscrire sur les listes.

Bref, il reste du travail pour sensibiliser les résidents étrangers à l’intérêt de la participation politique, mais aussi pour faciliter cette participation. La claque du référendum aura au moins eu l’avantage de remettre le sujet sur la table.

Romain Van Dyck

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