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L’enseignement de l’histoire en danger à l’Université du Luxembourg


Limiter la recherche historique et l'enseignement au temps présent est une décision qui mériterait un débat public, estime l'Institut d'histoire. (illustration Editpress)

L’Institut d’histoire de l’université du Luxembourg s’inquiète pour l’avenir de la recherche historique, notamment concernant les époques antérieures au XXe siècle.

Dans un communiqué, l’Institut d’histoire de l’université s’inquiète des moyens financiers accordés au tout récent Center for Contemporary and Digital History (C2DH), créé sur l’initiative du gouvernement, ainsi que de la décision du conseil de gouvernance de l’université du Luxembourg de ne plus nommer des fonctionnaires aux deux postes vacants sur les cinq postes que compte l’Institut.

La création du C2DH avait laissé vacante la chaire d’histoire de l’époque moderne et d’histoire digitale. Celle d’histoire transnationale luxembourgeoise se libérera à la fin de l’année en raison du départ en retraite de son détenteur actuel.

Or, comme le soulignent les historiens dans cette prise de position commune, la décision de ne pas nommer de nouveaux fonctionnaires à ces postes «conduit deux institutions, dont les missions et efforts de recherche étaient fondés sur la complémentarité à une situation de concurrence involontaire».

L’Institut rappelle le bon résultat qu’il avait obtenu dans le cadre d’un rapport d’évaluation en 2017. En sept ans, l’Institut a accueilli 23 doctorants. Dix-neuf autres seraient actuellement en train de terminer leur thèse.

Réputation en jeu

Le C2DH dispose, lui, de quatre postes académiques pour couvrir la période des cent dernières années et quatre postes supplémentaires seraient à pourvoir. Alors que l’Antiquité, le Moyen Âge, l’histoire du début du XXe siècle ne seraient couverts que par le maigre effectif de l’Institut d’histoire. Une situation «impossible» aux yeux de ses historiens. Rien qu’en automne 2016, environ 90 étudiants étaient inscrits en histoire. Dans le cas où les deux postes à l’Institut ne seraient donc pas remplacés, il serait à craindre que la faculté d’histoire ne corresponde plus aux «standards internationaux».

De nombreux domaines de l’histoire comme la guerre de Trente Ans, l’industrialisation ou la migration au XXe siècle, etc., pourraient ne plus être correctement enseignés, dont ceux «antérieurs à la création de la nation luxembourgeoise».

Une histoire que l’Institut aurait contribué à éclairer de façon significative au cours des dernières années. Dans le domaine de l’histoire digitale également, l’Institut aurait mis sur pied notamment l’atlas historique digital de la capitale ou développé des applications proposant des parcours historiques. Un transfert des postes libérés au sein de l’Institut vers le C2DH pourrait donc sonner le glas de ces programmes de recherche.

Pour toutes ces raisons, l’Institut lance un appel à l’État afin qu’il déclare «indispensable» l’enseignement de l’histoire luxembourgeoise à l’université du Luxembourg et qu’il y consacre un budget adapté. Les historiens estiment d’ailleurs qu’une décision comme celle de limiter la recherche historique et l’enseignement au temps présent mériterait un débat public.

Frédéric Braun