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L’Église en quête de sources de croissance


D'importants chamboulements attendent le vicaire général, Léo Wagener, et son équipe. (Photo Isabella Finzi)

L’archidiocèse a présenté son rapport d’activité et son bilan financier pour l’année 2015. Une année «historique» marquée par la séparation de l’Église et de l’État. Si les chiffres sont bons, l’avenir est incertain.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour l’Église catholique au Luxembourg. L’année 2015 fut même cauchemardesque avec la signature de trois conventions qui allaient bouleverser le quotidien de l’archevêché. La séparation de l’Église et de l’État sonnait la fin des cours de religion dans l’enseignement public, la fin de la prise en charge des ministres du culte et la mise en place de la catéchèse dans les paroisses.

Des bouleversements qui sont intervenus de manière abrupte et qui ont entraîné «une certaine irritation» que le vicaire général, le chanoine Léo Wagener, dit «comprendre». Une irritation de la part des enseignants de religion et de la part des conseils de fabrique d’église priés de donner leur tirelire à un fonds de gestion qui appartiendrait à l’archidiocèse. Et au milieu de tout ce chaos, l’Église catholique s’est encore occupée du contenu du nouveau cours «Vie et société», mais en vain, vu le programme retenu qui ne contient pas, ou très peu, la griffe de l’archidiocèse.

C’est dans ce contexte que l’archidiocèse a présenté son bilan financier et son rapport d’activité 2015 marqué par de nombreuses entrevues bilatérales avec le gouvernement ou des rencontres régionales avec les représentants des fabriques d’église sans compter les réunions d’information pour les enseignants de religion.

Le dialogue avec les fabriques d’église est au point mort, mais l’archidiocèse «garde sa porte ouverte», comme le souligne Léo Wagener. En attendant de pouvoir un jour compter sur le soutien financier des fabriques d’église, véritables trésors de guerre jalousement gardés pour certains, l’archidiocèse a confié à la fondation Sainte-Irmine, qui œuvre au développement pastoral, le projet du fonds d’avenir qui doit fournir à l’archevêché de Luxembourg les ressources financières lui permettant de rémunérer ses nouveaux personnels, du ministre du culte au catéchète, après l’entrée en vigueur de la convention du 26 janvier 2015.

Bénéfice doublé

Pour l’heure, le bilan financier est encore souriant. L’exercice 2015 affiche un résultat positif au niveau du bilan consolidé. Le bénéfice de l’exercice atteint 5,3 millions d’euros pour un total du bilan établi à 154,7 millions d’euros dont 99,2 millions de fonds propres. La dette a sensiblement diminué pour s’établir à 38,8 millions d’euros. Le résultat positif de l’exercice a fortement augmenté par rapport à 2014.

Ce sont ses participations dans le groupe média Saint-Paul et la gestion de son patrimoine immobilier qui constituent le gros des activités économiques de l’archevêché. Et si le bénéfice a doublé en un an, il ne faut pas se tromper. «Ce résultat provient surtout de produits uniques», prévient Marc Wagener. C’est le sous-groupe Lafayette qui réalise les trois quarts de ce bénéfice, entité qui détient 100% du groupe Saint-Paul et qui abrite également l’ensemble du patrimoine immobilier de l’archevêché. Et c’est donc bien l’immobilier qui rapporte, puisque au niveau des produits, c’est l’activité «travaux d’imprimerie» qui enregistre la plus forte baisse suivie de l’activité «organes de presse et éditions».

L’archevêché a su diminuer ses frais de personnel de 1,6 million d’euros en un an, mais d’autres charges l’attendent. Toutes les nouvelles embauches de prêtres, diacres et laïcs au service de l’Église seront imputées directement au budget de l’archevêché dès la loi votée, c’est-à-dire avant cet été, selon les prévisions. «Dans tous les domaines d’activité du groupe de l’archevêché, dans le domaine de la pastorale, de l’immobilier et des médias, nous devons continuer et intensifier nos efforts dans la recherche aussi bien d’économies que de sources de croissance et de résultats dans le domaine commercial», indique le rapport. Mais les appels aux dons sont tout aussi importants. La fondation Sainte-Irmine les collecte. C’est pour le fonds d’avenir.

Geneviève Montaigu

Les chiffres clés

›Baptêmes : 2 648 (2 316 en 2014) dont 31 adultes.

›Mariages : 334 célébrés au Luxembourg et 165 à l’étranger.

›Enterrements : 2 878 contre 2 736 en 2014.

›Octave : 60 000 participants au pèlerinage marial de l’octave.

›Fatima : 15 000 participants pour Notre Dame de Fatima à Wiltz.

›Echternach : 10 275 danseurs, musiciens et pèlerins à la procession dansante à Echternach.

›cathol.lu : 195 464 visiteurs sur les sites internet officiels cathol.lu et web.cathol.lu

Une «School of Religion & Society»

Créée en septembre 2015, elle regroupe l’ensemble des activités de formation, recherche, dialogue et documentation du centre Jean-XXIII.

La restructuration de la recherche et de l’enseignement dans l’archidiocèse de Luxembourg, commencée en 2013 et menée au Centre Jean-XXIII, s’est concrétisée avec la fondation de la Luxembourg School of Religion & Society (LSRS) le 15 septembre 2015. «Cette dénomination témoigne à la fois de l’enracinement local de cette institution, par la référence explicite à Luxembourg, mais aussi de son ouverture à l’international, par l’emploi de l’anglais», souligne le directeur de la LSRS, le professeur Jean Ehret.

Cet institut théologique, interdisciplinaire et multilingue, «ouvert à la collaboration avec les autres cultes conventionnés», précise-t-il, se caractérise par sa démarche scientifique qui s’intéresse aux relations mutuelles entre «religion» et «société». À cet égard, Jean Ehret a insisté sur ce «et» qui, selon lui, «rappelle un lien et représente la relation diversifiée et en constante évolution entre la (les) religion(s) et la société».

À cette fin, «la liberté académique, l’esprit critique, l’interdisciplinarité et le multilinguisme sont aussi nécessaires que le respect mutuel, l’amitié, la solidarité avec les plus faibles et le souci de la paix et de la justice, afin de comprendre et de prendre soin de notre humanité», conclut le professeur Ehret.

Aide aux réfugiés

Archives Jean-Claude Ernst

Archives Jean-Claude Ernst

Avec le projet «Reech eng Hand» lancé en 2015 par l’archevêque de Luxembourg Jean-Claude Hollerich, l’archidiocèse «a répondu à l’appel du pape François d’accueillir et d’accompagner des réfugiés, face à la crise humanitaire actuelle», indique Marie-Christine Ries, responsable du projet qui mobilise «de nombreux bénévoles».

«C’est une culture de l’accueil vécue, en cette année de la Miséricorde», souligne-t-elle. Fin 2015, 37 personnes avaient accepté de devenir personnes de contact au niveau local et les premières équipes ont été créées à différents endroits du pays.

Mais le projet «Reech eng Hand», ou «tend une main aux réfugiés», c’est aussi 70 bénévoles formés en 2015, six groupes locaux en activité, six logements, un hall et une dizaine d’actions de récolte de dons.

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