Le fait de ne pas avoir pu conquérir un 5e siège reste en travers de la gorge du parti réformiste d’alternative démocratique qui appelle, à nouveau, à une réforme d’un système électoral qu’il qualifie d’«inéquitable.»
Réuni lundi soir au niveau de son comité national, l’ADR a procédé à l’analyse politique des élections du 14 octobre. Deux principaux constats sont ressortis de ce rendez-vous postélectoral, comme l’a indiqué son président, Jean Schoos : «D’une part, l’ADR a augmenté son score national, ainsi que dans les quatre circonscriptions et, d’autre part, l’ADR maintient que le système électoral est inéquitable et doit donc être réformé.»
L’ADR peste en effet depuis des années contre le système électoral national, après avoir déjà introduit, en 2013, une proposition de loi allant dans le sens d’une révision du nombre de sièges à pourvoir, par circonscription électorale.
L’ADR se dit prêt à aller devant la CEDH
S’estimant largement lésé, notamment par la «sous-représentation manifeste de la circonscription Est», circonscription dans laquelle l’ADR espérait glaner un 5e siège pour pouvoir constituer un groupe politique à la Chambre, son comité national est prêt à porter l’«affaire» devant la justice.
L’ancien député et candidat dans l’Est, Robert Mehlen, a d’ailleurs envoyé, mercredi dernier, un courrier de «protestation contre les résultats électoraux» au président de la Chambre, avec copies au Grand-Duc et au ministère d’État. Dans sa missive, il estime, entre autres, que la Chambre ne respecte pas la Constitution car, selon cette dernière : «Les Luxembourgeois sont égaux devant la loi.» «En tant qu’électeur de la circonscription Est je suis d’avis que l’article 10bis de la Constitution est violé, de par le fait que les électeurs dans notre pays n’ont pas partout le même droit de vote», écrit-il en comparant le nombre d’électeurs dans les circonscriptions Est et Centre (36 595 contre 72 986), ainsi que le nombre de suffrages que peuvent y exprimer les électeurs (7 contre 21). En ce sens, Robert Mehlen a indiqué mardi aux médias que l’ADR était «prêt à aller devant la Cour constitutionnelle ou à emprunter la voie civile pour obtenir des dommages-intérêts et espérer être débouté en première instance, pour ensuite pouvoir interjeter appel et nous libérer la voie pour pouvoir aller devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg».
Cela dit, outre la question de l’équité du système électoral, l’ADR ne s’est pas montré avare en critiques tous azimuts.
Critiques contre le CSV, les pirates, les médias…
En excluant prématurément une coalition avec l’ADR, le CSV aurait incité une partie de ses électeurs à voter en faveur de partis protestataires, «tels que le Parti pirate qui, en jouant subitement sur la langue luxembourgeoise, à 14 jours du scrutin, a montré qu’il n’y a pas plus populiste que lui», dixit Jean Schoos, qui a également invité le CSV à «s’habituer à rester dans l’opposition». Enfin, l’ADR a fustigé certains médias qui auraient tout fait pour l’associer à l’AfD allemand (sans le citer), «afin de désinformer en amont du scrutin, alors que (l’ADR) n’a rien à voir avec ce parti». Avant, pour l’ADR, de conclure qu’il s’engagera, pendant cinq ans, «afin que les résultats du référendum de 2015 soient respectés».
Claude Damiani