Le recours «inapproprié» des antibiotiques a diminué ces dernières années au Grand-Duché. Il reste néanmoins encore des efforts à faire.
« Les antibiotiques ont révolutionné la médecine, affirme la ministre de la Santé, Lydia Mutsch. Mais aujourd’hui, l’utilisation excessive et abusive de ces « médicaments miracles » dans la médecine humaine et vétérinaire met en danger leur efficacité.» En effet, une surconsommation ou une utilisation à mauvais escient des antibiotiques (ou antimicrobiens) entraînent l’apparition de souches de résistance dans le corps humain. Et différentes études montrent que l’incapacité de traiter certaines infections cause la mort de plus de 25 000 personnes par an en Europe (des chiffres semblables sont déclarés aux États-Unis).
Jeudi, Lydia Mutsch, en compagnie du commissaire européen de la Santé, Vytenis Andriukaitis, a ouvert une rencontre du groupe de travail transatlantique sur la résistance antimicrobienne (Tatfar) 2015 (lire encadré bleu). «La résistance antimicrobienne est une des plus grandes menaces globales pour la santé publique», estime la ministre de la Santé.
«Le combat continue»
Et elle touche le Grand-Duché. En 2014, le ministère de la Santé a constaté «une augmentation significative des résistances des bactéries aux antibiotiques au cours des trois dernières années». Et l’an passé, avec 25,8 antibiotiques consommés pour 1 000 habitants et par jour, le pays occupaient le 7e rang européen des consommateurs d’antibiotiques, selon les chiffres du Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies. Néanmoins, «la consommation ambulatoire des antibiotiques a diminué de 7 % l’année dernière», note Lydia Mutsch. «Il y a une prise de conscience, poursuit la ministre de la Santé. Les médecins ont beaucoup changé leur approche et ils sont devenus des acteurs dans ce combat commun. Mais le combat continue.»
Cette lutte passe «par une meilleure compréhension, sensibilisation et information, souligne Lydia Mutsch. Le message principal est de ne pas gaspiller ce beau médicament pour une utilisation qui ne convient pas. En cas de grippe, rhume, toux banale ou encore dans 80 % des angines d’origine virale, les antibiotiques sont inefficaces contre les virus. Ils ne font ni baisser la fièvre ni guérir plus vite. Les antibiotiques tuent les bactéries mais n’ont aucune efficacité contre les virus. Il faut absolument utiliser les antibiotiques à bon escient.»
Guillaume Chassaing
Sept règles d’or
Le 18 novembre dernier, lors de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, le ministère de la Santé a souligné «les sept règles d’or pour préserver l’efficacité des antibiotiques». Un petit rappel n’est pas inutile.
1. Veiller à respecter la dose et la durée d’un traitement antibiotique prescrit par le médecin.
2. Ne pas arrêter le traitement prématurément : si l’état de santé semble s’être amélioré, il faut prendre l’antibiotique jusqu’au bout.
3. Ne pas donner son traitement à quelqu’un d’autre.
4. Ne pas réutiliser un antibiotique plus tard : si des symptômes similaires se déclarent, consulter le médecin.
5. En cas de doutes sur l’efficacité du traitement ou en présence d’effets indésirables, demander conseil à son médecin.
6. Ne pas insister pour recevoir une prescription d’antibiotique en cas de maladie virale, sachant que les rhumes, refroidissements, la grippe, la toux banale, et la plupart des angines sont dues à des virus et guérissent spontanément.
7. Ne pas prescrire d’antibiotiques lorsque l’origine bactérienne d’une infection n’est pas démontrée.