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Les messages de Bettel à Kiev


Le président ukrainien, Petro Porochenko, a tenu à remercier vivement le Premier ministre, Xavier Bettel, et le Luxembourg pour leur soutien. (photo SIP / Jean-Christophe Verhaegen)

Deux semaines après sa visite en Russie, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, s’est rendu en Ukraine, jeudi, où les mots doux n’ont cessé de fuser de part et d’autre.

Il s’agit de la première visite d’un Premier ministre luxembourgeois dans l’ancienne république soviétique depuis Jean-Claude Juncker en 1998. Xavier Bettel s’est entretenu à Kiev avec le président ukrainien, Petro Porochenko, et le Premier ministre, Arseni Iatseniouk. Il est venu dans la capitale ukrainienne pour «écouter le point de vue ukrainien, se faire une impression de la situation», alors que le conflit dans l’est du pays est toujours loin d’être réglé. Les relations bilatérales entre les deux pays ont également figuré au menu des discussions.

« L’Ukraine n’a pas à choisir entre l’Union européenne et la Russie », précise Xavier Bettel dans l’avion le menant jeudi matin à Kiev, rappelant que le refus par le président pro-russe, Viktor Ianoukovitch, de l’accord d’association UE-Ukraine, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2016, est à l’origine du soulèvement de la place Maïdan de Kiev de fin 2013. Ce soulèvement atteindra son paroxysme en février 2014 et aboutira à la fuite puis à la destitution de Ianoukovitch. Les événements des mois suivants sont connus : annexion de la Crimée par la Russie après un référendum d’autodétermination non reconnu par Kiev et les Occidentaux et déclenchement d’un conflit par les séparatistes pro-russes dans le Donbass à l’est du pays.

Les sanctions ne sont pas une fin en soi

Le moins que l’on puisse dire est que le président ukrainien n’a pas été avare de compliments pour son hôte du jour. Devant les journalistes, après un entretien d’un peu plus d’une demi-heure avec Xavier Bettel à l’administration présidentielle, il n’a eu de cesse de remercier le Luxembourg pour « son soutien à la souveraineté de l’Ukraine après l’annexion de la Crimée (…), son soutien à la candidature de l’Ukraine à un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, pour sa contribution à l’OTAN » qui soutient l’Ukraine. Même son de cloche du côté de son Premier ministre, Arseni Iatseniouk, au siège du gouvernement.

Alors que le Luxembourg assure actuellement la présidence du Conseil de l’UE, les sanctions européennes à l’encontre de la Russie, qui doivent être reconduites au 1er janvier 2016, ont bien évidemment été évoquées. Pour Xavier Bettel, elles sont un moyen « de continuer à faire pression sur la Russie », elles sont « une réponse à l’agression d’un territoire », mais pas une fin en soi. Pour Petro Porochenko, les sanctions « fonctionnent », il en veut pour preuve la trêve globalement respectée depuis le 1 er septembre dans l’est de l’Ukraine et le retrait en cours des chars et des armes de gros calibre le long de la ligne de front. Cette trêve est l’un des points des accords de Minsk II de février 2015 signés sous le format dit «Normandie» (Allemagne, France, Ukraine et Russie). Mais les deux dirigeants sont unanimes, le cessez-le-feu en cours n’est que l’une des composantes des accords de Minsk, qui prévoient, entre autres, la restauration des frontières de l’Ukraine avec la Russie.

«La Syrie ne doit pas faire oublier l’Ukraine»

« Les accords de Minsk sont un ensemble de conditions à remplir, ils sont les seuls accords existants, ils ne doivent pas être un simple bout de papier », martèle le Premier ministre luxembourgeois, pour bien notifier leur importance. « Et ces conditions ne sont pour l’instant pas remplies des deux côtés », rappelle Xavier Bettel, en allusion aux pouvoirs accrus qui doivent être accordés aux régions séparatistes en vertu des accords de Minsk. Le vote en première lecture au Parlement de Kiev le 31 août dernier d’une réforme constitutionnelle accordant plus d’autonomie aux régions de l’Est a d’ailleurs provoqué de violentes manifestations des mouvements nationalistes ukrainiens se soldant par la mort d’un policier.

Le Premier ministre luxembourgeois a également tenu à souligner le danger que pourrait représenter la crise syrienne pour un règlement du conflit ukrainien – « un conflit à la frontière de l’Union européenne » – et a insisté sur le fait que les deux dossiers n’étaient aucunement liés : « La Syrie ne doit pas faire oublier l’Ukraine », au moment où l’intervention russe en soutien à Bachar al-Assad attire à elle toute l’attention politique, diplomatique et médiatique.

De notre envoyé spécial à Kiev, Nicolas Klein

Le poids d’ArcelorMittal

ArcelorMittal est l’un des plus gros investisseurs étrangers en Ukraine, il emploie « plus de 30  000 personnes dans tout le pays », a tenu à rappeler Xavier Bettel, jeudi. Mais le Premier ministre signale toutefois que l’incertitude liée au conflit dans le Donbass est un frein aux investissements  : « Difficile d’attirer des investissements quand on ne sait pas de quoi demain sera fait .» ArcelorMittal a annoncé en juillet de cette année son intention d’investir un milliard d’euros en Ukraine ces prochaines années.

Sur le terrain des relations bilatérales, le Luxembourg apporte une aide à la formation du secteur financier ukrainien. Il existe également une coopération entre Kiev et Luxembourg dans les domaines du tourisme, du sport et de la culture. Les deux pays sont, par ailleurs, en train de mettre au point un accord de non double imposition.

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