Vendredi, le plan de reprise du Grand-Duché, doté de 93 millions d’euros, a été validé par Bruxelles. Le projet novateur est la mise en place d’une infrastructure de communication ultrasécurisée basée sur la technologie quantique.
La technologie quantique ? Même Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, était un peu perplexe au moment de se rendre, vendredi matin, au château de Betzdorf, le siège de la Société européenne des satellites (SES). Une visite guidée plus tard, la cheffe de l’exécutif européen rend compte d’une «révélation».
Jeudi, Ursula von der Leyen se trouvait encore au pied de l’Acropole à Athènes. Comparé à ce monument historique, Betzdorf est certainement moins attrayant. Mais en fin de compte, la présidente de la Commission est repartie tout aussi impressionnée de la dernière étape du lancement de sa tournée d’évaluation des plans de relance post-Covid préparés par les 27 États membres. Après le Portugal, l’Espagne, le Danemark et donc la Grèce, la présidente de la Commission européenne a rejoint jeudi soir le Luxembourg. Après un dîner avec Xavier Bettel dans le Grund, la visite de travail a officiellement commencé vendredi matin par une audience accordée par le Grand-Duc Henri au Palais grand-ducal. Le cap a ensuite été mis sur Betzdorf.
«Des investissements de haute qualité»
L’objectif premier du déplacement d’Ursula von der Leyen était la validation formelle du plan pour la reprise et la résilience (PRR) introduit par le gouvernement luxembourgeois pour bénéficier des fonds du programme de relance post-Covid, baptisé «NextGenerationEU». La Commission européenne a été autorisée par les États membres à emprunter une somme totale de 750 milliards d’euros. Cet argent est redistribué sous forme de subventions aux différents pays.
«Nous devons mettre encore plus l’accent sur des investissements de haute qualité, axés sur la durabilité et la numérisation», note le Premier ministre, Xavier Bettel. Les objectifs fixés par la Commission correspondraient aux priorités que s’est donné le gouvernement luxembourgeois. Ce sont 20 projets de réformes ou d’investissements qui ont été proposés à la Commission européenne (lire ci-dessous). On y retrouve des projets «recyclés», qui étaient déjà lancés avant le déclenchement de la crise sanitaire. Sont citées notamment la construction du quartier résidentiel «NeiSchmelz» à Dudelange ou l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques à travers le pays. Le Pacte logement 2.0 ou le «Naturpakt» seront à leur tour cofinancés par l’Europe.
Le Luxembourg s’est vu attribuer 93 millions d’euros pour réaliser les projets validés par Bruxelles. L’enveloppe globale reversée dans le cadre du programme «NextGenerationEU» au Grand-Duché est de 252 millions d’euros, dont 145 millions d’euros qui ont notamment servi à financer le testing à grande échelle et le chômage partiel.
La part des investissements affectés à la lutte contre le changement climatique s’élève à 61%, soit largement plus que le seuil de 37% requis par la Commission européenne. «Le Luxembourg dispose du plan de relance le plus vert d’Europe», constate Ursula von der Leyen. Les investissements numériques constituent 32% de l’enveloppe totale du Luxembourg, le seuil minimal requis étant de 20%.
De la «science-fiction» à la réalité
Comme évoqué ci-dessus, le projet le plus novateur est la mise en place d’une infrastructure de communication ultrasécurisée basée sur la technologie quantique. «Cela peut encore ressembler à de la science-fiction», admet Xavier Bettel. Le Luxembourg se dit toutefois prêt à jouer une nouvelle fois le rôle de pionnier. À la base, une infrastructure de communication quantique (LuxQCI) doit renforcer la sécurité de communication de données sensibles. Des clefs quantiques sont générées pour crypter les données. Sur terre, des fibres optiques relient de manière directe deux utilisateurs. «Au-delà de 100 km de distance, il est nécessaire d’utiliser une infrastructure spatiale en recourant à des solutions satellitaires. Ces satellites doivent héberger des équipements spécifiques qui sont actuellement en voie de développement», peut-on lire dans la description du projet soumis à la Commission.
Depuis 2018, un consortium international, mené par SES et associant le milieu de la recherche, a réussi à se positionner sur la composante spatiale de cette entreprise. Afin de concrétiser le travail de développement, le Luxembourg va investir 10 millions d’euros dans le projet, qui se veut complémentaire aux travaux menés dans le cadre de l’European Quantum Communication Infrastructure (EuroQCI).
Le lancement du premier satellite est prévu pour début 2024 et le deuxième satellite devrait suivre environ une année plus tard. En 2026, il est prévu de lancer plusieurs autres satellites afin d’augmenter la connectivité. «Il s’agira d’une grande contribution à la souveraineté européenne», met en avant Ursula von der Leyen, riche en nouveaux enseignements au moment de repartir vers Bruxelles.
David Marques
Les projets de réformes ou d’investissements
Transition verte
VÉHICULES ÉLECTRIQUES Déploiement d’un régime d’aide visant à agrandir le réseau de bornes de recharge pour les véhicules électriques dans l’ensemble du pays → 30,5 millions d’euros
BIODIVERSITÉ Mise en place d’un «Naturpakt» avec les communes afin d’apporter un soutien financier en faveur des mesures de protection de la nature et de prévention de la perte de biodiversité → 6 millions d’euros
ÉNERGIES RENOUVELABLES Création du nouveau quartier résidentiel «NeiSchmelz» sur les friches industrielles de Dudelange, qui profitera du chauffage et de l’électricité produits à partir d’énergies renouvelables → 24 millions d’euros
Transition numérique
COMMUNICATIONS SÉCURISÉES Développement et déploiement d’une infrastructure ultrasécurisée fondée sur la technologie quantique en vue d’améliorer la sécurité des communications dans le domaine public, dans le cadre d’un projet européen → 10 millions d’euros
SERVICES NUMÉRIQUES Création de nouveaux services administratifs numériques pour les entreprises et les citoyens → 13 millions d’euros
SOINS DE SANTÉ NUMÉRIQUES Mise en œuvre d’une solution de télémédecine pour le suivi médical et le traitement à distance des patients → 0,8 million d’euros
Économie et social
FORMATION (1) Organisation de formations destinées aux demandeurs d’emploi, dont au moins 30 % devront avoir plus de 45 ans, axées sur les domaines du numérique et de la gestion → 1,5 million d’euros
FORMATION (2) Mise en place de cours de formation en ligne et offre d’un coupon de formation numérique unique pouvant aller jusqu’à 500 euros à tous les salariés de courte durée → 5 millions d’euros
Et, pendant ce temps-là, les fonctionnaires de l’EU à Bruxelles mettent leurs données sur les cloud américains.
Quelle pagaille (pour rester poli) que cette bande de bureaucrates!