Jusqu’à fin août, 440 Russes ont requis un visa pour voyager au Grand-Duché. En 2019, l’ambassade à Moscou avait encore enregistré plus de 2 000 demandes.
La Commission européenne a détaillé hier les propositions visant à durcir les conditions d’octroi de visas aux citoyens russes. La non-reconnaissance des passeports russes délivrés dans les zones occupées en Ukraine a aussi été actée par Bruxelles.
Quelques heures plus tôt, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères est revenu sur les tractations qui ont finalement permis à dégager ce compromis entre les 27 pays de l’UE. «Les pays baltes et la Pologne estiment que la guerre contre l’Ukraine est menée par la Russie dans son ensemble. À leurs yeux, le peuple russe doit aussi être tenu responsable», introduit Jean Asselborn. Le Luxembourg s’est rangé dans le camp de ceux qui ont estimé que l’on ne peut pas «baisser le rideau» pour tous les citoyens russes. «Une interdiction intégrale pour l’octroi de visas aux Russes n’était pas la bonne voie à suivre. En fin de compte, il a été décidé de mettre fin au traitement spécial réservé depuis 2007 aux ressortissants russes», explique le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Car, même une exception accordée aux dissidents ou journalistes russes, aurait eu pour effet de «stigmatiser qui ont le courage de s’opposer à Poutine».
Une décision au cas par cas
Désormais, les 27 pourront décider au cas par cas s’ils accordent des visas, limités à trois mois, à des ressortissants russes. «Un visa peut être refusé sans argumentation particulière. Il sera de la responsabilité des différents États membres s’ils décident de n’accorder plus aucun visa», précise Jean Asselborn, en songeant notamment aux pays baltes ou à la Finlande. «Des dizaines de milliers de Russes viennent faire leurs emplettes en Lituanie, Lettonie ou Estonie. Cela représente un problème de sécurité. La Finlande a jusqu’à présent accordé 3 millions de visas par an aux Russes. Aujourd’hui, de grosses cylindrées sont abandonnées dans les aéroports finlandais. Personne ne sait si les propriétaires reviendront», énumère le ministre socialiste.
«L’impact dans ces pays est tout autre qu’au Luxembourg, en Belgique ou au Portugal, qui sont loin du front», admet Jean Asselborn. Le Grand-Duché est peu prisé par les Russes. En 2019, 2 104 demandes de visas ont encore été introduits. Avec le covid, ce chiffre est retombé à 470 en 2020. Depuis janvier de cette année, 440 demandes ont été réceptionnées.