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Manifestations : le CSV veut une loi pour défiler en paix


Trois députés et élus communaux autour du président de la fraction, Gilles Roth (à dr.), pour présenter la position du CSV qui revendique une loi encadrant le droit de manifester sans violence. (photo Julien Garroy)

Le droit de manifester est sacré pour la liberté d’expression. Le CSV veut le préserver et demande donc de légiférer pour protéger les citoyens et les policiers face aux auteurs de violences.

C’est, selon lui, pour préserver intacte la liberté de manifester et donc de s’exprimer que le CSV propose d’instaurer un cadre strict au droit d’organiser des manifestations. Une loi qui protégerait aussi bien les droits des citoyens que les policiers, cibles de menaces verbales et d’insultes sur les réseaux sociaux et dans la rue.

Lundi, les chrétiens-sociaux ont martelé leur intolérance à toutes les formes de violences, telles que celles relevées au cours des manifestations à Luxembourg dans le cadre des oppositions à la politique sanitaire du gouvernement. Le député Serge Wilmes, échevin de la capitale, souligne qu’il y a urgence à légiférer alors que les moyens de la Ville de Luxembourg sont limités.

Toute manifestation doit être autorisée, donc déclarée à l’administration communale huit jours avant la date, mais elle peut difficilement refuser cette autorisation. «Notre règlement stipule que nul ne peut entraver la circulation sans autorisation spéciale», précise Serge Wilmes, rappelant que seule la police peut imposer un tracé.

Un parcours qui ne doit pas nuire aux commerçants et à leurs clients qui aiment flâner paisiblement dans les rues piétonnes de la capitale le samedi après-midi. Beaucoup y ont renoncé par crainte de voir les manifestations dégénérer. Pour Serge Wilmes, c’est tout aussi intolérable.

«Les commerçants ont déjà beaucoup souffert de la crise et ils avaient déjà perdu de leur attractivité pendant le chantier du tram», résume ainsi le député et échevin qui suggère un fonds de dédommagement à charge de l’État, à l’image de l’enveloppe de 4 millions d’euros que l’État avait réservée aux commerçants s’ils s’estimaient lésés par le chantier du tram.

Autre échevin et député de la capitale, Laurent Mosar revient sur les trois points principaux que cette loi devra aborder, en commençant par la protection de la police, sous pression permanente. «La police souffre d’un manque chronique de personnels accentué ces derniers temps par les nombreux malades du covid», explique-t-il.

Privés de leurs congés et de leurs week-ends pour assurer l’encadrement des manifestations, ils se font en plus copieusement insulter.

Laurent Mosar se réjouit d’ailleurs de la proposition de la ministre de la Justice, Sam Tanson, d’alourdir les sanctions pénales en cas de rébellion et de sanctionner sévèrement les insultes aux forces publiques. Il s’agit aussi de permettre d’enquêter en ligne sous un pseudonyme dans le cadre de ces manifestations.

Le second point que soulève Laurent Mosar concerne les enfants que les parents emmènent à des manifestations qui risquent fort de déraper. «C’est le cas des manifestations non déclarées et non autorisées, et il n’est pas acceptable que les parents instrumentalisent leurs enfants qui posent avec des pancartes hostiles devant les policiers», s’insurge Laurent Mosar.

La loi devrait donc aussi encadrer, selon le CSV, la participation des enfants aux manifestations.

La violence importée

Enfin, le cas des organisateurs interpelle les chrétiens-sociaux. «Il n’est pas tolérable qu’ils puissent appeler à la violence sur les réseaux sociaux et n’assument plus leurs actes après coup», dit le député et échevin. Laurent Mosar illustre son propos par la diffusion d’une vidéo prise par un individu particulièrement grossier et menaçant envers les policiers.

À son tour, Léon Gloden, le député-maire de Grevenmacher, plaide pour une loi uniforme «valable pour toutes les communes», d’autant qu’elles ne sont pas toutes dotées d’un règlement de police. «Les gens ont le droit de manifester leur opinion et je connais des tas de gens qui ne sont pas d’accord avec la politique du gouvernement et qui veulent simplement le dire pacifiquement dans la rue», insiste le député-maire. Les gens ont peur de la violence et, surtout, «celle importée des pays voisins», précise Léon Gloden en visant particulièrement la France.

Pour les «casseurs importés», il faut développer la coopération policière. Elle fonctionne bien avec les voisins belges, mais les trouble-fêtes viennent majoritairement de France. Comment dès lors appréhender le problème ? Il existe la notion de périmètre de sécurité qui s’applique autour du stade dans le cadre d’un match à risque. «La police peut sortir tout individu de ce périmètre», explique Léon Gloden, qui suggère d’installer ce périmètre de sécurité directement à la frontière pour cueillir les indésirables et les encadrer «comme des hooligans qu’on remet dans le premier train de retour», illustre-t-il.

Le CSV propose de s’inspirer des lois qui existent ailleurs.

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