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Le CSV s’impatiente


Claude Wiseler attend la reprise des débats à la Chambre des députés. (photo Alain Rischard)

Le CSV, principal parti d’opposition, qualifie de «majeure» la session parlementaire qui débute la semaine prochaine. Mais le gouvernement est occupé ailleurs, regrette-t-il.

Les réformes se font attendre, celles déjà réalisées sont bancales et la réforme constitutionnelle prend du retard. Le CSV fait sa rentrée et se prépare à l’affrontement.

Afin que personne ne perde le fil, le CSV a entamé sa conférence de presse de rentrée en reprenant la conclusion de son bilan parlementaire de juillet dernier. Ce gouvernement ne sera pas en mesure de mener les réformes annoncées dans les temps, trop occupé qu’il a été par le référendum de juin dernier, trop pris aujourd’hui par la présidence européenne avant de se retrouver dans un an à préparer les élections communales.

Le principal parti de l’opposition résume ainsi le planning du gouvernement, alors que, selon lui, nous entamons une « session parlementaire majeure », pour reprendre l’expression de Claude Wiseler, le président de la fraction parlementaire. Hier matin, il était entouré de Martine Hansen et de Marc Spautz pour évoquer les dossiers qui doivent se retrouver sur la table des discussions au cours de cette année parlementaire.

Si le gouvernement pensait avoir clôturé les grandes réformes sociétales, celle de la séparation de l’Église et de l’État pose toujours des questions de compatibilité juridique, selon le CSV qui attend l’avis du Conseil d’État sur ce point. Sur le même sujet, le contenu du cours de valeurs qui doit remplacer l’enseignement religieux et le cours de moral n’a toujours pas été dévoilé. « Autant de dossiers qui ne sont pas encore évacués, contrairement à ce que peut affirmer le Premier ministre », déclare Claude Wiseler.

Une rentrée difficile

Il espère que le gouvernement ne répétera pas l’erreur qu’il a commise avec le référendum de juin dernier qui manquait singulièrement de préparation. Raison pour laquelle il ne paraît pas réaliste pour le CSV d’organiser le second référendum au début de 2017 comme le prévoit Alex Bodry, le président de la commission des Institutions et de la Réforme constitutionnelle. « Nous ne nous laisserons pas mettre sous pression », a prévenu Claude Wiseler, pour qui l’enjeu est trop important. Dix ans de travaux ne méritent pas d’être réduits à néant à cause d’une précipitation inappropriée, estime le CSV.

Le parti voit d’un très mauvais œil un éventuel couplage du référendum avec les élections communales, initiative qui manquerait de sérieux selon lui. Les travaux sont encore en chantier et le Conseil d’État doit encore analyser les 70 amendements déposés. « Un référendum à la fin de l’année 2017 signifierait qu’un premier vote à la Chambre devrait intervenir d’ici un an et c’est impossible », prévient Claude Wiseler.

Si cette session paraît essentielle au CSV, c’est parce qu’il attend l’aboutissement des réformes annoncées telles que le congé parental dont le projet n’est pas encore déposé. « Il était censé compenser la réforme des allocations familiales », rappelle le président de la fraction CSV. Le concept de prise en charge gratuite et bilingue des jeunes enfants se fait également attendre, tout comme la réforme de l’assurance dépendance et la loi sur la protection de la nature qui doit venir compléter la simplification administrative qui revêtait pourtant un caractère d’urgence pour le gouvernement à son arrivée au pouvoir. Les services de secours, les finances communales, la réforme de l’enseignement secondaire sont d’autres grands chantiers qui n’avancent guère, regrette le CSV, qui se montre impatient.

Martine Hansen a, de son côté, commenté le bilan de la formation professionnelle réformée en 2008 pour dire que cette étude n’avait rien révélé de neuf. « On pouvait très bien s’en passer, comme l’a dit la Chambre de commerce, tant les défaillances étaient flagrantes », déclare Martine Hansen. Elle estime d’ailleurs que le gouvernement aurait déjà pu apporter des améliorations sans modifier la loi.

Le président du parti et député du Sud, Marc Spautz, a rapidement évoqué les projets de loi concernant le domaine du travail, dont la réforme du dialogue social, et s’est empressé de rappeler que les chambres professionnelles avaient jugé désastreux le projet de loi «politique des âges» déposé par le gouvernement.

Le CSV s’est présenté combatif. La rentrée parlementaire s’annonce chaude.

Geneviève Montaigu