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Le budget 2023 adopté dans la douleur


Le ministre Franz Fayot (à d.), ici aux côtés de la ministre Backes et du ministre Hansen.  (Photo : Chambre des députés)

Un vif échange entre opposition et majorité a précédé, jeudi matin, le vote du budget de l’État 2023. Des insultes ont même été prononcées. Ambiance.

La ministre des Finances, Yuriko Backes, s’est voulue conciliante en conclusion des débats sur le projet de budget 2023 : «Je tiens vraiment à dire un grand merci à la Chambre pour cet échange.» Auparavant, elle avait défendu encore une fois sa politique budgétaire qualifiée de «responsable, solidaire et réaliste».

Elle a également répété sa volonté de procéder au printemps prochain à des allègements fiscaux «socialement ciblés». «Nous le voulons. Il reste à savoir si nous allons disposer de la marge suffisante pour réaliser ces allègements. En tout état de cause, cela n’aura aucun lien avec les élections à venir», se défend la ministre libérale aux critiques formulées par les partis de l’opposition

Le ton a rapidement changé lors de l’intervention du ministre de l’Économie et de la Coopération, Franz Fayot. Mercredi, l’ADR, qui se voit déjà au gouvernement, avait suggéré de réduire le budget consacré à l’aide au développement de 1 % du revenu national brut à 0,7 %, le seuil minimal fixé par la communauté internationale. Il s’agit d’une des mesures que le parti réformateur compte prendre pour réduire le déficit des finances publiques.

«La revendication de l’ADR ne m’étonne guère. Elle fait partie intégrante du playbook (NDLR : de la stratégie) de l’extrême droite et du populisme de droite. Cela témoigne d’une insensibilité et d’une myopie sans nom. Nous n’allons certainement pas réduire le budget de coopération, pour des raisons de solidarité élémentaire et c’est, aussi, dans l’intérêt de notre pays. Il s’agit d’un investissement dans le futur», clame le ministre socialiste.

Keup traite Fayot d’«imbécile»

Le reproche d’être un parti d’«extrême droite» a provoqué l’ire du chef de file de l’ADR à la Chambre, Fernand Kartheiser, mais aussi du président de l’ADR, Fred Keup. «Écoutez-moi très bien. Vous n’avez pas d’autres arguments pour nous blâmer et préférez, donc, lancer des attaques personnelles. Nous sommes le seul parti à défendre la liberté d’expression. C’est bien vous qui êtes un extrémiste, qui êtes incapable de faire une analyse politique différenciée», rétorque le premier.

Le second traite peu après le ministre socialiste d’«imbécile». «Je n’ai encore jamais été traité d’imbécile à la Chambre. Cela est extrêmement grave», répond Franz Fayot. Fred Keup a, lui, obtenu un avertissement de la part du président de la Chambre, Fernand Etgen.

Cet épisode pour le moins malheureux est venu confirmer que les débats sur le projet de budget ont eu des allures de campagne électorale avant l’heure. Chaque parti d’opposition a tenté de mettre en avant les contours de son programme électoral pour les prochaines législatives.

Une dette publique à 26,3 % du PIB

En fin de compte, le cadre financier que va se donner l’État pour 2023 a été adopté par les seuls 31 élus de la majorité tricolore (DP, LSAP, déi gréng). L’opposition a voté en bloc contre le projet de budget (CSV, ADR, déi Lénk et Parti pirate).

Pour rappel, le prochain exercice budgétaire doit se clôturer par un déficit de 2,8 milliards d’euros (État seul), mais celui-ci se réduit à 1,8 milliard d’euros en y ajoutant les budgets des communes et de la sécurité sociale. Les recettes se chiffrent à 24,5 milliards d’euros contre une enveloppe de 27,3 milliards de dépenses.

Fin 2023, la dette publique va pointer à 26,3 % du PIB, contre 22,4 % en 2019. Hors financement des mesures de crise (covid et énergie), l’endettement public du Luxembourg se situerait en 2023 à 19,7 % du PIB. À l’horizon 2026, la dette pourrait atteindre les 29,6 % du PIB (23,5 % hors mesures de crise).

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