Il faut instaurer dans l’urgence une offre thérapeutique, offrir une unité spéciale de psychiatrie, privilégier le bracelet électronique… Lydie Err est passée en prison.
Derrière les barreaux, les détenus les plus fragiles ne sont pas suffisamment encadrés. (Photos : AFP/Isabella Finzi)
Le premier rapport de la médiateure livre un certain nombre de constats sur les conditions de détention des populations dites vulnérables en milieu carcéral, mais les catégories retenues composent finalement une grosse partie du contingent.
Sont considérées comme vulnérables les personnes détenues depuis une durée prolongée, les condamnés à une longue peine, mais aussi ceux qui ont écopé d’une courte peine, les personnes âgées, les malades, les toxicomanes, les homosexuels, bisexuels ou transgenres, plus rares en prison, et enfin les personnes de nationalité étrangère qui sont incapables de communiquer pour des raisons linguistiques.
Il était difficile pour la médiateure et ses collaborateurs, hier, de dire finalement combien de personnes étaient concernées par ce rapport, ce qui n’empêche pas d’analyser les différents problématiques auxquelles elles sont confrontées et qui sont d’ailleurs récurrentes en milieu carcéral. Il s’agit de l’encadrement psychologique, l’offre thérapeutique, la préparation à la sortie, le maintien des relations sociales et familiales ou les efforts menés en vue d’une réinsertion sociale.
« Le coût du téléphone est à lui seul un problème pour ceux qui tentent de maintenir un contact avec leur famille qui habite à l’étranger, surtout pour ceux qui n’ont pas de travail à la prison, qui doivent déjà payer des amendes, des dommages et intérêts », cite par exemple Lydie Err. Elle ne recommande pas d’instaurer un tarif spécifique, mais pointe un problème réel.
> Privilégier le bracelet électronique
Elle place l’offre thérapeutique en première position de ses recommandations et ajoute qu’un suivi thérapeutique devrait être accordé à tous les détenus qui en font la demande. « Comment prend-on en charge un pédophile avant et après sa sortie ? », interroge la médiatrice.
Elle estime qu’il y a un besoin urgent de mettre en place l’unité de psychiatrie spéciale, mais il se pose « un problème de place », croit-elle comprendre. Pour les détenus plus âgés, Lydie Err suggère de leur offrir la possibilité d’un travail cohérent avec leur âge pour qu’ils conservent leur autonomie et d’adapter également les activités sportives.
Pour Lydie Err, les détenus doivent avoir la possibilité de continuer à cotiser aux caisses de pension, « soit de manière volontaire, soit en fonction de l’indemnisation de leur travail en milieu carcéral », dit-elle.
Pour les détenus de longue durée, « il faut que le temps d’incarcération se passe au mieux », déclare-t-elle. Il faut leur offrir un travail valorisant, une éventuelle formation, et faire en sorte qu’ils maintiennent des contacts avec l’extérieur.
La médiateure avoue avoir été surprise de constater que les détenus de courte durée font également partie des personnes vulnérables en milieu carcéral. Elle estime que nombre d’entre eux n’ont rien à faire entre quatre murs et devraient bénéficier de peines alternatives, comme la semi-liberté ou d’autres modes d’exécution des peines.
Mais c’est surtout le port du bracelet électronique qu’elle privilégie. « On nous dit qu’il n’est pas beaucoup utilisé, car la technique n’est pas encore totalement maîtrisée, mais après sept ans d’expérimentation, on est en droit de penser que cette technique est enfin maîtrisée ! », s’étonne Lydie Err.
Ce rapport a été présenté hier matin aux députés et le prochain portera sur les unités psychiatriques infanto-juvéniles.
De notre journaliste Geneviève Montaigu