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Langues : « Il faut tout faire pour garder le luxembourgeois vivant »


Le luxembourgeois a parcouru un important chemin lors des 35 dernières années. Il faut cependant continuer à défendre et promouvoir la langue, estime l' «Actioun Lëtzebuergesch». (illustration Alain Rischard)

Si le luxembourgeois reste considéré à l’échelle internationale comme «vulnérable», le nombre de locuteurs ne cesse de croître. L’ «Actioun Lëtzebuergesch» plaide pour une poursuite des efforts afin de «garder le luxembourgeois vivant».

Comment se porte le luxembourgeois, deux ans après le déclenchement d’un large débat sur l’avenir de la langue nationale ? Si l’on se réfère aux chiffres bruts, il se porte plutôt bien. En janvier 2017, le Statec avait annoncé que 70,5% des personnes habitant au Grand-Duché parlaient le luxembourgeois. En juin dernier, une étude commune du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de la Culture est venue indiquer que 77% des personnes sondées seraient familiarisées avec le luxembourgeois.

Globalement, ce seraient donc sept résidents sur dix qui maîtriseraient le luxembourgeois. Ce score va à l’encontre du statut de «langue vulnérable» dont est dotée la langue nationale. L’Atlas des langues en danger, publié par l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), classe le luxembourgeois parmi les 600 langues les plus vulnérables.

Vulnérable mais pas en danger

«L’université du Luxembourg s’était vu préciser par l’Unesco que le statut de langue vulnérable ne correspondait pas à un danger de disparition immédiat, à condition toutefois que les autorités nationales s’engagent pour préserver, promouvoir et défendre la langue luxembourgeoise», indique Patrick Kaell, secrétaire de l’ «Actioun Lëtzebuergesch». L’association, qui s’engage depuis 1971 pour la langue de Dicks, est aujourd’hui assez satisfaite de l’évolution du luxembourgeois, sans toutefois crier victoire. «Contrairement à d’autres langues, le luxembourgeois est plutôt bien documenté. Même si dans 100 ans la langue disparaît, on disposera de dictionnaires et de littérature en nombre suffisant pour la relancer», poursuit Patrick Kaell.

Le statut de langue «vulnérable» reste donc fortement à relativiser, d’autant plus que les responsables politiques ont lancé, lors de la législature écoulée, une multitude de nouvelles initiatives pour promouvoir la langue nationale.

En mars 2017, une stratégie pour la promotion du luxembourgeois a été mise en place. En novembre de la même année, un plan d’action sur 20 ans a été lancé. «On ne peut donc pas dire que rien n’a été entrepris. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe plus de chemin à parcourir. Une association de protection de la nature ne va pas s’arrêter d’agir après avoir signé un premier succès», souligne le secrétaire de l’«Actioun Lëtzebuergesch».

Une plus grande place sur les sites officiels

Le hasard du calendrier veut que la journée internationale des Langues maternelles, célébrée en ce 21 février, est proche du 24 février, date à laquelle a été signée en 1984 la loi sur le régime des langues. Ce texte avait défini le luxembourgeois comme «langue nationale des Luxembourgeois». Le français et l’allemand ont cependant gardé leur statut de langues administratives et judiciaires. Une grammaire, un dictionnaire et une orthographe du luxembourgeois avaient déjà été publiés entre 1975 et 1977.

Dimanche, la loi sur le régime des langues fêtera ses 35 ans. En 2018, la langue des signes a été intégrée à ce texte. L’«Actioun Lëtzebuergesch» considère l’ensemble de cette loi comme un «succès». Des adaptations resteraient toutefois nécessaires. L’association souhaite ainsi introduire une obligation pour les administrations de répondre aux requêtes des citoyens dans la même langue que celle choisie pour formuler cette dernière. Jusqu’à présent, le texte prévoyait la formulation «dans la mesure du possible». Mercredi, le député Fernand Kartheiser (ADR) a déposé une proposition de loi allant dans le même sens.

Une plus grande présence de la langue nationale sur les sites internet des ministères et communes fait partie des autres revendications de l’«Actioun Lëtzebuergesch» «Il faut tout faire pour garder le luxembourgeois vivant», clame Patrick Kaell. «Car, dans ce monde globalisé, rien ne nous assure que la langue va survivre dans le siècle à venir», conclut-il.

David Marques