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L’allaitement maternel en dix réponses


Julie Godfrin, Julie Péchard et Tiphaine Dourster sont là pour rassurer et soutenir les parents dans leurs décisions. (photo Fabrizio Pizzolante)

À l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement maternel, les consultantes en lactation de la clinique Bohler éclaircissent les questions des parents autour du lait qui «fait» les bébés.

«Du lait humain pour un bébé humain.» Voilà comment l’équipe de consultantes en lactation certifiées IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant) de la clinique Bohler définit simplement l’allaitement. En cette semaine mondiale de l’allaitement maternel, trois de ces neuf femmes spécialistes de l’accompagnement des parents et des futurs parents répondent à quelques-unes des interrogations qui occupent l’esprit de celles qui souhaitent donner le sein.

Les bienfaits de l’allaitement. Le lait maternel est le meilleur aliment pour l’enfant. C’est le premier aliment qui va coloniser le tube digestif du bébé et créer une flore intestinale optimale. Il va prévenir des allergies, de la gastro-entérite, de l’obésité, des infections… Ce lait va renforcer les défenses immunitaires du nourrisson. Du côté de la maman, l’allaitement va réduire les risques de cancer du sein, permettre de perdre du poids après la grossesse.

Stimuler la lactation. Si l’on veut qu’une lactation s’installe, les trois premiers jours sont les plus importants. Il s’agit de stimuler le sein via la succion du bébé, des massages manuels ou bien l’utilisation d’un tire-lait. Être proche de son enfant en le gardant contre soi va également stimuler les hormones. Un drainage fréquent va entraîner le processus et faciliter la production de lait.

Sein droit, sein gauche. Qu’importe, la femme peut donner un sein à son nourrisson, puis proposer l’autre à la prochaine tétée.

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Continuer à allaiter si on est malade ? Lorsqu’elle est malade, la mère va développer des anticorps, qu’elle va ensuite transmettre à son bébé durant l’allaitement. Elle peut très bien continuer à allaiter si elle tombe malade. L’enfant intégrera d’ailleurs les anticorps avant que les premiers symptômes n’apparaissent chez la maman. Il est, en revanche, nécessaire de vérifier que le traitement utilisé contre la maladie est bien compatible avec le fait de donner le sein. Concernant le Covid, dix mois après la contamination, on trouve toujours des anticorps dans le lait.

Le rôle du père durant l’allaitement. La préoccupation qui revient souvent chez les femmes est «j’aimerais allaiter, mais je ne veux pas laisser mon mari sur la touche». En réalité, le papa a un grand rôle à jouer dans l’allaitement. Il est là pour protéger et soutenir le duo que forment la mère et l’enfant. En répondant aux remarques négatives venant de l’extérieur, par exemple ou en défendant sa compagne dans ses choix. Il est là aussi pour prêter main-forte à la mère dans cette nouvelle organisation. D’ailleurs, la clinique Bohler organise des séances pour que les pères puissent poser des questions sur leurs craintes.

Combien de temps allaiter ? Selon l’OMS, la mère peut allaiter durant deux ans, dont les six premiers mois consacrés uniquement au lait maternel. Le sevrage naturel se situe ensuite entre trois et six ans. La femme diminue alors les drainages de la poitrine. Si on stimule de moins en moins, on produit de moins en moins de lait.

Nous sommes là pour que les mères et futures mères aient confiance en elles

 

En cas de douleur. Dès que les femmes ont un doute ou une question, elles peuvent se référer à un relais IBCLC, à une sage-femme ou à une des associations nationales d’allaitement. Il ne faut pas hésiter. Les consultantes en lactation certifiées IBCLC ont un discours cohérent et expert sur le sujet.

L’allaitement ne fonctionne pas. Nous allons déjà déculpabiliser la mère pour qu’elle ne se sente pas comme «une mauvaise mère». Puis l’idée est de la valoriser, car il y a d’autres manières de créer ce lien avec le nouveau-né. Par exemple, elle peut faire du peau à peau ou bien tout simplement continuer à donner le sein, car l’enfant a ce besoin de succion. Mieux vaut un petit peu de lait maternel que pas de lait du tout. Quoi qu’il arrive, nous démarrons toujours en respectant le souhait d’allaiter ou pas de la femme.

Un désaccord avec les proches ou la famille. Nous sommes là pour que les mères et futures mères aient confiance en elles. Nous sommes des professionnelles de l’allaitement et nous proposons aux femmes un discours cohérent autour de ce sujet. Il y a trente ans, les femmes allaitaient beaucoup moins qu’aujourd’hui et faisaient plutôt confiance à la technologie, pour gérer la température du lait, par exemple. À notre époque, il y a une véritable envie d’allaiter, une sorte de retour aux sources. Tout au long de notre accompagnement, avant et après la naissance, les parents vont emmagasiner un maximum de connaissances sur cette pratique pour pouvoir répondre avec certitude en cas de désaccord.

L’allaitement en public. Au Luxembourg, le fait d’allaiter en public n’est pas un souci ou l’est très rarement. Les témoignages de réflexions blessantes sont rares, peut-être en raison du multiculturalisme du pays. Les femmes peuvent le faire sans problème. Si elles le souhaitent, nous leur conseillons d’utiliser un foulard pour dissimuler leur poitrine. Si l’on veut aller plus loin, on pourrait imaginer, à l’avenir, créer des espaces dédiés aux femmes qui allaitent.

Guillaume Oblet

Le métier de consultante en lactation

Julie Godfrin, Tiphaine Dourster et Julie Péchard sont toutes trois consultantes en lactation. Elles sont, au total, neuf au sein de la clinique Bohler et ont pour rôle de promouvoir l’allaitement maternel en leur qualité de sages-femmes ou infirmières puéricultrices. Toutes sont également certifiées IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant). «ll s’agit de la seule certification reconnue internationalement au niveau de l’allaitement maternel», explique Julie Péchard. «Nous suivons une formation continue afin d’être toujours à jour sur les nouveautés du métier. Tous les cinq ans, nous repassons un examen pour garder notre titre.»

Qualité de la prise en charge et cohérence du discours sont au cœur de ce métier qui leur permet d’accompagner les parents et les futurs parents dans tout le processus d’allaitement. Elles proposent des séances prénatales en groupe et un accompagnement individuel jusqu’au sevrage de l’enfant. Lors de ces séances, qui peuvent également se dérouler en ligne, les consultantes sont là pour aider les parents à comprendre l’évolution et la communication de leur bébé. Ensuite, une fois que la famille est rentrée à la maison, un suivi de l’allaitement peut être réalisé grâce à des rendez-vous en ambulatoire. Julie Godfrin rappelle que «les sages-femmes libérales et les associations nationales d’allaitement sont également présentes à la sortie de la maternité pour venir répondre aux questions des parents».