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Lait : le Luxembourg a le coût de production le plus cher d’Europe


Les producteurs luxembourgeois veulent croire en une hausse du cours du lait. (photo Alain Rischard/Editpress)

Le Luxembourg est le pays où le coût de production du lait reste le plus cher d’Europe, à 44 cents le litre, alors qu’il est payé aux alentours de 25 cents aux exploitants. Du travail à perte.

Pas de surprise concernant l’étude présentée vendredi sur les coûts de production du lait. Les producteurs luxembourgeois ne sont pas mieux lotis que leurs voisins, car le même phénomène s’observe dans quasiment tous les pays : le litre de lait coûte plus qu’il ne rapporte. Rien de nouveau, sinon que le désespoir des agriculteurs va crescendo.

Vendredi, le comité luxembourgeois des producteurs laitiers (LDB pour Luxembourg Dairy Board) affichait les chiffres. «La production d’un litre de lait coûte en moyenne 44 cents et il rapporte 27 cents», souligne Guy Diderrich, son président. L’étude européenne qui inclut le Luxembourg a permis des comparaisons bien utiles. «Nous avons le même système (d’exploitation des données) qui nous permet de comparer avec six pays dont la France, l’Allemagne et la Belgique», précise le président.

Dès lors, on peut observer que c’est au Luxembourg que le coût de production est le plus élevé. «Nos investissements dans de nouvelles étables et dans les machines sont plus conséquents et plus chers. En revanche, nous avons les aides les plus hautes, situées entre 9 et 10 cents par litre de lait», explique Guy Diderrich.

À titre de comparaison, le président cite l’exemple de la Normandie où le coût de production se situe aux alentours de 35 cents, alors que dans les régions montagneuses, ce coût augmente de 15 à 18 cents. Ce sont les Pays-Bas et le Danemark qui enregistrent les coûts les moins élevés.

Une position marginale

Bien sûr, il existe de grandes différences au Luxembourg aussi, non pas en raison de différences géographiques, mais en raison des investissements qui sont importants dans certaines exploitations et quasi inexistants dans d’autres. «Nous travaillons sur une moyenne», indique encore Guy Diderrich.

N’en demeure pas moins qu’avec un prix qui se situe largement en deçà du coût de production, les producteurs disent ne pas pouvoir se payer de salaire avec le lait. Un salaire qui se situe aux alentours de 17 euros de l’heure pour les familles.

L’étude n’a rien appris au ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen : «Les données qui ont servi à l’étude proviennent du service d’économie rurale et le coût de 44 cents représente une moyenne», explique-t-il.

Il rappelle néanmoins que la position du LDB est marginale dans la mesure où aucune autre organisation agricole ne souhaite le retour aux quotas laitiers, contrairement au LDB qui revendique une certaine flexibilité vu que «le problème de fond reste la surproduction». En cas d’excès, il devrait être permis de réglementer la production, selon les producteurs du LDB.

Convaincre les consommateurs

Le ministre souligne que «le gouvernement n’est pas resté inactif» et qu’il a fait «des efforts», en accord avec ses partenaires européens, en adoptant à deux reprises un paquet de soutien de 500 000 euros chacun. «Cela prouve que nous accompagnons les agriculteurs», conclut Fernand Etgen. La proposition des producteurs de faire une régulation flexible sur la base du volontariat «ne peut pas fonctionner», selon le ministre. «Cela ne peut fonctionner que dans un marché clos. Or il n’y a aucune majorité au sein du Conseil européen qui souhaite le retour des quotas laitiers, y compris en ce qui concerne le Luxembourg. Nous sommes dans un marché mondialisé et nous devons y faire face», dit le ministre.

Pour les producteurs laitiers, il reste à convaincre les consommateurs de payer plus cher le litre de lait. Mais pas seulement. «Il faut que les producteurs se positionnent sur des niches à haute valeur ajoutée, qu’ils investissent dans le conseil agricole, dans la recherche. La loi agraire dispose de plusieurs instruments pour accompagner les agriculteurs dans cette voie», conclut le ministre.

Mais les produits à forte valeur ajoutée, le LDB n’y croit pas trop pour le Luxembourg.

Geneviève Montaigu

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