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L’ADR vise le pouvoir en 2018


Les cadres de l'ADR à la terrasse du Clairefontaine, lundi après-midi, à Luxembourg. (photo Fabrizio Pizzolante)

Grand gagnant, tout comme le CSV, du référendum du 7 juin, l’ADR vise le pouvoir aux élections législatives de 2018. Lundi, lors du traditionnel déjeuner de presse en clôture de l’année parlementaire, le parti réformateur a affiché sa détermination à battre la coalition.

S’il n’y avait pas les haies de terrasses, on pourrait facilement confondre le restaurant Clairefontaine avec un des nombreux ministères qui veillent sur la place du même nom à Luxembourg. Sous ses faux airs de Closerie des Lilas, l’établissement, lieu de rendez-vous des hauts fonctionnaires d’État et de personnalités du monde politique, respire encore cet air de vieux Luxembourg qu’on croyait balayé avec les élections de 2013 et qui, depuis, revient comme un vent mauvais.

L’ADR, qui avait fait campagne pour le triple non, est sorti vainqueur du référendum du 7 juin. Il se considère aujourd’hui comme un potentiel partenaire de coalition en cas de victoire du CSV aux élections de 2018. «L’ADR se porte bien» a ainsi tenu à souligner, non sans fierté, le député Gast Gibéryen dans son allocution. «Nous avons mené une campagne basée sur des arguments et les arguments ont été de notre côté» , a estimé l’ancien bourgmestre de Frisange avant de fustiger l’ «élite autoproclamée» , donneuse de leçons, qui a fini par être «détrompée» .

C’est le genre de phrases qui, prononcé dans les fiefs du parti réformateur, provoquerait cris d’approbation et applaudissements frénétiques. Sauf que lundi après-midi, les auditeurs étaient tous membres de la presse. Quelques instants auparavant, on pouvait observer le député Fernand Kartheiser suivant du regard la voiture du ministre des Affaires étrangères, qui quittait la place Clairefontaine. L’ADR a peut-être gagné une bataille, mais pas la guerre, et pour le moment, la coalition tant décriée reste toujours en place.

Nationalité : l’ADR se veut flexible

Néanmoins, le 7 juin dernier, le parti réformateur a obtenu gain de cause concernant la participation des résidents étrangers à la vie politique, qui restera finalement liée à la nationalité luxembourgeoise. C’est donc du terrain conquis du non au droit de vote des étrangers que l’ADR entend faire son sujet favori.

Car plus que jamais, il se sent légitimé : «Les Luxembourgeois n’ont pas voté par peur, mais par conviction», a déclaré hier Gast Gibéryen, qui veut toutefois se montrer «flexible.» Ainsi, concernant la clause de résidence que l’ADR verrait bien réduite de 7 à 5 ans ou encore à propos de l’introduction d’un droit du sol. À condition que cela reste lié à la résidence sur le territoire luxembourgeois ou encore soumis à un certain niveau en luxembourgeois. Dans ce contexte, Gast Gibéryen a mis le gouvernement en garde contre une éventuelle «violation du verdict du 7 juin» .

Même esprit d’ouverture concernant la réforme constitutionnelle, où l’ADR imagine une approche par «changements ponctuels» , dont l’avantage serait de permettre à tout le monde de participer à la réforme et, pourquoi pas, de donner son avis par «référendum» sur certains «éléments», comme le proposait hier Gast Gibéryen. Et d’ajouter que «ce qui est perçu aujourd’hui comme moderne et progressif n’est pas nécessairement positif» .

Ce dont les membres du parti sont sûrs en revanche, c’est de ce à quoi ils travailleront durant les prochains temps voire durant les années qui viennent : «Empêcher Gambia (NDLR : la coalition bleue-rouge-verte) de remporter la majorité» , toujours selon Gibéryen.

Frédéric Braun

 

« La dette grecque doit rester en place »

Pour Gast Gibéryen, le non des Grecs au référendum de dimanche et le référendum du 7 juin dernier ont une chose en commun : « Là encore, l’issue était différente des prédictions. » Le député a d’ailleurs avoué avoir de «fortes appréhensions» concernant toute forme de sondage, qu’il soupçonne de manière générale d’être des «manipulations».

Le vote des Grecs serait néanmoins un « vote à respecter, mais qui ne résout pas le problème ». Pour l’ADR, la Grèce aurait dû depuis longtemps quitter la zone euro et devrait le faire « au moins temporairement » . Pendant ce temps, l’Union devrait «offrir une aide humanitaire» à la population en détresse. L’ADR est néanmoins contre une «union des transferts» telle que prônée par les milieux de «gauche», d’ailleurs formellement «interdite par les traités» européens.

Par ailleurs, l’ADR estime qu’« une annulation de la dette n’aurait pas de sens » et qu’il est «important qu’elle reste en place», sans quoi on risquerait d’obtenir un «puits sans fond».

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