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La métamorphose de Wiltz, un projet monstre


Le plan directeur «Wunne mat der Wooltz» (vue vers l'ouest) donne un aperçu alléchant du projet qui met l'accent sur le développement durable. (vues d'architectes : hsa, mdl et s&a)

La commune de l’Oesling s’apprête à accueillir 2 300 habitants de plus d’ici 2030, grâce à la création de quelque 1 000 logements sur 33,8 hectares. Le projet était dans les cartons depuis près de 25 ans.

Le bout du tunnel est proche pour le projet monstre, qui a franchi une nouvelle étape avec le dévoilement du nouveau visage que présentera la capitale des Ardennes, à l’horizon 2030. Une étape particulièrement importante, pour un projet qualifié de «complexe» par le ministre du Logement, Marc Hansen. «Ce projet a mûri durant plus de deux décennies et impliqué une multitude d’intervenants», a-t-il d’emblée rappelé, lors de la présentation de son plan directeur. Car l’aboutissement du plan directeur est, en effet, le fruit d’une étroite collaboration entre l’équipe de planification, les différents intervenants interministériels, la commune de Wiltz et le Fonds pour le développement du logement et de l’habitat.

Mixité sociale à l’honneur

Quant au calendrier, il a pratiquement été respecté à la lettre, à deux jours près, seulement. Concrètement, le plan directeur «Wunne mat der Wooltz», présenté conjointement par Mario Schweitzer, du Fonds du logement, et par des représentants du bureau d’études Schroeder & Associés, et du bureau d’architectes Hsa-Heisbourg Strotz, envisage un concept d’urbanisation global sur l’ancienne friche industrielle située dans la vallée, entre Oberwiltz et Niederwiltz. Le terrain prévoit la réalisation d’un nouveau quartier d’environ 25,5 hectares, permettant d’accueillir, à moyen terme, environ 780 unités de logements, soit 1 800 habitants – propriétaires et locataires confondus – favorisant une mixité sociale.

Selon cette volonté, il est prévu que le nouveau quartier intègre également des bâtiments publics installés en son cœur et, donc, à proximité de la gare routière. Ainsi, il accueillera notamment une nouvelle école, une maison relais, un musée pédagogique et une école de musique. À noter, enfin, que quelque 220 logements supplémentaires verront le jour dans une seconde phase sur l’ancien site de Circuit Foil, qui dispose d’une surface de 8,3 hectares et qui est adjacent au projet «Wunne mat der Wooltz (plan directeur Haargarten)».

Claude Damiani

Futur pôle attractif

Le projet s’inscrit dans le contexte «Wiltz – CAPitale 2030» (plan intégratif du développement de la commune de Wiltz), qui a pour objectif de développer stratégiquement et durablement la commune, afin qu’elle devienne un pôle attractif de la région des Ardennes.

En outre, l’ambition est de développer un projet innovant, référentiel en matière de durabilité et privilégiant l’économie circulaire, sociale et solidaire.

Ville-laboratoire de l’étude Rifkin

Le député-maire de Wiltz, Fränk Arndt, et les membres du gouvernement concernés par le projet ont salué le projet qui s’intègre dans la vision de la révolution Rifkin.

L’ombre de l’économiste américain Jeremy Rifkin plane sur la capitale des Ardennes, selon la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener. «Je suis très enthousiaste devant ce projet phare dans le domaine de l’économie circulaire et de l’économie solidaire», a-t-elle déclaré.

La 3e révolution industrielle, théorisée dans l’étude Jeremy Rifkin, aurait donc trouvé son laboratoire idéal dans les Ardennes luxembourgeoises. Confirmation de Francine Closener : «Le gouvernement est fermement déterminé à remettre en question les modèles économiques traditionnels. L’étude commandée à Jeremy Rifkin nous permettra de mettre en place cette nouvelle stratégie.» Dans ce contexte, la secrétaire d’État a d’ores et déjà annoncé la création de nombreux emplois. «Wiltz est une ville déjà pionnière en matière d’économie circulaire, avec son entreprise Tarkett», a ajouté Francine Closener.

Le projet prévoit l'installation de panneaux photovoltaïques sur les toits des futurs logements.

Le projet prévoit l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits des futurs logements.

Pour information, la société propose des solutions de revêtements de sol et de surfaces sportives dans le respect d’une philosophie sacrant le développement durable. Ce savoir-faire spécifique avait d’ailleurs été mis en avant dans une vidéo documentaire projetée sur écran géant, à Luxexpo, par Jeremy Rifkin en personne, à l’occasion de sa venue à Luxembourg dans le cadre de la présentation de son étude. L’État mise donc sur l’examen de nouveaux modèles innovants qui, associés au savoir-faire national, pourraient à terme être exportés à l’étranger.

Toujours dans le même contexte, les porteurs du projet ont souligné que le plan directeur «Wunne mat der Wooltz» aspirerait à intégrer les enjeux liés à la situation géographique, à la mobilité, aux défis énergétiques et environnementaux actuels. Dans ce cadre, l’assainissement du sol, de même que la création d’espaces verts et urbains et la renaturation du cours d’eau de la Wiltz feront donc partie intégrante du projet d’urbanisation et viseront à offrir des espaces de loisir et de rencontre entre riverains. «Si un projet devait être qualifié de résolument durable, ce serait bien celui-ci», a estimé, de son côté, le secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures, Camille Gira. Avant, pour l’écologiste, de conclure que «le projet entend ramener la nature dans la ville, dans une optique d’accroissement de la qualité de vie, tout en mettant l’humain au centre, concernant notamment la mobilité».