La députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer, ne met pas ouvertement en cause le maître-chien à l’origine de l’attaque contre un supposé délinquant, samedi soir, dans le quartier Gare. Elle cible plutôt des trafiquants de drogue «de plus en plus agressifs».
La demi-phrase passerait presque inaperçue. «Bien entendu que nous regrettons cet incident», affirme Lydie Polfer. La compassion de la députée-maire de Luxembourg pour l’homme mordu samedi soir par un chien de la société de gardiennage engagée par la Ville reste toutefois très limitée. «La police me confirme qu’il s’agit d’un très bon client. Il s’est fait remarquer pour des faits de vol, des rixes et d’autres infractions. Je suis bien curieuse de savoir quelles ont été les conséquences pour quelqu’un avec autant d’antécédents», lance la bourgmestre libérale. Si elle défend la police («Elle fait ce qu’elle peut avec les moyens mis à sa disposition»), Lydie Polfer est moins tendre avec la Justice. «Il faut s’assurer qu’il y ait suffisamment de places en prison pour les délinquants et au centre de rétention pour ceux qui doivent être extradés», insiste la députée-maire.
Lors d’une conférence de presse, organisée hier en fin d’après-midi, Lydie Polfer s’est montrée un peu irritée que l’incident de samedi fasse autant de bruit. «On entend beaucoup moins parler des actes de violence qui surviennent au jour le jour. Il ne s’agit pas d’un sentiment d’insécurité, mais d’un fait. La perception des responsables au gouvernement doit changer», fustige la bourgmestre. Ces derniers mois, la situation sécuritaire n’aurait fait que se dégrader dans le quartier Gare. Les évènements survenus avenue de la Liberté en seraient la parfaite illustration : «Tout semble indiquer que des groupes de dealers défendent de manière beaucoup plus agressive leur territoire. Leur intention est d’intimider policiers, agents de sécurité, nos streetworkers et les citoyens.» Cette conclusion, Lydie Polfer la dresse même si le supposé délinquant, agressé par le chien, n’aurait jamais été interpellé pour trafic de stupéfiants.
Un seul élément reste en suspens : le collège échevinal de la Ville compte attendre les conclusions de l’enquête concernant les circonstances qui ont permis au chien de garde de mordre l’homme, alors que l’animal était censé porter une muselière. «Il s’agit du seul point qui n’est pas encore très clair. Est-ce que la muselière a glissé de sa gueule vu l’atmosphère violente? Il faut savoir que le chien a aussi été frappé par des coups de pied. Il s’est défendu en conséquence», explique Lydie Polfer.
Polfer : «La vidéo ne montre pas tout»
La bourgmestre a pris dimanche matin connaissance de la vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Ces 48 dernières heures, Lydie Polfer s’est entretenue avec le patron de G4S, la société de gardiennage engagée par la Ville, la police et d’autres interlocuteurs pour retracer la chronologie des faits. «Le court extrait de la vidéo est choquant, mais ne montre pas tout ce qui s’est passé. La situation a duré une vingtaine de minutes. Cela donne une image beaucoup plus nuancée», estime-t-elle.
Le déroulé des faits, tel qu’il a été présenté par la bourgmestre est le suivant : samedi soir, une équipe du service social «À vos côtés» observe une rixe. Un des individus aurait eu un couteau en main. La police est appelée sur les lieux. Les agents embarquent deux hommes, mais apparemment pas celui qui était en possession du couteau. C’est ce même individu qui va se retrouver aux alentours de 22 h 30 au sol avec le chien de garde qui ne veut plus le lâcher. «J’ignore pourquoi il n’a pas été embarqué», note Lydie Polfer.
Vers 22 h 15, une patrouille de la société de gardiennage passe devant le café Périgord et se fait «agresser verbalement et physiquement» par l’homme qui aurait été «oublié» par la police. «Il s’est montré très violent. Un agent a été frappé au visage avant de tomber par terre», relate la bourgmestre. Les vigiles auraient été obligés d’appeler trois fois le 113 avant d’avoir un opérateur en ligne (22 h 16, 22 h 19 et donc 22 h 20).
Le lundi 30 août, une autre équipe du service «À vos côtés» se serait fait intimider par des trafiquants de drogue. Il en irait de même des habitants du quartier Gare. Une lettre signée par dix familles a été envoyée au collège échevinal. Lydie Polfer affirme aussi être en possession de 24 vidéos démontrant la délinquance à ciel ouvert.
Hier, la députée-maire a botté en touche sur la responsabilité juridique de l’incident. Elle insiste plutôt sur l’obligation du gouvernement d’enfin mettre plus de moyens à la disposition de la police et de la justice.
La mission des vigiles se poursuit
La mission de la société de gardiennage n’est pas remise en question. Le contrat va se poursuivre comme prévu jusqu’au 1er novembre : «Le collège échevinal va alors élucider sous quelles conditions et avec qui cette mission sera poursuivie.» Seule conséquence immédiate : le chien de garde a été mis à l’écart. «En deux ans et demi, aucun incident ne s’est produit avec ce maître-chien», précise la bourgmestre.
«Je ne compte pas démissionner et céder aux intimidations des trafiquants de drogue.» Déi Lénk a réclamé, hier, que Lydie Polfer, mais aussi l’échevin Laurent Mosar, rendent leur tablier. Aucun autre parti de l’opposition (LSAP, déi gréng) ne veut s’engager sur cette voie.
«C’est indigne de la capitale»
Lydie Polfer ne le cache pas. La mission des agents de sécurité privés est de protéger le mobilier urbain. Il n’est pas question de combattre la criminalité liée à la drogue. Cette argumentation ne fait que confirmer à l’opposition au conseil communal de Luxembourg que le déploiement de vigiles est non seulement dangereux, mais que l’apport est très minime. «Soit on est confrontés à des vrais criminels dangereux. Il est donc hors de question d’envoyer des agents privés ou nos streetworkers sur le terrain. Soit il s’agit de simples toxicomanes qui veulent faire désordre. Ici aussi, ce n’est pas aux vigiles de s’en mêler. En tout cas, ce qui se passe est indigne de la capitale», avance Tom Krieps (LSAP). Christa Brömmel (déi gréng) estime que la bourgmestre va trop vite en besogne en tirant des conclusions avant qu’une «enquête neutre» ait pu être menée. «Je doute fortement que les agents aient la formation adéquate pour ce genre d’interventions. Et je continue à insister sur le fait que le déploiement d’agents est illégal», souligne David Wagner (déi Lénk).
David Marques
Et lydie colle à sa chaise, tj et encore…
Den Hond ass mei wert wei dat Stroossen Gesocks……weider esou Jongen.