Le député-maire écolo de Remich, Henri Kox, explique les tenants et les aboutissants de son nouveau job de rapporteur du budget 2016.
Le Quotidien : Dans l’histoire politique luxembourgeoise, vous êtes le premier rapporteur du budget issu du parti des Verts. Comment avez-vous appris la nouvelle ?
Henri Kox : Cela avait déjà été convenu depuis plus d’un an, après les réunions de négociation de la coalition, même si je n’ai été nommé officiellement qu’à la rentrée parlementaire 2015. C’est en tout cas un honneur pour moi, car le budget est la loi qui prime toutes les autres !
Vous y êtes-vous préparé spécialement ?
Il y a beaucoup de travail, mais j’ai une équipe à mes côtés pour m’appuyer dans cette tâche. Cela dit, en tant que député-maire de Remich, je sais comment gérer un budget, au niveau communal. Cela fait presque dix ans que je m’en occupe dans ma ville. De plus, je suis ingénieur de formation et cela m’aide énormément dans mes calculs de projection, car je rappelle qu’il faut aussi composer avec les contraintes européennes qui imposent que le budget soit pluriannuel. Et à Remich, le budget est aussi pluriannuel.
Vous avez déclaré que ce budget 2016 était celui de « l’ancienne école ». C’est-à-dire ?
Le principe du gouvernement est de ne pas dépenser plus que le niveau des recettes encaissées. Il ne s’agit pas de spéculer. Je suis issu d’une famille viticole et j’ai donc les deux pieds sur terre! Je ne veux pas laisser de futures dettes à nos enfants. Dans ce sens, l’ancienne école signifie qu’on ne doit pas dépenser plus que ce que l’on a. Il s’agit d’une gestion en bon père de famille et cela signifie que ce gouvernement est un peu conservateur.
Cela signifierait que les budgets des gouvernements précédents dominés par le CSV, parti conservateur, auraient été de la « nouvelle école ». N’est-ce pas contradictoire ?
Non. Les gouvernements de coalitions dominés par le CSV ont toujours cru qu’ils avaient assez de réserves pour pouvoir dépenser plus que les recettes perçues. Mais ces réserves étaient inexistantes. Tous les gouvernements successifs ont géré le système en tablant sur des croissances énormes. Mais cette politique est pratiquement finie. On ne peut plus se focaliser sur des niches. Je pense par exemple à la réforme fiscale de 2001, avant l’harmonisation internationale de toutes les formes d’impôts… Il faut désormais regarder vers l’avant et réparer ce qui a été fait précédemment.
Ce budget veut donc se démarquer des pratiques du passé ?
Je le répète : le ministre des Finances, Pierre Gramegna, se base sur l’ancienne école, c’est-à-dire qu’il ne veut rien hypothéquer. Sa vision se base sur trois lignes directrices : la compétitivité, le social et le changement climatique. Et j’insiste sur le fait que c’est la première fois de l’histoire qu’un ministre des Finances aborde la question du changement climatique. Bref, tout le gouvernement est impliqué et pas seulement la ministre de l’Environnement. Tous les défis de demain ont enfin été mis sur la table, pour un développement durable basé sur trois piliers : l’économie, le social et l’écologie.
Le pays est donc « sur la bonne voie », selon les termes de Pierre Gramegna ?
Oui, mais nous ne sommes pas sortis de la misère pour autant. Le déficit de l’administration centrale s’élève à 600 millions d’euros et nous allons encore devoir emprunter cette année. La consolidation des finances publiques se poursuit.
Entretien avec Claude Damiani