La Croix-Rouge luxembourgeoise est présente à Donetsk depuis 2014. Elle suit de près l’évolution du conflit actuel et a déjà débloqué des moyens pour venir en aide à la population ukrainienne.
Jusqu’au bout, elle aura cru à une résolution diplomatique et pacifique du conflit en Ukraine – ou à tout le moins «espéré» cette issue –, mais jeudi matin, c’était la douche froide : Myriam Jacoby, coordinatrice pour les activités en Ukraine de l’Aide internationale de la Croix-Rouge luxembourgeoise (AICRL), a eu confirmation par ses contacts sur place que des bombardements avaient bel et bien été entendus dans la nuit, à Kiev notamment, avant de découvrir avec effroi l’offensive militaire russe.
«On ne s’attendait pas à ce que la situation se dégrade aussi rapidement, en une nuit !», a commenté Myriam Jacoby. «La tension existe depuis 2014, et il y a toujours eu des hauts et des bas. Au début du covid, en avril 2020, par exemple, il y avait eu un regain de tension, mais la situation s’était calmée au bout d’un mois. Comme la plupart des Ukrainiens et des membres de la Croix-Rouge ukrainienne, nous étions donc plutôt optimistes, pensant que cette fois-ci encore la tension finirait par retomber. Malheureusement, ce qui se passe actuellement, c’est le pire scénario que nous avions envisagé.»
Effectivement, la veille encore, une vidéo envoyée par un membre de la Croix-Rouge luxembourgeoise montrait le calme qui régnait dans la ville de Kramatorsk, au nord de Donetsk.
Ces derniers jours, des stations de pompage qui alimentaient plus d’un million de personnes dans la région de Donetsk ont toutefois été détruites, a fait savoir la Croix-Rouge, qui craint désormais que de nombreux centres de santé proches de la ligne de front soient également détruits, alors que les structures sanitaires doivent pourtant être respectées et protégées en toutes circonstances selon le droit de la guerre.
«Cela n’avait pas été le cas en 2014», rappelle Myriam Jacoby, qui insiste : «Le respect des règles humanitaires internationales est essentiel ! Il faut aussi faire des couloirs humanitaires pour laisser les civils se déplacer dans être blessés.»
Des bougies et du charbon
La Croix-Rouge luxembourgeoise, qui fournit notamment un soutien logistique à son homologue ukrainienne, s’était tout de même préparée à la pire des éventualités, et depuis janvier, elle travaillait sur un plan de contingence pour renforcer la logistique sur place, afin de pouvoir acheminer l’aide dans les différents endroits où elle opère dans ce grand pays.
«L’équipe sur place à Kramatorsk a aussi déjà acheté des bougies et des lampes pour permettre aux familles qui habitent la zone de s’évacuer dans les bunkers si besoin et nous avons fourni du charbon aux personnes vulnérables pour se chauffer. Les hivers en Ukraine sont rudes.»
La Croix-Rouge luxembourgeoise est présente depuis 30 ans en Ukraine, et à Donetsk depuis l’annexion de la Crimée, en 2014. «Nous étions intervenus dans l’accueil des personnes déplacées internes pour fournir des tentes en urgence et reconstruire des maisons qui avaient été détruites à l’époque en raison du conflit. Une dizaine de milliers de personnes étaient passées par nos abris. Depuis, nous n’avons cessé de reconstruire des centres de santé et de former la population aux gestes de premier secours», explique la gestionnaire de projets, qui pointe aussi le traumatisme de la population.
L’histoire se répète donc aujourd’hui : les équipes se tiennent prêtes, en cas de déplacement massif de population, à subvenir aux besoins des personnes déplacées en leur fournissant dans l’urgence des tentes, de quoi se doucher, se chauffer ou se nourrir. «Souvent les gens arrivent en bus, on les accueille sous des tentes, on les enregistre, puis on les dispatche vers les centres d’accueil. Nous proposons aussi le « cash for rent » – de l’argent pour pouvoir louer un logement : les déplacés ont quitté leur maison, leur travail, ils se retrouvent sans rien, ils ont donc besoin d’un appui pour trouver un logement dans la zone où ils arrivent pour se relocaliser. Les centres d’accueil sont seulement transitoires, les gens y restent entre une semaine et trois mois.»
La Croix-Rouge luxembourgeoise a immédiatement libéré 150 000 euros de fonds propre pour aider la Croix-Rouge ukrainienne dans sa réponse d’urgence. Elle lance un appel aux dons et espère aussi bénéficier d’une enveloppe plus importante du ministère des Affaires étrangères pour faire face à la situation.
La Croix-Rouge luxembourgeoise lance un appel aux dons pour renforcer sa réponse d’urgence. Les personnes souhaitant apporter leur soutien peuvent le faire par un don en ligne (https://donate.croix-rouge.lu/b/mon-don?cid=43&_cv=1) ou par virement bancaire (IBAN LU52 1111 0000 1111 0000; référence : Urgence Ukraine).
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