Depuis jeudi, les défenseurs de la cause animale sont réunis pour trois jours encore à la Kulturfabrik, à Esch-sur-Alzette, pour la 5e International Animal Rights Conference. Plus de 30 nationalités sont représentées.. On découvre un public jeune, connecté, international, qui renoue avec les débats de société.
Organiser une conférence pour les droits des animaux dans les anciens abattoirs d’Esch-sur-Alzette, ça peut faire sourire. La cinquième International Animal Rights Conference (IARC) s’est ouverte jeudi, à la Kulturfabrik. Au programme, quatre jours de réflexion sur les moyens de lutter contre « l’exploitation des animaux », résume Fabienne Origer, présidente de Save Animals, l’association à la tête de l’événement. Cinq cents participants sont attendus, d’une trentaine de pays différents. Rien que jeudi, on a pu écouter les interventions des Brésiliens de Veddas ou de la médiatique Sharon Nunez, venue de Los Angeles.
Il n’y a pas de profil type dans la nébuleuse de la lutte pour les droits des animaux. Le trait commun est l’éthique, à savoir, le refus de toute souffrance et de toute suppression de la vie. Après, chaque militant a ses convictions. Les plus basiques relèvent de l’affect pur. «Les pauvres petits poussins qui passent à la casserole», pourrait-on caricaturer. D’autres défenseurs affichent en revanche une hauteur de vue, critiquant un modèle de société. Nastassia et Anne-Claire, deux Belges venues de Namur, sont de cette frange-là.
Un enjeu éthique, un enjeu de société
« Notre discours est centré sur un monde qui n’est plus à l’échelle humaine. Les Belges, par exemple, mangent 80 kilos de viande par an. Le corps humain n’est pas fait pour ça, n’importe quel médecin vous le dira. Et la terre n’est pas faite pour supporter une telle pollution (NDLR : celle qui résulte de l’élevage intensif, tant sur les nappes phréatiques que sur la couche d’ozone).» Les deux amies, qui ont lancé une souscription sur KissKissBankBank pour soutenir leurs luttes ( «Rêve d’Aby») poursuivent : « Nous ne sommes pas de ces végétaliens qui flattent leurs convictions narcissiques. En revanche, être conscient que tout est lié dans la société : ce que l’on mange, notre santé, notre rapport au vivant, cela nous paraît important .»
Parmi les différents moyens de lutte, le végétalisme («vegan» en anglais) apparaît comme une valeur socle. Les participants, tout comme les défenseurs fraîchement convertis, s’en disent tous partisans. Au stand restauration, des galettes et des repas complets sans viande et sans production animale sont proposés. Ni œuf, ni lait, ni beurre, etc. « Changer sa propre alimentation est le premier pas de la lutte contre l’exploitation animale , explique Fabienne Origer. C’est un acte fort, nécessaire, pour rester cohérent dans la cause que l’on défend. »
Reporters de terrain, actions coups-de-poing
Les militants expérimentés mènent des actions variées. Les idées ne manquent pas. Veddas, par exemple, montent des évènements-chocs dans tout le Brésil. Les activistes débarquent avec des télés dans la rue et montrent la réalité des abattoirs, filmée par des militants-reporters. L’idée que l’information sur la cause animale est biaisée ou minorée revient souvent. « Le but n’est pas tant de choquer que de susciter le dialogue , insiste l’un des meneurs au micro. Et ça marche. Beaucoup de gens nous ont rejoints après une session de rue. » Entre deux conférences, on peut trouver des t-shirts, des badges et des autocollants au goût parfois douteux. Quand ce n’est pas un drapeau de la Palestine sorti de nulle part qui vient compléter la panoplie. On ressort convaincu que l’exploitation animale est un enjeu de société. Mais que tous les militants n’ont pas la maturité pour en faire un sujet politique, capable de toucher le grand public.
Hubert Gamelon
Un effet de mode aussi
Le public de l’International Animal Rights Conference est jeune, branché, urbain… En plein milieu de la Kulturfabrik, on croirait un concert! Il y a clairement une tendance vegan chez une partie de la jeunesse, qui affiche de nouveau des convictions, après le creux idéologique amorcé dans les années 80.
Ici, l’ambiance est militante, loin des discours poussiéreux d’une Brigitte Bardot sur les animaux… On sent aussi un effet de mode. Les ordinateurs portables sont bariolés d’autocollants virulents, sortir une blague sur le bon steak qui nous attend après la dernière conférence passerait pour hyper-ringard. Du coup, on n’a pas essayé.