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Formation des infirmiers : «Il faut allier les compétences»


Les responsables politiques ont été accueillis, hier, par des dizaines de manifestants venus revendiquer une réforme cohérente de la formation au niveau des professions de santé. (Photo Alain Rischard)

La Chambre, bien plus que le gouvernement, s’est montrée, mardi, disposée à ajuster la réforme de la formation pour infirmiers. L’instauration d’un bachelor est confirmée, le diplôme du BTS ne sera pas aboli dans l’immédiat.

La porte est clairement ouverte.» Le président de la commission parlementaire de la Santé, Mars Di Bartolomeo, a signalé, ce mardi, que la Chambre des députés restait disposée à revoir et revaloriser la formation des infirmiers et d’autres professions de santé. «Il vous revient de dire quelle est la direction à prendre et non pas à nous d’imposer quelque chose. Nous ne sommes qu’au début d’une discussion», ajoute l’ancien ministre de la Santé. Le Parlement s’est engagé, ce mardi, à «accompagner de manière constructive le projet de réforme du gouvernement tout en restant à l’écoute du terrain».

Du côté du gouvernement, l’engagement était moins formel, même si en toute fin de débat, le ministre de l’Enseignement supérieur, Claude Meisch, a annoncé «vouloir continuer à chercher le dialogue. Nous devons poursuivre la discussion. Tout n’est pas encore décidé. Il nous faut allier les compétences afin de proposer une formation de qualité.» Le principe même de la réforme de la formation des infirmiers n’est cependant pas remis en question. Claude Meisch a confirmé l’académisation de ce métier de santé, appelé à «jouer un rôle clé» dans la chaîne de soins sur laquelle travaille la ministre de la Santé, Paulette Lenert. La plateforme de discussion primaire serait le Gesondheetsdësch, la table ronde réunissant tous les acteurs des soins de santé, lancée en février 2020. Un objectif est de revoir les attributions des infirmiers et de toute une série d’autres professions de santé. «La porte est ouverte dans le sens où nous sommes parvenus à faire des avancées là où rien n’a bougé depuis longtemps», reprend Claude Meisch.

L’option d’un master rejetée

Les pétitionnaires venus revendiquer, autour de l’étudiant Théo Duhamel, devant la Chambre une revalorisation de la formation d’infirmier peuvent donc entrevoir une lueur d’espoir, même si une de leurs revendications majeures n’a pas été accueillie favorablement par le gouvernement. À côté du bachelor pour les infirmiers en soins généraux et les infirmiers spécialisés, le ministre de l’Enseignement supérieur compte maintenir la formation intermédiaire de type BTS (bac+2). «Je suis sceptique quant à la suppression de ce diplôme, qui doit continuer à être un attrait supplémentaire pour les jeunes voulant devenir infirmier. Mais je peux me tromper», avance Claude Meisch. Le résultat du sondage mené au Lycée technique pour professions de santé, selon lequel 91 % des étudiants inscrits opteraient pour un bachelor au lieu d’un BTS, n’est pas encore suffisant aux yeux du gouvernement. Autre chiffre à mettre dans la balance : le LTPS a enregistré 15 % d’inscriptions en moins pour l’année scolaire en cours. Et jusqu’à 50 % connaissent un échec lors de la première année de la formation BTS.

Le pétitionnaire Théo Duhamel (à d.) n’a pas réussi à convaincre entièrement les ministres Paulette Lenert et Claude Meisch.

Le «chaos» que prédisent les acteurs de terrain, tant au niveau de la formation que lors de l’organisation du travail dans les hôpitaux et les établissements de soins, n’est donc pas écarté. Les enseignants pour professions de santé réclament aussi l’abolition du BTS et le passage à un système bachelor (soins généraux) et master (soins spécialisés). Or cette option de master est également rejetée par le gouvernement, du moins en l’état actuel des choses. La ministre Lenert évoque une décision de «principe», tout en renvoyant vers les groupes de travail qui se penchent sur les futures attributions des infirmiers. «Nous comptons présenter d’ici l’été les premières conclusions sur l’organisation de la future chaîne de soins», annonce-t-elle.

Une audition fixée au 16 juin

«Nous préférerions clôturer en toute sérénité l’enseignement secondaire avant de nous lancer dans la formation pratique», argumente le pétitionnaire. Actuellement, les futurs infirmiers doivent réussir quatre années d’études, dont deux au niveau du secondaire, où des stages viennent se mêler aux préparatifs pour décrocher son diplôme de fin d’études. «À 17 ans, ces jeunes ne sont pas encore prêts à être confrontés à un environnement où il est question de vie et de mort, de détresse et de douleurs», estime Yvonne Kremer, ancienne directrice des soins au Centre hospitalier de Luxembourg. Un diplôme plus général (sciences de la santé ou sciences naturelles) serait préférable afin de pouvoir former ensuite des jeunes adultes dans le cadre du futur bachelor. Claude Meisch réfute tout manque de qualité de la formation actuelle.

Selon toute vraisemblance, le dernier mot n’est donc pas encore dit dans ce débat qui inclut la revalorisation généralisée du secteur des soins de santé au Luxembourg. Les commissions parlementaires de la Santé et de l’Enseignement supérieur vont poursuivre les débats sur la formation dès aujourd’hui. Le 16 juin aura lieu une grande audition en séance plénière. Mais le ministre Claude Meisch ne veut également pas s’éterniser. «L’université est dans les starting-blocks pour mettre sur pied cette formation. Faire éterniser les discussions équivaudrait à freiner le processus.»

 

David Marques

Un commentaire

  1. vulnėrable avec cancer et chimios

    Il faut d’abord les VACCINER TOUS CONTRE COVID. Pas de vaccin, pas de travail avec patients vulnérables. Ou test tous les jours. Basta

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