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Fonction publique : « La balle est dans le camp des partis »


La CGFP a effectué une démonstration de force, lundi soir, à Dommeldange. (photo Fabrizio Pizzolante)

Le syndicat majeur de la fonction publique réclame des engagements clairs de la part des partis qui vont se présenter aux législatives de 2018. Aucune coupe au niveau des fonctionnaires ne sera tolérée.

La salle des fêtes du Parc Hôtel n’était pas assez grande pour contenir lundi soir les plus de 750 militants de la CGFP, venus clamer haut et fort que «sans l’engagement au quotidien des fonctionnaires et employés publics, rien ne fonctionnerait dans ce pays». Cette phrase a été le fil rouge des discours très engagés tenus face à une salle conquise par Steve Heiliger, secrétaire général de la Confédération générale de la fonction publique (CGFP) et le président du syndicat, Romain Wolff.

L’objectif de cette manifestation de protestation était d’envoyer un message clair au camp politique, à moins d’un an des prochaines élections législatives. «C’est le bon moment pour tous les partis qui vont se présenter à ce scrutin d’être à l’écoute des gens. Je lance un appel au gouvernement et à tous les autres partis pour qu’enfin ils mettent fin au principe du 80-80-90», clame sur un ton très décidé Romain Wolff. Ce principe, introduit dans le cadre de la réforme de la fonction publique, prévoit que les stagiaires ne touchent que 80% du traitement de base lors des deux premières années de leur stage et 90% lors de la dernière. «Ils accomplissent cependant une tâche complète, dès leur arrivée», insiste Steve Heiliger.

Une longue liste d’inégalités

Cette inégalité n’est qu’une parmi une longue liste présentée par la CGFP. «La réforme entrée en vigueur en 2015 a créé toute une série d’inégalités qui doivent être corrigées dans les meilleurs délais», balance le président de la CGFP. Ce message envoyé au camp politique devra encore arriver jusqu’aux différents ministères et à la Chambre des députés, probablement par voie de presse. Car à part le député déi Lénk David Wagner, on n’a pas aperçu de politicien à Dommeldange.

Dans deux semaines, le 11 décembre pour être précis, la CGFP va à nouveau investir la salle des fêtes du Parc Hôtel pour sa conférence des comités. «À ce moment, on en saura peut-être déjà plus sur les partis qui se sentiront interpellés par nos revendications. Ne pas prendre position serait tout à fait le plus mauvais signal à envoyer à notre base. Car je le répète : on est prêts à aller plus loin, à songer à d’autres actions syndicales si cela s’avère nécessaire», met en garde Romain Wolff en s’adressant en premier lieu au trio gouvernemental (DP, LSAP, déi gréng) mais aussi à l’opposition (CSV, ADR, déi Lénk).

Par cette tournure, le président de la CGFP rappelle le poids électoral que représentent les fonctionnaires. Et il a tenu à souligner «l’indépendance idéologique complète de la CGFP par rapport à tous les partis, peu importe de quelle couleur». Pas question donc d’une quelconque union avec le camp chrétien-social, envoyé pour la première fois depuis des décennies dans l’opposition. «Le CSV devra aussi se positionner clairement», souligne Romain Wolff. Car les éducateurs gradués, les policiers, les soldats, les facteurs ou encore les soigneurs attendent une «revalorisation de leurs carrières». L’accord salarial signé fin 2016, qui permettra aux fonctionnaires de toucher dès le 1er janvier 2018 une hausse de 1,5% de leurs traitements, n’a été qu’une étape, certes victorieuse, mais pas suffisante pour la CGFP.

La réforme de l’examen de recrutement et l’ouverture de la fonction publique aux résidents étrangers sont deux autres chantiers majeurs. «Il nous faudra des réponses à nos revendications avant les élections. La balle est dans le camp des partis», conclut le président de la CGFP, longuement applaudi par une salle entièrement debout. Les fonctionnaires sont prêts à partir au combat. La politique est prévenue.

David Marques