Le gouvernement a décidé de consulter les partenaires sociaux pour trouver une issue à la hausse sans précédent des prix de l’énergie. L’opposition veut des mesures immédiates.
Grosse déception des députés de l’opposition, hier, qui s’attendaient à mieux de la part du gouvernement venu faire une déclaration sur la hausse démentielle des prix de l’énergie. «Je vous demande d’être compréhensifs, car le gouvernement n’a aucune mesure à annoncer aujourd’hui», lance la vice-Première ministre, Paulette Lenert, provoquant une certaine agitation dans les rangs de la fraction chrétienne-sociale.
La veille, le député Michel Wolter, sidéré de découvrir la dernière hausse des prix des carburants, avait demandé une modification de l’ordre du jour pour entendre le gouvernement sur ces prix encore jamais atteints au Luxembourg. «C’est un problème qui nous échappe», poursuit Paulette Lenert, qui ne s’exprimera que quelques minutes à la tribune de la Chambre pour dire que le gouvernement travaille sur un programme d’aides aux entreprises, qui souffrent, elles aussi, de cette crise énergétique.
Surtout, la vice-Première ministre vient rappeler que Xavier Bettel a convoqué une tripartite, «qui est l’instrument dont on a besoin en temps de crise», ajoute-t-elle. La guerre en Ukraine et les sanctions contre l’agresseur russe provoquent une onde de choc qui n’a pas fini d’avancer. «Le gouvernement en a conscience», assure Paulette Lenert, qui évoque le premier paquet d’aides directes pour les ménages décidé il y a quelques semaines.
Pour la suite, il faut une tripartite. C’est en concertation avec les partenaires sociaux que des solutions doivent être trouvées, répète à souhait la ministre en prévenant déjà que «toutes les bonnes idées ne sont pas forcément applicables en raison de contraintes juridiques et techniques». Elle promet, cependant, que le gouvernement «ne laissera personne de côté», comme ce fut le cas pendant la crise sanitaire.
La tripartite, c’est bien, mais lent
L’opposition a du mal à se contenter de cette maigre prestation et somme le gouvernement de passer rapidement à l’action, à l’image d’un Gilles Roth qui ne veut «pas laisser plus longtemps dans le froid ceux qui n’ont d’autre choix que de diminuer le chauffage». Sa remarque provoque l’hilarité du côté de la majorité.
Il n’est pas le seul à citer des exemples de ménages rencontrés dans la rue «qui hésitent entre un plein d’essence et une paire de chaussures pour leur enfant», comme l’illustre la députée déi Lénk Myriam Cecchetti.
Le CSV expose ses idées qui visent essentiellement à réduire les taxes qui «permettent actuellement à l’État de s’enrichir sur le dos des ménages». Il propose, en outre, un remboursement aux citoyens de toutes les recettes fiscales supplémentaires obtenues sur les produits énergétiques depuis le 1er janvier 2022, un élargissement du public ayant droit à l’allocation de vie chère et une augmentation de l’indemnité kilométrique.
Des mesures «rapidement applicables», selon Gilles Roth, qui estime que «les gens n’ont pas besoin de géopolitique en ce moment, mais de solutions à leurs problèmes».
Max Hahn (DP) craint que le pire reste à venir. Après l’énergie, les matières premières alimentaires vont suivre et le coût de la vie va connaître une hausse que nul ne peut précisément estimer.
Les temps vont être durs, mais «on doit se montrer solidaires avec les plus précaires et solidaires aussi avec les réfugiés ukrainiens», déclare Cécile Hemmen (LSAP), suivie par François Benoy (déi gréng), qui est d’avis que l’on doit aider «les gens qui en ont besoin».
Mais il prévient qu’il ne faut pas «réagir sous le coup de l’émotion» afin de pouvoir prendre «les bonnes décisions qui ont un impact sur le long terme». Surtout, les mesures ne doivent pas entraver les objectifs climatiques et d’équité sociale que s’est fixés le gouvernement, selon lui.
Quand la majorité appelle à garder la tête froide, l’opposition bouillonne. Les pirates estiment même que les prélèvements verts doivent être oubliés en ces temps de guerre. «Une tripartite, c’est bien, mais ça prend du temps», estime Marc Goergen, pressé de voir le gouvernement prendre des décisions.
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