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Haro sur les verts

Une affichette signée par un collectif satirique («Eemol de Mount») circulait hier sur les réseaux sociaux. Intitulé «L’économie pour les gros nuls», l’écrit cherchait à rappeler que ce n’est pas Xavier Bettel qui fixe les loyers (trop élevés). Ce ne sont également pas déi gréng qui s’amusent à ordonner aux géants du pétrole d’augmenter de 40 centimes d’euro le prix du litre de diesel.

La dérision a donc été choisie pour souligner que l’explosion des prix n’est pas à imputer au gouvernement luxembourgeois. Du moins, la coalition tricolore formée par le DP, le LSAP et déi gréng n’est pas la seule fautive. Il faut bien garder en tête que la forte reprise économique postcovid et la guerre atroce en Ukraine ont provoqué un séisme sur le marché de l’énergie. Un marché sur lequel le Grand-Duché pèse d’un poids infime.

Au lieu d’accepter cette réalité, il est plus simple de dégainer sur les réseaux sociaux. Les ministres déi gréng sont les cibles préférées, à la fois de simples énergumènes et de responsables politiques qui refusent de faire la part des choses.

D’habitude très posée, la députée du CSV Nancy Kemp-Arendt vient ainsi d’emboîter le pas à l’ADR, le parti qui ne cesse de clamer que l’«idéologie verte» va ruiner le pays. «Continuez à voter (déi) gréng», s’est emportée la députée du CSV sur Facebook. Traduisez : les verts sont à l’origine de la hausse vertigineuse des prix des produits fossiles.

La malhonnêteté affichée peut être considérée comme une simple provocation dans le bras de fer mené entre opposition et majorité. Et il y a aussi des critiques justifiées. Ni déi gréng ni ses partenaires de coalition ne sont en effet exempts de tout reproche. La transition écologique peine à avancer.

Un déni du réel existe en ce qui concerne les inégalités sociales. Le gouvernement, en place depuis 2013, a perdu beaucoup de temps, c’est un fait. Le retard à combler après des années de blocage imputables à tous les camps politiques ne doit cependant pas être passé sous silence.

Partant de ce constat, il faut espérer que le choc à la pompe se transforme en un choc salvateur. Les querelles indignes ne permettent en rien de maîtriser les défis écologiques et sécuritaires auxquels le monde est confronté.

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